L’ère « crypto » — Un changement de paradigme
La crypto — en tant qu’innovation technologique — est un outil de libération de l’individu face aux rentes des méga-corporations du numérique et des grandes banques. Au même titre qu’Internet a réussi à démocratiser l’information, les cryptos génèrent un nouveau rapport à la valeur. En créant la confiance par la technologie et non plus par les intermédiaires, chacun peut désormais détenir lui-même son patrimoine, son argent et ses actifs. Les cryptos rendent possible une horizontalité dans des rapports économiques traditionnellement verticaux et généralement en défaveur de la base.
Dénommés « crypto-monnaies », puis « crypto-actifs », les « cryptos » sont des objets protéiformes difficilement définissables tant leurs usages et leur fonctionnement varient. La catégorie « crypto-actifs » est aujourd’hui caduque car trop restrictive. Du stablecoin, équivalents de la monnaie traditionnelle dans la sphère crypto, aux securities, actif financier traditionnel tokenisé ou nativement numérique, en passant par les NFT, les cryptos peuvent être des monnaies, des actifs ou même des droits sans valeur pécuniaire.
Cette diversité porte en germe une révolution de la valeur. Elle permet la numérisation de pans entiers de l’économie (capital, propriété immobilière, épargne, etc.) et rend possible une parfaite liquidité entre ces différents actifs. Elle entraîne l’émergence d’entités totalement décentralisées et autonomes (DAO), qui ne peuvent par conséquent être régulées comme des entités traditionnelles centralisées (comme une société, une association, etc.).
La fiabilité et l’inviolabilité des blockchains publiques ont permis l’émergence d’assemblées tokénisées, permettant à une multitude d’inconnus de prendre des décisions ensemble selon des règles préétablies et indépassables. Ces nouvelles organisations autonomes décentralisées mettent à mal les systèmes d’organisation pyramidale au profit d’une concertation horizontale. Elles offrent également des possibilités nouvelles grâce à leur grande programmabilité.
Stablecoins et MNBC — Une guerre monétaire
La qualification monétaire des cryptos a longtemps fait débat. Désormais, la question a été tranchée par le Salvador et l’émergence des stablecoins, puis des monnaies numériques de banque centrale (MNBC).
Ces nouveaux outils incarnent un nouveau champ de bataille entre puissances monétaires. D’une part, les États-Unis d’Amérique favorisent le développement de stablecoins en dollars (exemple : l’USDC de Circle) contribuant à l’expansion de leur devise et écartent toute possibilité de tokens alternatifs basés sur d’autres devises (exemple : Libra). D’autre part, la Chine, totalement coupée de cet écosystème depuis 2021, installe sa propre MNBC afin de contrôler davantage encore sa population. Cette monnaie numérique lui permettra aussi, à terme, de construire un système d’échanges international alternatif au système occidental dominé par le dollar. Alliée à la Russie, la Chine espère remettre en cause l’ordre économique et monétaire hérité de la Seconde Guerre mondiale.
A contrario, l’Union européenne hésite, tâtonne, essaie sans grande conviction. Persuadée que les cryptos ne relève que d’une tentative de concurrence des monnaies « publiques » avec des monnaies « privées », la BCE n’engage pas de réflexion d’ampleur sur le sujet. Or, dans un contexte de guerre en Europe et de recherche d’une Europe puissance, il semble nécessaire de construire un Euro numérique capable de moderniser notre économie, notre fiscalité et notre politique monétaire.
Cette nouvelle monnaie de banque centrale n’est pas anecdotique. Elle implique un lien direct entre la banque centrale, les citoyens et les entreprises. Elle remet ainsi en cause les intermédiaires bancaires et financiers, producteurs de monnaie, qui sont essentiels à notre économie. Elle implique de repenser notre paradigme bancaire et d’émission monétaire. Ce sujet devra être tranché politiquement.
DeFi — Une nouvelle évolution de la finance
Les cryptos, nouveaux véhicules de la valeur, ont permis l’émergence de nouveaux acteurs numériques : des banques autonomes, des bourses automatisées, etc. Mais également de nouvelles pratiques : des prêts décentralisés, du stockage de masse de données, etc. La finance décentralisée (DeFi) offre de nouvelles possibilités, notamment de financement, moins coûteuses, plus rapides et disponibles pour tous, partout et tout le temps.
Outre la question monétaire, ces applications décentralisées viennent concurrencer le secteur financier traditionnel qui, plutôt que de les voir comme une opportunité, cherche à dénoncer et entraver le développement de ces nouveaux projets ; combat de la rente contre l’innovation.
Malgré les différents chocs qui accompagnent le développement de cet écosystème, consubstantiels à l’essor de toute nouvelle technologie de rupture, les crypto-actifs ne cessent de prendre de l’ampleur et de se diversifier partout dans le monde, notamment dans les économies faiblement bancarisées. Les dirigeants et régulateurs doivent prendre conscience de la révolution qu’ils entraînent.
