Lundi 8 Septembre 2008
Laurent Leloup

Subprime : Georgie, Freddie et Fannie

Hier dimanche le gouvernement américain a déclaré qu'il prenait le contrôle de Fannie Mae et Freddie Mac. Ces deux géants du crédit hypothécaire garantissaient ensemble à fin mai quelque 5.200 milliards de dollars de prêts immobiliers, soit plus de la moitié des prêts résidentiels américains.


De leurs vrais noms Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), les deux établissements sont des sociétés privées, qui ne sont pas liées formellement à l'Etat américain mais disposent d'une ligne de crédit garantie par ce dernier. Cette facilité leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux bien plus faibles qu'une banque. Tous deux usent de cette capacité pour remplir leur mission, à savoir racheter des prêts immobiliers aux établissements de crédit qui les ont souscrits.

Créé en 1938 en tant qu'établissement public sous l'impulsion du président américain Franklin Roosevelt, pour contribuer à sortir de la Grande Dépression, Fannie Mae est passé sous statut privé en 1968. Freddie Mac est lui né d'une loi votée par le Congrès en 1970, pour répondre à l'expansion du marché hypothécaire.

En juillet, les banques ont saisi presque trois fois plus de maisons aux États-Unis que l’année précédente et le nombre de propriétés susceptibles d’être saisies a bondi de 55%, selon une agence immobilière en ligne.

Les deux groupes ont subi plusieurs mouvements de panique boursière cet été, ce qui a conduit les autorités américaines à mettre au point un plan d'aide public. En un an, les actions Freddie Mac et Fannie Mae ont perdu 90% de leur valeur à la Bourse de New York.

Les dirigeants des deux sociétés, Daniel Mudd et Richard Syron, ont été limogés : Herb Allison, ancien vice-président de Merrill Lynch, dirigera désormais Fannie Mae, et David Moffett, ancien vice-président de US Bancorp, se chargeant lui de Freddie Mac.

George W. Bush déclarait hier :
«Replacer ces deux organismes sur une base financière saine et renforcer leur capacité est déterminant pour la santé de notre système financier, cela contribuera à apporter des corrections dans la crise immobilière qui pèse lourdement sur notre économie.
«Laisser ces organismes faire faillite ou les laisser se dégrader davantage aurait plombé notre marché hypothécaire et aurait pu affaiblir d’autres marchés du crédit qui sont sans lien direct avec l’immobilier.»

C'est donc pour éviter une crise majeure que le gouvernement américain a annoncé cette prise de contôle qui devrait coûter des milliards de dollars aux contribuables.

CFO-news / Laurent Leloup


Articles similaires