Thierry Charles
Natura non facit saltum… La nature ne fait pas de sauts, expression latine attribuée à Linné qui signifie que seule une longue période de temps a permis à un processus si lent de réaliser une telle œuvre. Or si tant est que l’économie n’ait jamais connue une belle succession d’étapes progressives, force est de constater que le changement industriel se produit à l’inverse par grands sauts suivant une lente accumulation de tensions auxquelles un système résiste jusqu’au moment où il atteint le point de rupture.
Cette notion de ponctuation traverse aujourd’hui aussi bien le politique, l’économie, le droit, la sociologie que l’ensemble du monde industriel. Les économistes de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont revu, le 20 mars à Paris, en forte baisse leurs prévisions de croissance pour les économies des pays développés. L'économie américaine est entrée dans une phase de stagnation. L'Europe résiste.
Or il convient au plus vite de décourager les réflexes de thésaurisation stérile, au profit de dépenses productives, dépenses de consommation et dépenses d’investissement. A défaut, les entreprises seraient soumises aux aléas d’une industrie embarquée dans une crise longue et profonde annoncée dès le premier trimestre (la plus grave depuis les années 30 aux dires de certains). A cet égard, la Commission européenne a décidé d’autoriser le régime français de réduction fiscale accordée aux redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui investissent dans des PME, considérant qu’il était compatible avec le dispositif européen d’aides d’Etat. Ce régime, créé par la loi TEPA du 21 août 2007, a été renforcé par la loi de finances pour 2008 et la loi de finances rectificative pour 2007. Son objectif est de drainer des capitaux en faveur de l’investissement dans les PME. Les redevables de l’ISF peuvent affecter tout ou partie de leur impôt à un investissement dans des PME ou dans des fonds ou holdings investissant dans des PME.
Car ne nous y trompons pas : le plus grand danger aujourd’hui vient des Cassandre de la récession. « Dans une guerre moderne, l’homme qui tue un homme tue un producteur de ce qu’il consomme, ou un consommateur de ce qu’il produit », écrivait Paul Valéry.
La France assurera la Présidence de l'Union européenne au deuxième semestre 2008. Et l’impulsion devra venir de là. Le droit européen avec son hypertrophie et les multiples stratifications de ses directives descendant dans le moindre détail a fait figure aux yeux des électeurs de pachyderme paralysant, surtout avec l’arrivée de la nouvelle économie. « Redoutons l’espoir saint-simonien et technocratique de remplacer le gouvernement des rapports humains par l’administration des choses », écrivait déjà Emmanuel MOUNIER dans les années 50.
Dès lors, comment amorcer le changement ? Sur cette notion de rupture, Darwin affirmait que les derniers éléments de sa théorie lui sont venus de ses vagabondages intellectuels dans d’autres domaines éloignés. Aussi, si le génie industriel doit avoir un dénominateur commun, je propose la largeur d’esprit et la capacité à découvrir des analogies fécondes entre plusieurs disciplines. En toute chose, écrit Jean Guitton, « il faut imiter les géologues quand ils observent avec soin les lieux où deux couches distinctes se trouvent juxtaposées » et ainsi faire confiance aux trésors d’innovation de nos entreprises.
En somme il s’agit pour chacun d’entre nous de « sortir du cercle » et pourquoi pas de choisir désormais l’hypothèse la moins orthodoxe comme en matière d’innovation. N’oublions pas que les observations sont toujours tributaires d’une certaine échelle et il en va de même de nos décisions. Tout comme il appert aux scientifiques de lutter contre l’interprétation évidente des phénomènes, nous devons sortir des combinaisons artificielles inventées hier par commodité, voire par paresse.
Reste enfin l’initiative et la réussite individuelle. Alors qu’en Europe on estime qu'un tiers du total des entreprises de l'U.E. changera de mains au cours des dix prochaines années (de 25 à 40 %, en fonction de l'État membre). Cela signifie qu'en moyenne 610 000 petites et moyennes entreprises (PME) changeront de mains chaque année (le nombre d'emplois affectés s'élevant potentiellement à 2,4 millions).
Principal acteur du dynamisme de l'économie, la PME française reste néanmoins dans l'attente d'une « SBA à la française » Une politique volontariste qui rendrait ainsi possible une réussite individuelle qui est un des fondements du contrat social. Dès l'après-guerre, la nation américaine s'est engagée aux côtés de ses PME, qui lui apparaissaient être le moteur de l'économie et le moyen de la réalisation du rêve américain du « self made man ».
En conclusion, nous devons restés imaginatifs dans la préservation et surtout le développement de nos richesses. Loin des stéréotypes prônés par quelques uns, nous devons épouser les formes de cette pluralité des espaces dans lesquels nous évoluons chaque jour tout en nous méfiant de « l’orthodoxie pétrifiée, stéréotypée dans ses formes » dont parlait Renan.
