Michel Santi
Monnaie qui risque, soit dit en passant, l’implosion dans les mois à venir…Car ce n’est effectivement pas tant la création intensive de francs suisses qui peut être reprochée à la BNS que son absence totale de diversification. Les monétaristes comme les keynésiens s’accordent en effet pour reconnaître que seule l’augmentation de la masse monétaire est susceptible d’insuffler la reprise économique via l’inflation. Pour autant, cette accumulation d’euros au fil des mois rogne progressivement tous les jours un peu plus l’indépendance de la banque centrale suisse et, par voie de conséquence, l’ensemble du pays. Car la vraie question – et la seule digne d’être posée aujourd’hui – est le prix à payer par les citoyens suisses en cas d’aggravation de la crise européenne. La BNS perdrait en effet 34 milliards de francs – soit 5% du P.I.B. helvétique – si le cross euro-franc suisse devait s’affaisser à 1.10, le double si c’est la parité qui serait atteinte dans le cadre d’une intensification dramatique européenne pas du tout à exclure. Ainsi, la dépendance de la Suisse vis-à-vis de l’Europe est aujourd’hui telle que la seule issue pour ce pays en cas de cataclysme européen consisterait à…adhérer à l’Union, ce, dans l’objectif pour la Suisse de limiter les dégâts !
Cet état des lieux laisse donc un goût amer. Un peu comme si la direction de la BNS – et les autorités helvétiques d’une manière générale – s’étaient lancées dans une immense partie de poker, dont ils ne mesurent (toujours) pas toutes les conséquences. La petite Suisse est-elle en mesure de lutter contre la spéculation, contre ce marché des changes qui est le plus massif au monde et contre des investisseurs internationaux en quête de valeurs refuges ? Et cette économie suisse, ayant très largement profité de la mondialisation depuis les années 1990, peut-elle unilatéralement se refermer sur elle-même aujourd’hui ? Elle qui dispose aujourd’hui, par la grâce de ses achats d’euros, des sixièmes plus importantes réserves souveraines au monde en monnaies étrangères, soit de l’équivalent de 365 milliards de francs suisses au deuxième trimestre 2012. Réserves qui atteindront – voire qui dépasseront ! – celles de la Chine, si elle devait poursuivre ses acquisitions d’euros au rythme actuel ! La Suisse et ses 8 millions d’habitants veulent-ils vraiment détenir les réserves les plus massives au monde, avec ou devant la Chine ? La Suisse peut-elle assumer d’alimenter et d’entretenir une telle méga bulle, qui la conduirait à détenir quelque 3’000 milliards de francs suisses en devises étrangères ? Les dirigeants helvétiques se rendent-ils seulement compte des implications ? Du reste, savent-ils seulement où ils vont ?
Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com
Cet état des lieux laisse donc un goût amer. Un peu comme si la direction de la BNS – et les autorités helvétiques d’une manière générale – s’étaient lancées dans une immense partie de poker, dont ils ne mesurent (toujours) pas toutes les conséquences. La petite Suisse est-elle en mesure de lutter contre la spéculation, contre ce marché des changes qui est le plus massif au monde et contre des investisseurs internationaux en quête de valeurs refuges ? Et cette économie suisse, ayant très largement profité de la mondialisation depuis les années 1990, peut-elle unilatéralement se refermer sur elle-même aujourd’hui ? Elle qui dispose aujourd’hui, par la grâce de ses achats d’euros, des sixièmes plus importantes réserves souveraines au monde en monnaies étrangères, soit de l’équivalent de 365 milliards de francs suisses au deuxième trimestre 2012. Réserves qui atteindront – voire qui dépasseront ! – celles de la Chine, si elle devait poursuivre ses acquisitions d’euros au rythme actuel ! La Suisse et ses 8 millions d’habitants veulent-ils vraiment détenir les réserves les plus massives au monde, avec ou devant la Chine ? La Suisse peut-elle assumer d’alimenter et d’entretenir une telle méga bulle, qui la conduirait à détenir quelque 3’000 milliards de francs suisses en devises étrangères ? Les dirigeants helvétiques se rendent-ils seulement compte des implications ? Du reste, savent-ils seulement où ils vont ?
Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com