Vendredi 21 Février 2020
Laurent Leloup

Pour survivre, les banques et les institutions financières doivent prendre les données en main

Par Christophe Lambert, directeur Systems Engineering Strategic Business EMEA chez Cohesity.


Dans de nombreux secteurs, mais particulièrement dans la finance, la banque et l’assurance, la transformation numérique est rendue plus complexe en raison de la pré-existence de nombreux systèmes anciens mais critiques. Ces systèmes legacy, comme par exemples les mainframes sont parfois au cœur de l’activité. Cependant l’abandon progressif de ces systèmes au profit de solutions modernes est souvent un mal nécessaire.

Du point de vue technique, il peut se révéler complexe voir impossible d'extraire des applications et des données provenant d'un système d’ancienne génération. Les mainframes continuent de représenter la cheville ouvrière des datacenters, alors que leur déclin a été annoncé il y a bien longtemps. Ils s'appuient sur une architecture qui date des années 1950 et continuent pourtant d’exécuter certaines des charges de travails critiques du secteur bancaire et financier, du traitement des transactions au processus de paie. Ils n’ont pas la flexibilité des systèmes plus récents et sont pourtant extrêmement coûteux à maintenir. Si la majorité des entreprises aimeraient réduire leur dépendance aux mainframes, elles n'ont pas forcément les compétences nécessaires pour le faire et redoutent de prendre les risques liés à ces migrations complexes et parfois incertaines. Les mainframes sont difficiles à détrôner.

Dans une certaine mesure les systèmes de stockage d’ancienne génération, matériel et logiciels ainsi que les applications qui y sont exécutés présentent les mêmes défis. Les directeurs informatiques s'inquiètent aujourd’hui des dépendances qui se sont créées et accumulées au fil des années, à mesure que des couches de bases de données, de middleware et de systèmes ERP se sont empilées. Si elles n'agissent pas, les entreprises vont devoir faire face à des difficultés informatiques plus importantes, d'autant plus que les personnes ayant les compétences pour administrer ces systèmes sont de plus en plus rares.

D’un point de vue gestionnaire, il est absurde de vouloir repousser l'inévitable. Le secteur bancaire et financier est très concurrentiel et les entreprises ont besoin de toute l'agilité et de toutes les informations possibles pour être capables de rivaliser aussi bien avec les acteurs historiques que les start-ups (Starling, Aton, Metro, etc.) et les nouveaux entrant d’autres secteurs, comme Orange Bank ou Virgin. Les directeurs informatiques des banques et des institutions financières doivent envisager la possibilité que les géants d'Internet accélèrent leur conquête du monde. Tous devraient se poser la question suivante : « Que feriez-vous si Amazon s'aventurait dans votre secteur ? ».

Il faut ajouter à cela l'impératif de gouvernance d'entreprise. Les datacenters qui n'ont pas été modernisés peuvent facilement se transformer en dédale : les données s'y perdent et il peut devenir compliqué de fournir une réponse adéquate à la demande d'une autorité de réglementation exigeant de consulter un message électronique ou les détails d'une transaction.

Certains dirigeants d'entreprise ont tenté de mener les transformations nécessaires. Cependant ils n'ont récolté que des données fragmentées, stockées et dupliquées, dans un chaos de sauvegardes, de fichiers partagés, d'archives, de programmes d'analyse et d'autres hébergements de données secondaires.

Malgré leur migration vers le cloud, de nombreux directeurs informatiques continuent à être hantés par le spectre de la fragmentation des données. Nous avons suivi 900 décideurs informatiques cette année et nous avons découvert une divergence importante entre les avantages attendus et les résultats réels d'une migration vers le cloud public. En réalité, 91 % des participants ont répondu que la migration vers les nouvelles plateformes de déploiement aggravait le problème, puisque les données étaient alors fragmentées sur plusieurs clouds. La fragmentation génère des données non sécurisées, des infrastructures plus coûteuses, des refus du personnel informatique de travailler sur des systèmes obsolètes et des difficultés à trouver des données fiables pour la gouvernance et l'analyse.

La réponse réside dans une approche moderne de la gestion des données, impossible à obtenir avec les systèmes de stockage traditionnels, accrochés à un modèle commercial de moins en moins pertinent consistant à vendre toujours plus de capacité de stockage et de baies de grande taille.

Les entreprises du secteur bancaire et financier doivent s'orienter vers la virtualisation (« Software-Defined ») et rassembler des données grâce à des outils de gestion des copies afin d’en réduire leur nombre et de construire une plateforme robuste pour la gouvernance des données et l'exploitation de leurs données historiques qui peuvent s’avérer précieuses. Il ne s'agit pas seulement d'un problème de gestion informatique, mais d'une source vitale de compétitivité, qui leur permettra de se démarquer des entreprises qui ne sont pas asservies aux anciens systèmes, mais qui sont dépourvues de la profondeur de données, ainsi que de la base de clientèle des entreprises chevronnées.

Le secteur des banques et des institutions financières a la particularité de compter des acteurs pluricentenaires, mais si les grandes banques historiques et les anciennes sociétés de la finance et des assurances veulent continuer à vivre, elles doivent se moderniser. Cela passe avant tout par une gestion moderne de leurs données, qui représentent leur ressource la plus précieuse après leur marque.

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