Thierry CHARLES
Docteur en droit
Directeur des Affaires Juridiques d’Allizé-Plasturgie
Membre du Comité des Relations Inter-industrielles de Sous-Traitance (CORIST) au sein de la Fédération de la Plasturgie
t.charles@allize-plasturgie.com
Cette notion de ponctuation traverse aujourd’hui aussi bien le politique, l’économie, le droit, la sociologie que l’ensemble du monde industriel. Les économistes de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont revu, le 20 mars à Paris, en forte baisse leurs prévisions de croissance pour les économies des pays développés. L'économie américaine est entrée dans une phase de stagnation. L'Europe résiste.
Or il convient au plus vite de décourager les réflexes de thésaurisation stérile, au profit de dépenses productives, dépenses de consommation et dépenses d’investissement. A défaut, les entreprises seraient soumises aux aléas d’une industrie embarquée dans une crise longue et profonde annoncée dès le premier trimestre (la plus grave depuis les années 30 aux dires de certains). A cet égard, la Commission européenne a décidé d’autoriser le régime français de réduction fiscale accordée aux redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui investissent dans des PME, considérant qu’il était compatible avec le dispositif européen d’aides d’Etat. Ce régime, créé par la loi TEPA du 21 août 2007, a été renforcé par la loi de finances pour 2008 et la loi de finances rectificative pour 2007. Son objectif est de drainer des capitaux en faveur de l’investissement dans les PME. Les redevables de l’ISF peuvent affecter tout ou partie de leur impôt à un investissement dans des PME ou dans des fonds ou holdings investissant dans des PME.
Car ne nous y trompons pas : le plus grand danger aujourd’hui vient des Cassandre de la récession. « Dans une guerre moderne, l’homme qui tue un homme tue un producteur de ce qu’il consomme, ou un consommateur de ce qu’il produit », écrivait Paul Valéry.
La France assurera la Présidence de l'Union européenne au deuxième semestre 2008. Et l’impulsion devra venir de là. Le droit européen avec son hypertrophie et les multiples stratifications de ses directives descendant dans le moindre détail a fait figure aux yeux des électeurs de pachyderme paralysant, surtout avec l’arrivée de la nouvelle économie. « Redoutons l’espoir saint-simonien et technocratique de remplacer le gouvernement des rapports humains par l’administration des choses », écrivait déjà Emmanuel MOUNIER dans les années 50.
Dès lors, comment amorcer le changement ? Sur cette notion de rupture, Darwin affirmait que les derniers éléments de sa théorie lui sont venus de ses vagabondages intellectuels dans d’autres domaines éloignés. Aussi, si le génie industriel doit avoir un dénominateur commun, je propose la largeur d’esprit et la capacité à découvrir des analogies fécondes entre plusieurs disciplines. En toute chose, écrit Jean Guitton, « il faut imiter les géologues quand ils observent avec soin les lieux où deux couches distinctes se trouvent juxtaposées » et ainsi faire confiance aux trésors d’innovation de nos entreprises.
En somme il s’agit pour chacun d’entre nous de « sortir du cercle » et pourquoi pas de choisir désormais l’hypothèse la moins orthodoxe comme en matière d’innovation. N’oublions pas que les observations sont toujours tributaires d’une certaine échelle et il en va de même de nos décisions. Tout comme il appert aux scientifiques de lutter contre l’interprétation évidente des phénomènes, nous devons sortir des combinaisons artificielles inventées hier par commodité, voire par paresse.
Reste enfin l’initiative et la réussite individuelle. Alors qu’en Europe on estime qu'un tiers du total des entreprises de l'U.E. changera de mains au cours des dix prochaines années (de 25 à 40 %, en fonction de l'État membre). Cela signifie qu'en moyenne 610 000 petites et moyennes entreprises (PME) changeront de mains chaque année (le nombre d'emplois affectés s'élevant potentiellement à 2,4 millions).
Principal acteur du dynamisme de l'économie, la PME française reste néanmoins dans l'attente d'une « SBA à la française » Une politique volontariste qui rendrait ainsi possible une réussite individuelle qui est un des fondements du contrat social. Dès l'après-guerre, la nation américaine s'est engagée aux côtés de ses PME, qui lui apparaissaient être le moteur de l'économie et le moyen de la réalisation du rêve américain du « self made man ».
En conclusion, nous devons restés imaginatifs dans la préservation et surtout le développement de nos richesses. Loin des stéréotypes prônés par quelques uns, nous devons épouser les formes de cette pluralité des espaces dans lesquels nous évoluons chaque jour tout en nous méfiant de « l’orthodoxie pétrifiée, stéréotypée dans ses formes » dont parlait Renan.
Thierry CHARLES
Docteur en droit
Directeur des Affaires Juridiques d’Allizé-Plasturgie
Membre du Comité des Relations Inter-industrielles de Sous-Traitance (CORIST) au sein de la Fédération de la Plasturgie
t.charles@allize-plasturgie.com