Mardi 14 Octobre 2008

Pascal Colin, Directeur Général de Keynectis


CFO-news : Pascal Colin bonjour, vous êtes Directeur Général de Keynectis. La certification électronique est-elle toujours d’actualité ? Où en est la France par rapport à ses voisins ?

Pascal Colin
Pascal Colin : Le principe et les outils de la certification électronique sont plus que jamais d’actualité, A la différence de nos voisins européens plus orientés vers les entreprises privées, les administrations et services publics français sont à la pointe de la certification électronique. La DGI, les chambres de commerce délivrent des certificats électroniques aux entreprises et aux particuliers. Le secteur privé n’est pas en reste puisque les banques et les groupes industriels font de plus en plus usage du certificat. Par exemple les banques en lignes proposent de nouveaux produits et services signés électroniquement par leurs clients internautes grâce au certificat électronique.

Au niveau mondial, la bagarre sur l’identité numérique est rude entre quelques très grandes entreprises qui ont compris les enjeux de l’identité numérique. Microsoft avec son programme Passport, mais aussi Google,ou encore le projet Open Source Open ID. Ces projets internationaux privés ou communautaires ne sont pas sans questionner les états souverains à qui revient, pour l’instant, la responsabilité de l’identification des personnes morales ou physiques.
Globalement, le certificat électronique est dès aujourd’hui à la base d’un grand nombre de transactions principalement B2B avec une technologie en avance sur les usages et les besoins du marché. Les systèmes existants offrent, en effet des performances et une robustesse équivalentes à celles des systèmes militaires. Ces systèmes doivent encore améliorer leur ergonomie et leur simplicité d’utilisation mais le vrai enjeu consiste à rendre la certification et la signature électronique aussi simple et efficace qu’une signature manuscrite et ouvrir ainsi le système au plus grand nombre c’est à dire aux particuliers.

La certification électronique est chargée de promesses. Les tient-elles ?

La certification électronique tient ses promesses dès lors qu’elle accompagne une application dont la valeur ajoutée est évidente, concrète et mesurable. La facturation électronique en est une excellente démonstration. Les parties prenantes sont clairement identifiées et les factures sont traitées automatiquement. Diminution des erreurs, accélération des traitements : les gains sont clairs et le calcul de ROI d’une grande simplicité. Il n’est pas rare de voire des entreprises amortir en quelques mois, voire en quelques semaines leurs investissements.

Grâce à notre collaboration avec Adobe, une facture PDF signée a aujourd’hui la même valeur fiscale et juridique que les bonnes vieilles factures papier. Il n’est donc pas étonnant de voir actuellement de nombreuses entreprises passer massivement à la facture électronique. Ce développement crée un nouveau besoin, celui de services de stockage externe, les fameux coffres-forts électroniques, capables de garantir la conservation et l’accès à ces documents. Au fond, l’idée est « d’électroniser » progressivement toute la chaîne depuis la production d’un document jusqu’à son archivage.

La technologie est là et sa valeur ajoutée indéniable, la certification électronique tient donc ses promesses. Pour autant il reste à vaincre la résistance au changement. Pensez donc qu’aujourd’hui, toutes les banques françaises imposent encore à leurs clients de signer à la main leurs autorisations de prélèvements ! Pourtant ces mêmes banques font depuis longtemps confiance à l’électronique pour gérer des milliards d’euros. Il y a encore fort à faire pour faire évoluer les comportements.

Dans ces conditions comment envisagez-vous le développement de la certification électronique ?

Comme vous l’avez compris, les prochains développements porteront plus sur les usages que sur la technologie. En France, nous devrions vivre dans les prochaines semaines un événement exceptionnel : la création de la carte d’identité nationale électronique. Si ce projet est confirmé, chaque citoyen Français se verra progressivement doté d’une nouvelle carte d’identité du même format qu’une carte de crédit. Cette carte sera équipée de deux puces dont une « sans contact ». Cette carte servira de document de voyage dans l’espace Schengen mais elle sera surtout la première pierre de l’identité numérique des citoyens. A partir de l’identité certifiée par cette carte, ma banque pourra, par exemple, certifier mes paiements. Les démarches auprès des administrations seront simplifiées … même à distance. Un simple lecteur de carte à puces permettra de certifier mon identité.

C’est un vrai événement, une révolution, qui en faisant bénéficier aux particuliers des avantages de la certification électronique facilitera considérablement l’évolution des mentalités. Le débat sur les traces numériques de la vie quotidienne, voire sur le fichage électronique des citoyens sera relancé. La carte d’identité numérique sera probablement l’occasion de porter ce débat sur la place publique pour expliquer à tous les Français tout ce qu’ils ont à gagner et le peu qu’ils ont à perdre avec la certification numérique.

L’équipement des entreprises en certificat électronique a été soudainement accéléré quand les moyennes et grandes entreprises ont eu l’obligation de payer la TVA sur Internet. Ce sont ces types de décisions qui font franchir des paliers aux usages et accélèrent la pénétration de ces technologies. La carte d’identité numérique sera une étape cruciale de ce développement.

Pascal Colin, je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de CFO-news.

© Copyright CFO-news. Propos recueillis par la rédaction de CFO-news

A propos de Keynectis
Pionnier des services de certification électronique, KEYNECTIS propose à ses clients la mise à disposition d'Infrastructures à Clés Publiques (ICP ou PKI en anglais) permettant le déploiement de certificats électroniques.
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