Dimanche 8 Octobre 2006
Marie Charles-Leloup

Selon Euler-Hermes, la Thaïlande est fragilisée à moyen terme par le coup d’état

La Thaïlande reste notée BB : l’économie ne devrait pas souffrir à court terme du coup d’état, mais pourrait être vulnérable à moyen terme. L’assureur-crédit Euler Hermes SFAC, combinant approche politique et économique, classe les pays en six catégories , allant du plus sûr au potentiellement le plus risqué. Sur une échelle de AA à D, la Thaïlande reste notée BB, cette note reflétant déjà un élément de risque politique.


Le 19 septembre, un coup d'état militaire s'est produit en Thaïlande, alors que le Premier ministre Thaksin se trouvait à l'étranger. Le leader du mouvement, le Général Sonthi a annoncé qu'un gouvernement civil intérimaire assurerait l'exercice du pouvoir jusqu'à l'organisation de nouvelles élections l'année prochaine.

« Du fait de ses infrastructures économiques solides, le pays semble peu exposé à court terme, mais pourrait, faute d'une rapide normalisation démocratique, connaître des difficultés à moyen terme », analyse Philippe Brossard, directeur de la recherche de l'assureur-crédit Euler Hermes SFAC.

A moyen terme, la situation économique pourrait se détériorer au regard de la méfiance croissante des investisseurs vis-à-vis des marchés émergents. Les investisseurs risquent en effet de réagir négativement aux événements politiques actuels, ce qui pourrait amplifier la chute du baht. Cette dernière devrait toutefois rester dans des proportions acceptables.

De son côté, le marché des actions n'a pas enregistré de secousse majeure à sa réouverture. Quant à la confiance des ménages, elle est susceptible de descendre encore plus bas. L'industrie du tourisme pourrait aussi souffrir d'une diminution de la fréquentation, de nombreux gouvernements étrangers dissuadant leurs ressortissants de se rendre en Thaïlande. A l'heure actuelle, il semble néanmoins que les touristes ne courent aucun danger, les principaux établissements touristiques restant majoritairement peu affectés.

Malgré cette menace sur le moyen terme, le coup d'état ne devrait pas avoir d'impact significatif à court terme sur la politique économique thaïlandaise, dans la mesure où les réformes ont été gelées depuis février dernier. En outre, la Thaïlande bénéficie de bases macroéconomiques saines qui devraient avoir un effet régulateur sur l'économie du pays, du moins dans l'immédiat.

Le marché financier devrait aussi être relativement épargné par les conséquences du coup d'état, même si l'instauration de la loi martiale a contraint les services publics, les banques et la bourse à la fermeture.

Le baht a ainsi connu sa plus grosse baisse par rapport au dollar de ces trois dernières années. Mais au regard de la gravité des événements, cette baisse de seulement 2% reste somme toute modérée.

Source : EULER HERMES-SFAC

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