A gauche, Boursorama : 5,4 millions de clients, 70 milliards d’encours, 25 ans d’existence et un actionnaire, grande enseigne bancaire – Société Générale – présent depuis les débuts et, propriétaire de 100 % du capital depuis 2015.
A droite, Hello Bank ! Qui se présente comme le “petit n°2 » du marché des neobanques en France.
Propriété de BNP Paribas avec 10 ans d’existence et 800 000 clients.
Au centre, le trublion « étranger » de l’histoire, N26, une banque allemande présente en France depuis 6 ans qui revendique désormais, 2 millions de clients.
Les Neobanques peuvent être considérées comme les ancêtres, allez, plutôt les grandes sœurs des Fintechs. Ce sont elles qui ont ouvert la voie de la digitalisation des services, jouant les « trublions » auprès des grandes enseignes.
A l’heure du tout digital, ne viennent-elles pas finalement leur damer le pion ? « Le client est avant tout attiré par le modèle de service. Nous lui offrons l’autonomie et n’oublions pas que le besoin de guichet existe toujours et qu’aujourd’hui, les banques digitales ne font que 10 à 15 % de Part de Marché » relate Betrand Cizeau, Directeur de Hello Bank.
Propriété de BNP Paribas, Hello Bank se positionne comme une passerelle de services envers la banque traditionnelle. Non pas pour lui prendre des clients mais plus pour les réorienter en fonction de leurs besoins.
« Nos clients qui ont plus de 250 000 euros d’avoirs sont dirigés vers la banque privée. Ce qui ne signifie pas qu’ils clôturent leur compte chez nous. Au sein de BNP Paribas, nous sommes d’abord perçus comme un modèle de conquête et de plus en plus comme un modèle de rétention. »
Côté Boursorama, les choses semblent légèrement différentes, ancienneté oblige. Il semblerait qu’auprès de Société Générale, la première neobanque française soit passée par tous les prismes de la perception : du modèle de la laboratoire, d’une option à faire taire ou à mettre en valeur…
« Nous faisons du business qui se fait sur la durée avec une acceptation de développer un modèle à côté de celui de la Société Générale (…) Nous avons passé 10 ans à digitaliser l’ensemble des crédits de la banque type crédit immobilier et la rentabilité est finalement arrivée assez vite entre 2003 et 2015. » relate Benoît Grisoni.
Car 2015 et 2016 furent des années d’accélération pour les néobanques avec l’arrivée de nombreux acteurs. « Nous ne nous percevons pas comme des concurrents se prenant des parts de marché mais réellement comme une façon de crédibiliser le système via l’offre ! »
Et justement en 2015/ 2016, c’est un petit nouveau venu d’Allemagne qui a grapillé des parts de marché : N26.
« Nous atteignons désormais 2 millions de clients en France avec des enjeux similaires aux banques puisque nous sommes sur la même régulation. Nous aussi, avons des enjeux de rentabilité d’ailleurs nous sommes à l’équilibre depuis 4 ans en France » relate Jérémie Rosselli.
Et depuis l’affaire Wirecard (2020, 1,9 milliard d’euros de fraudes escomptées pour la startup allemande sécurisant les paiements en ligne), le régulateur outre-Rhin semble avoir freiné la course à l’acquisition clients afin de privilégier les on-boarding et autres contrôles de KYC.
Plus que grandir en s’offrant des clients finalement déçus car mis sur liste d’attente, N26 s’est en autre focalisée dans le déploiement de nouveaux services afin de proposer des produits sécurisés et complémentaires, générant peut-être plus de fidélité de la part de ses clients.
« Il y a aussi tout un aspect pédagogique. Finalement, aujourd’hui, la banque digitale ce n’est que 10 % des clients français : il y a donc encore 90 % des clients à conquérir. » Et c’est peut-être pour cette raison que ces néobanques ne se sentent pas en compétition.
Enfin par sur tous les points. Car s’il reste 90 % des clients à conquérir, l’enjeu se joue bien désormais sur le terrain du marketing.
Car la banque traditionnelle, ce sont bien d’abord des milliers de vendeurs sur le terrain, qui sont certes des centres de coûts mais aussi des ambassadeurs.
Donc, en déployant des produits, les néobanques essayent aussi de se faire connaître. Sur ce point, et peut-être plus que pour les fintechs, les usages et les réglementations locales freinent le déploiement des offres à l’international. Ce qui limite la rentabilisation à l’échelle européenne du déploiement de certains produits en ligne.
« La banque est un métier local ! Le paiement est international mais l’offre bancaire est locale ! » s’exclame Bertrand Cizeau, directeur de Hello Bank. « Chez nous, la marque BNP retail, Compte Nikel et Hello Bank sont des offres totalement complémentaires qui permettent aux clients de prendre le pouvoir sur leur façon d’utiliser la banque. » Un propos complété par Jérémie Rosselli, de N26 : « On ne peut pas considérer une banque digitale comme une UX qui fonctionne. Si vous voulez connaître notre valeur ajoutée, il faut cesser de nous voir comme un canal de proposition de services supplémentaire. Il faut donc réinventer les produits. » et le DG de N26 de confirmer le déploiement de son offre cryptomonnaie pour ses clients français.
Une possibilité qui ne semble pas séduire ses petits camarades pointant du doigt un des enjeux cruciaux : la fiabilité des systèmes.
Car, côté fraudes, les attaques en tous genres se sont démultipliées depuis février 2022 et côté résistance du système, c’est une autre angoisse qui guette nos dirigeants de néo-banques : celle de voir leurs connexions faillir…Et en la matière, celle de la résilience du système, le « game » sera-t-il, un jour, réellement plié ?
