Malgré les tensions géopolitiques autour de la Corée du Nord qui ont caractérisé l’été 2017 ainsi que les niveaux élevés d’émissions d’obligations d’entreprises, les marchés sont restés plutôt stables en août 2017 : par exemple, les emprunt d’Etat américains à 10 ans ont suivi une trajectoire quasiment horizontale en termes de rendements depuis le mois d’avril. Qu’est ce qui pourrait briser cette atonie des marchés et dans quel sens vont-ils évoluer par la suite ?
D’un côté, il y a les adeptes de la Courbe de Phillips, pour lesquels la faiblesse du chômage finira mécaniquement par provoquer une hausse des salaires. Ceci aurait pour conséquence d’obliger la Réserve fédérale américaine (Fed) d’aller au-delà son dispositif de resserrement monétaire, dit QT pour Quantitive Tightening, bien balisé, qui consiste à réduire la taille de son bilan à partir d’octobre, comme Janet Yellen a clairement réaffirmé hier lors d’une réunion consacrée à la politique de l’institution. Elle pourrait se voir contrainte d’orienter sa politique vers de nouvelles hausses des taux d’intérêt, qui ne sont plus prises en compte par les opérateurs du marché depuis un certain moment.
De l’autre côté, certains observateurs soutiennent l’idée selon laquelle des facteurs désinflationnistes à plus long terme (la démographie, l’endettement et les surcapacités dans le monde, entre autres) freinent la progression des salaires et que des signes de faiblesse se font remarquer au sein de l’économie mondiale. Chez Newton, dans une optique long-terme, nous défendons plutôt cette seconde hypothèse, même si la Fed semble partisane de la première ! In fine, un environnement caractérisé par une désinflation à long-terme et une politique monétaire agressive à court-terme conduira à un aplatissement de la courbe des taux. Mais nous ne pensons pas que les rendements obligataires ne remonteront trop brutalement pour autant, compte tenu de la vulnérabilité des actifs plus risqués à une banque centrale américaine moins accommodante.
Hier soir, la Fed est restée totalement en ligne avec les attentes du marché : l’annonce de l’amorce de la réduction de son bilan d’actifs a été clairement préparée et signalée en amont, donc la réunion du FOMC n’a eu quasiment aucun effet sur l’état d’esprit des marchés. Les membres du comité monétaire de la Fed ont renoncé à l’opportunité d’adopter un ton plus conciliant s’agissant de l’évolution du taux directeur de la banque centrale – le « Fed Funds Rate » - et ce malgré la faiblesse de l’inflation. Une large majorité prévoit manifestement une nouvelle hausse des taux au mois de décembre.
De nombreux observateurs s’attendaient à ce que les attentes des membres de la Fed sur la trajectoire future des taux évoluent à la baisse pour correspondre aux niveaux sous-entendus par les prix de marché actuels mais ce mouvement n’a pas eu lieu. Sans grande surprise, le billet vert et les rendements obligataires américains étaient logiquement en hausse suite à cette réunion, mais si les attentes moyennes de la Fed sur l’évolution des taux étaient bien supérieures à celles montrées sur le graphique récapitulatif (le fameux « dot plot »), cette hausse aurait été beaucoup plus marquée, voire violente.
Pour ma part, je ne crois pas que la hausse des taux d’intérêt prévue par Janet Yellen mènera à une chute des marchés obligataires. Ceci étant dit, nous sommes dans une configuration inédite, la politique monétaire s’étant aventurée en terre inconnue depuis la crise financière, donc nous n’avons aucune certitude et il n’est pas exclu que les marchés prennent peur plus tard dans l’année. Dans l’éventualité où les actifs risqués connaissaient un revers important suite à une prochaine décision de la Fed, les investisseurs auraient tout simplement recours à des actifs « refuges » comme les emprunts d’État.
Par Paul Brain, Gérant & Responsable de la Gestion Obligataire chez Newton IM (BNY Mellon IM).
D’un côté, il y a les adeptes de la Courbe de Phillips, pour lesquels la faiblesse du chômage finira mécaniquement par provoquer une hausse des salaires. Ceci aurait pour conséquence d’obliger la Réserve fédérale américaine (Fed) d’aller au-delà son dispositif de resserrement monétaire, dit QT pour Quantitive Tightening, bien balisé, qui consiste à réduire la taille de son bilan à partir d’octobre, comme Janet Yellen a clairement réaffirmé hier lors d’une réunion consacrée à la politique de l’institution. Elle pourrait se voir contrainte d’orienter sa politique vers de nouvelles hausses des taux d’intérêt, qui ne sont plus prises en compte par les opérateurs du marché depuis un certain moment.
De l’autre côté, certains observateurs soutiennent l’idée selon laquelle des facteurs désinflationnistes à plus long terme (la démographie, l’endettement et les surcapacités dans le monde, entre autres) freinent la progression des salaires et que des signes de faiblesse se font remarquer au sein de l’économie mondiale. Chez Newton, dans une optique long-terme, nous défendons plutôt cette seconde hypothèse, même si la Fed semble partisane de la première ! In fine, un environnement caractérisé par une désinflation à long-terme et une politique monétaire agressive à court-terme conduira à un aplatissement de la courbe des taux. Mais nous ne pensons pas que les rendements obligataires ne remonteront trop brutalement pour autant, compte tenu de la vulnérabilité des actifs plus risqués à une banque centrale américaine moins accommodante.
Hier soir, la Fed est restée totalement en ligne avec les attentes du marché : l’annonce de l’amorce de la réduction de son bilan d’actifs a été clairement préparée et signalée en amont, donc la réunion du FOMC n’a eu quasiment aucun effet sur l’état d’esprit des marchés. Les membres du comité monétaire de la Fed ont renoncé à l’opportunité d’adopter un ton plus conciliant s’agissant de l’évolution du taux directeur de la banque centrale – le « Fed Funds Rate » - et ce malgré la faiblesse de l’inflation. Une large majorité prévoit manifestement une nouvelle hausse des taux au mois de décembre.
De nombreux observateurs s’attendaient à ce que les attentes des membres de la Fed sur la trajectoire future des taux évoluent à la baisse pour correspondre aux niveaux sous-entendus par les prix de marché actuels mais ce mouvement n’a pas eu lieu. Sans grande surprise, le billet vert et les rendements obligataires américains étaient logiquement en hausse suite à cette réunion, mais si les attentes moyennes de la Fed sur l’évolution des taux étaient bien supérieures à celles montrées sur le graphique récapitulatif (le fameux « dot plot »), cette hausse aurait été beaucoup plus marquée, voire violente.
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