Vendredi 15 Février 2008

Stephan Isaacs, gérant de fonds obligataire chez M and G

Pour Stephan Isaacs, gérant de fonds obligataire chez M&G, alors que l’euro a été un succès, la BCE subit des pressions politiques quant à son attitude « unifiée » sur les décisions de taux d’intérêt


Malgré quelques difficultés initiales, l’euro a été un succès. Soutenu par la fin du dollar, l’euro devient petit à petit un rival en tant que monnaie de réserve choisie par les banques centrales. Le succès de l’euro est également poussé par le fait que la croissance économique en Europe a été bonne ces dernières années – le chômage s’est effondré, et l’économie européenne a progressé aux environs de 3% en 2007.

« Certains pays sont montés en flèche – L’économie espagnole a augmenté en moyenne d’environ 4% par an sur les deux dernières années, alors que l’Irlande a fait encore mieux, avec un taux de croissance moyen de près de 7% par an sur la dernière décennie. Le taux de chômage en Espagne a touché les 8% l’an dernier, il était de 20% il y a 10 ans. »

« Le problème est cependant que certains zones d’Europe ont été bien trop haut. Alors pendant que les taux de la BCE devaient être au bon niveau pour la France ou l’Allemagne, ils n’étaient pas assez élevés pour des pays comme l’Irlande ou l’Espagne. Comme nous avons observé aux US, des taux artificiellement bas peuvent causer des bulles de prix d’actifs. Les marchés immobiliers espagnols et irlandais étaient en surchauffe jusqu'à récemment. Cependant l’évolution des prix du logement en Irlande semble incroyablement proche de celle des Etats-Unis : une croissance à deux chiffres des prix du logement de 2000 à 2006, suivi d’une chute de 7,3% en 2007. Un certain nombre da banque espagnoles et irlandaises rencontrent actuellement de sérieux problèmes du fait de leur énorme exposition à l’immobilier. »

« L’économie européenne risque donc de devenir très politique, puisque différents pays avec différents croissances économiques et situations d’emploi réagissent à l’attitude « unifiée » de la BCE sur les décisions de taux d’intérêt et sur la communication aux marchés financiers. »

« Alors que les données de l’économie européenne continuent à s’affaiblir dans les mois à venir, nous pensons que la BCE va commencer à minimiser les risques inflationnistes et à intensifier l’accent sur des risques négatifs pour la croissance. Puis, à partir de l’été, nous pensons qu’un cycle de baisse des taux d’intérêt va démarrer. La BCE a été retenue de baisser ses taux d’intérêt du fait du haut niveau d’inflation. Mais nous attendons à ce que la pression inflationniste perdure alors que la croissance économique ralentit et les surplus de capacités commencent à apparaître dans l’économie européenne. »

« Nous pensons que la Banque Centrale Européenne doit baisser ses taux d’intérêt, les conditions économiques se dégradant. Nous sommes donc passés à une duration longue dans notre fonds M&G European Corporate Bond Fund, puisque la BCE n’aura pas d’autre choix que de réduire les taux d’intérêt plus que ce que le marché valorise. »

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