Anne-Laure Allain
A droite, Hello Bank ! Qui se présente comme le “petit n°2 » du marché des neobanques en France.
Propriété de BNP Paribas avec 10 ans d’existence et 800 000 clients.
Au centre, le trublion « étranger » de l’histoire, N26, une banque allemande présente en France depuis 6 ans qui revendique désormais, 2 millions de clients.
Les Neobanques peuvent être considérées comme les ancêtres, allez, plutôt les grandes sœurs des Fintechs. Ce sont elles qui ont ouvert la voie de la digitalisation des services, jouant les « trublions » auprès des grandes enseignes.
A l’heure du tout digital, ne viennent-elles pas finalement leur damer le pion ? « Le client est avant tout attiré par le modèle de service. Nous lui offrons l’autonomie et n’oublions pas que le besoin de guichet existe toujours et qu’aujourd’hui, les banques digitales ne font que 10 à 15 % de Part de Marché » relate Betrand Cizeau, Directeur de Hello Bank.
Propriété de BNP Paribas, Hello Bank se positionne comme une passerelle de services envers la banque traditionnelle. Non pas pour lui prendre des clients mais plus pour les réorienter en fonction de leurs besoins.
« Nos clients qui ont plus de 250 000 euros d’avoirs sont dirigés vers la banque privée. Ce qui ne signifie pas qu’ils clôturent leur compte chez nous. Au sein de BNP Paribas, nous sommes d’abord perçus comme un modèle de conquête et de plus en plus comme un modèle de rétention. »
Côté Boursorama, les choses semblent légèrement différentes, ancienneté oblige. Il semblerait qu’auprès de Société Générale, la première neobanque française soit passée par tous les prismes de la perception : du modèle de la laboratoire, d’une option à faire taire ou à mettre en valeur…
« Nous faisons du business qui se fait sur la durée avec une acceptation de développer un modèle à côté de celui de la Société Générale (…) Nous avons passé 10 ans à digitaliser l’ensemble des crédits de la banque type crédit immobilier et la rentabilité est finalement arrivée assez vite entre 2003 et 2015. » relate Benoît Grisoni.
Car 2015 et 2016 furent des années d’accélération pour les néobanques avec l’arrivée de nombreux acteurs. « Nous ne nous percevons pas comme des concurrents se prenant des parts de marché mais réellement comme une façon de crédibiliser le système via l’offre ! »
Et justement en 2015/ 2016, c’est un petit nouveau venu d’Allemagne qui a grapillé des parts de marché : N26.
« Nous atteignons désormais 2 millions de clients en France avec des enjeux similaires aux banques puisque nous sommes sur la même régulation. Nous aussi, avons des enjeux de rentabilité d’ailleurs nous sommes à l’équilibre depuis 4 ans en France » relate Jérémie Rosselli.
Et depuis l’affaire Wirecard (2020, 1,9 milliard d’euros de fraudes escomptées pour la startup allemande sécurisant les paiements en ligne), le régulateur outre-Rhin semble avoir freiné la course à l’acquisition clients afin de privilégier les on-boarding et autres contrôles de KYC.
Plus que grandir en s’offrant des clients finalement déçus car mis sur liste d’attente, N26 s’est en autre focalisée dans le déploiement de nouveaux services afin de proposer des produits sécurisés et complémentaires, générant peut-être plus de fidélité de la part de ses clients.
« Il y a aussi tout un aspect pédagogique. Finalement, aujourd’hui, la banque digitale ce n’est que 10 % des clients français : il y a donc encore 90 % des clients à conquérir. » Et c’est peut-être pour cette raison que ces néobanques ne se sentent pas en compétition.
Enfin par sur tous les points. Car s’il reste 90 % des clients à conquérir, l’enjeu se joue bien désormais sur le terrain du marketing.
Car la banque traditionnelle, ce sont bien d’abord des milliers de vendeurs sur le terrain, qui sont certes des centres de coûts mais aussi des ambassadeurs.
Donc, en déployant des produits, les néobanques essayent aussi de se faire connaître. Sur ce point, et peut-être plus que pour les fintechs, les usages et les réglementations locales freinent le déploiement des offres à l’international. Ce qui limite la rentabilisation à l’échelle européenne du déploiement de certains produits en ligne.
« La banque est un métier local ! Le paiement est international mais l’offre bancaire est locale ! » s’exclame Bertrand Cizeau, directeur de Hello Bank. « Chez nous, la marque BNP retail, Compte Nikel et Hello Bank sont des offres totalement complémentaires qui permettent aux clients de prendre le pouvoir sur leur façon d’utiliser la banque. » Un propos complété par Jérémie Rosselli, de N26 : « On ne peut pas considérer une banque digitale comme une UX qui fonctionne. Si vous voulez connaître notre valeur ajoutée, il faut cesser de nous voir comme un canal de proposition de services supplémentaire. Il faut donc réinventer les produits. » et le DG de N26 de confirmer le déploiement de son offre cryptomonnaie pour ses clients français.
Une possibilité qui ne semble pas séduire ses petits camarades pointant du doigt un des enjeux cruciaux : la fiabilité des systèmes.
Car, côté fraudes, les attaques en tous genres se sont démultipliées depuis février 2022 et côté résistance du système, c’est une autre angoisse qui guette nos dirigeants de néo-banques : celle de voir leurs connexions faillir…Et en la matière, celle de la résilience du système, le « game » sera-t-il, un jour, réellement plié ?
Anne-Laure Allain