Stock-options : un anathème de plus !

Les occasions de consensus sont rares : le bipède rationnel devrait donc se réjouir de voir une nouvelle fois une belle unanimité médiatique lyncher ce dirigeant d'un groupe de luxe qui vient de gagner – légalement - « beaucoup » d'argent par l'exercice des options qui lui furent attribuées. Il sera selon toute vraisemblance fortement fiscalisé. Je précise que je ne connais pas cette personne et que je n'ai pas la moindre idée sur sa performance dans son travail au sein de l'entreprise qui l'emploie, ni de réelle opinion sur l'adéquation de ses revenus par rapport à un « consensus » de marché pour des responsabilités similaires dans une entreprise comparable. Mais je ne joindrai pas le cliquetis des touches de mon clavier aux hallalis ambiants, bien au contraire. Ma fréquentation de l'œuvre de René Girard me permet de reconnaître un bouc émissaire victime de l'unanimité mimétique et par conséquent innocent.


Rémy Mahoudeaux
Quelques petites réactions à contre-courant :

Les options attribuées aux employés et dirigeants d'une entreprise sont un moyen d'associer – au sens littéral du terme qui implique de lier durablement – celui-ci au projet de l'entreprise. Associer capital et travail semble en France une hérésie coupable. Cette idée saugrenue ne serait donc permise que sous l'égide d'un état qui invente avec la participation une usine à gaz dont se gausse toute personne sensée. Encore une fois, avons nous en France suffisamment d'ascenseurs sociaux qui ne soient en dérangement pour nous permettre d'achever de détruire celui-là ?

Cette rémunération vous choque ? Si vous êtes actionnaire de l'entreprise, vous pouvez, au choix, vendre vos titres et cesser d'en être actionnaire, ou censurer par votre vote en assemblée les dirigeants qui aurait commis cette abusive générosité, mais ne vous plaignez pas de l'accroissement de la valeur de l'action, c'est se tirer dans le pied. Si vous ne l'êtes pas (actionnaire), que vous importe ? Que chacun se mêle de ses propres affaires ...

L'équité direz-vous peut-être ? S'il existait une norme absolue, une balance fiable, une mesure exacte de l'équité, je serai le premier à vouloir m'en servir. Mais l'équité doit-elle être un nivellement par le plus médiocre ? Non, je pense qu'un dirigeant doit avoir une plus grande rémunération que les personnes qu'il dirige, que ce soit le fixe, le bonus, les options et les autres avantages. Je pense que les comités de rémunération, les dirigeants et les managers de toutes entreprises doivent avoir un égal soucis d'équité pour chaque décision de rémunération, et assez d'humilité pour admettre que l'objectif est souvent illusoire. Je souhaite bonne chance à celui qui tentera de me démontrer que l'équité est une science exacte.

Et puis soyons francs : aurions-nous tous la même attitude que le président d'un grand groupe aéronautique qui refuse d'être rémunéré au niveau où le souhaiterait son conseil d'administration ? Que de tartufferies dans ces cris d'orfraie qui ne masquent pas l'envie.

Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx

boss@remsyx.com
http://www.remsyx.com

Dimanche 14 Novembre 2010


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