Payment & Fintech Club : Le point sur l'Euro Numérique version BtoC

Ce jeudi 4 juillet, l'ACSEL organisait sa conférence dédiée à son "Payment & Fintech Club".
En introduction à cette matinée d'échanges entre professionnels des paiements et des fintechs, un focus avec la Banque de France. L'occasion d'avoir quelques réponses à Erick Lacourrège, Directeur Général- Moyens de Paiement, sur l'Euro Numérique.
Anne-Laure ALLAIN


Le Cash n'est pas mort, il a peut-être simplement changé de fonction pour se muer en un instrument de thésaurisation? Selon Erick Lacourrège, Directeur Général- Moyens de Paiement à la Banque de France, venu introduire cette matinée de l'ACSEL aux côtés de son président, Laurent Nizri. L'ancien monde des paiements en cash n'est pas encore tout à fait à reléguer aux oubliettes.
"Depuis le démarrage de l'Euro, il y a plus de 20 ans, les émissions nettes de cash (la production des planches à billets moins ceux qui sont retirés du marché) augmentent de 5 à 6 % en moyenne par an. Aujourd'hui, il y a 29 milliards de billets en circulation, toutes valeurs confondues, dans la zone Euro."
La raison principale : la confiance conférée encore la monnaie papier. Aujourd'hui, seule 20 % de la masse en circulation servirait pour payer. (40 % serait sous nos matelas).
"Dès qu'il y a un soubresaut, une période de crise ou autre, on note des sorties de cash. Par ailleurs, l'acte de paiement ne peut pas reposer que sur le digital : il y a des jours où nous n'avons plus d'électricité. Notre rôle, en tant que Banque Centrale, est de pouvoir garantir à tous de pouvoir payer ne serait-ce que pour s'alimenter. "
Et le Directeur Général-Moyens de Paiement de la Banque de France de citer en exemple le dernier ouragan sur l'Ile de Saint-Martin qui a forcé la banque centrale française à s'organiser pour distribuer du cash. "Mais cela fait partie des scénarios prévus".

Alors si le cash revêt encore une telle importance pourquoi l'Euro Numérique ? Pourquoi, la Banque Centrale ne laisse-t-elle pas le déploiement de cette nouvelle monnaie à des acteurs privés, en se limitant à l'Euro numérique version BtoB.
"Il est vrai que la plupart des interlocuteurs saisissent à quoi sert l'euro numérique BtoB. En revanche, ils ont plus de mal à comprendre l'usage de la version BtoC"

Pour Erick Lacourrège, tout est question de la façon dont on envisage la place de la monnaie. Est-ce une monnaie collective qui doit donc répondre à des règles, des normes afin de représenter entre autres, une certaine équité ? Ou bien, est-ce une monnaie individualisée que l'on peut gérer librement.
"En tant que banque centrale, notre réponse est assez claire car à l'origine même de notre existence, il y a la volonté de ne plus revenir au temps du far-west, lorsque chacune des nombreuses petites banques présentes diffusaient sa propre monnaie."
L'autre question à se poser est de savoir si la monnaie de la banque centrale est condamnée à rester de la monnaie physique.
"Il faut aussi se rendre à l'évidence. Si tout le monde se rue au distributeur à chaque fois qu'il y a une crise, c'est que cela relève d'un niveau de confiance supérieur."

Maintenant, pourquoi alors passer au numérique ? "Effectivement dans des pays comme le nôtre où les moyens de paiements tech sont multiples, où l'offre de moyens de paiements est très riche, on peut se demander pourquoi embêter tout le monde avec un euro numérique dans le parcours client. Ce besoin n'existe pas vraiment aujourd'hui dans ce cas de figure."

Alors quels seraient les avantages de cet euro numérique BtoC ?
"Emettre un euro numérique avec un portefeuille disponible sur smartphone, c'est avoir une monnaie avec un cours légal. Comprendre un commerçant ne pourra pas refuser la transaction (la seule raison est s'il pas de rendu de monnaie.). La seconde raison pour s'emparer de l'Euro Numérique est la gratuité totale pour l'utilisateur. Comme pour le cash, nous ne prenons pas de fees. Enfin, il faut étudier le paiement Offline en peer to peer. Aujourd'hui, c'est le seul système qui permet cela. "

Et s'il existe un euro numérique BtoC, moyen de paiement, quelle sera l'utilité ou les relations avec la banque commerciale. "Nous développerons une application de paiement. La Banque Centrale n'a aucune vocation à déployer des services comme du crédit. Nous ne serons jamais un service bancaire complet."

Anne-Laure Allain

Jeudi 4 Juillet 2024


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