Ce rapport présente une triple finalité. Il vise à faire un état des lieux des évolutions de l’écosystème depuis le précédent rapport ; les objets et les usages ayant radicalement évolué depuis trois ans. Ensuite, il vise à décrire et à démocratiser la diversité de cet écosystème afin de permettre à toute personne, non spécialiste du sujet, de mieux comprendre les enjeux. Enfin, il formule une série de propositions qui permettrait à la France et à l’Europe de saisir les opportunités offertes par cette nouvelle technologie afin de ne pas reproduire les erreurs commises lors du développement d’Internet.
Téléchargez ci-dessous le rapport complet de 204 pages (8Mo)
La crypto — en tant qu’innovation technologique — est un outil de libération de l’individu face aux rentes des méga-corporations du numérique et des grandes banques. Au même titre qu’Internet a réussi à démocratiser l’information, les cryptos génèrent un nouveau rapport à la valeur. En créant la confiance par la technologie et non plus par les intermédiaires, chacun peut désormais détenir lui-même son patrimoine, son argent et ses actifs. Les cryptos rendent possible une horizontalité dans des rapports économiques traditionnellement verticaux et généralement en défaveur de la base.
Dénommés « crypto-monnaies », puis « crypto-actifs », les « cryptos » sont des objets protéiformes difficilement définissables tant leurs usages et leur fonctionnement varient. La catégorie « crypto-actifs » est aujourd’hui caduque car trop restrictive. Du stablecoin, équivalents de la monnaie traditionnelle dans la sphère crypto, aux securities, actif financier traditionnel tokenisé ou nativement numérique, en passant par les NFT, les cryptos peuvent être des monnaies, des actifs ou même des droits sans valeur pécuniaire.
Cette diversité porte en germe une révolution de la valeur. Elle permet la numérisation de pans entiers de l’économie (capital, propriété immobilière, épargne, etc.) et rend possible une parfaite liquidité entre ces différents actifs. Elle entraîne l’émergence d’entités totalement décentralisées et autonomes (DAO), qui ne peuvent par conséquent être régulées comme des entités traditionnelles centralisées (comme une société, une association, etc.).
La fiabilité et l’inviolabilité des blockchains publiques ont permis l’émergence d’assemblées tokénisées, permettant à une multitude d’inconnus de prendre des décisions ensemble selon des règles préétablies et indépassables. Ces nouvelles organisations autonomes décentralisées mettent à mal les systèmes d’organisation pyramidale au profit d’une concertation horizontale. Elles offrent également des possibilités nouvelles grâce à leur grande programmabilité.
Stablecoins et MNBC — Une guerre monétaire
La qualification monétaire des cryptos a longtemps fait débat. Désormais, la question a été tranchée par le Salvador et l’émergence des stablecoins, puis des monnaies numériques de banque centrale (MNBC).
Ces nouveaux outils incarnent un nouveau champ de bataille entre puissances monétaires. D’une part, les États-Unis d’Amérique favorisent le développement de stablecoins en dollars (exemple : l’USDC de Circle) contribuant à l’expansion de leur devise et écartent toute possibilité de tokens alternatifs basés sur d’autres devises (exemple : Libra). D’autre part, la Chine, totalement coupée de cet écosystème depuis 2021, installe sa propre MNBC afin de contrôler davantage encore sa population. Cette monnaie numérique lui permettra aussi, à terme, de construire un système d’échanges international alternatif au système occidental dominé par le dollar. Alliée à la Russie, la Chine espère remettre en cause l’ordre économique et monétaire hérité de la Seconde Guerre mondiale.
A contrario, l’Union européenne hésite, tâtonne, essaie sans grande conviction. Persuadée que les cryptos ne relève que d’une tentative de concurrence des monnaies « publiques » avec des monnaies « privées », la BCE n’engage pas de réflexion d’ampleur sur le sujet. Or, dans un contexte de guerre en Europe et de recherche d’une Europe puissance, il semble nécessaire de construire un Euro numérique capable de moderniser notre économie, notre fiscalité et notre politique monétaire.
Cette nouvelle monnaie de banque centrale n’est pas anecdotique. Elle implique un lien direct entre la banque centrale, les citoyens et les entreprises. Elle remet ainsi en cause les intermédiaires bancaires et financiers, producteurs de monnaie, qui sont essentiels à notre économie. Elle implique de repenser notre paradigme bancaire et d’émission monétaire. Ce sujet devra être tranché politiquement.
DeFi — Une nouvelle évolution de la finance
Les cryptos, nouveaux véhicules de la valeur, ont permis l’émergence de nouveaux acteurs numériques : des banques autonomes, des bourses automatisées, etc. Mais également de nouvelles pratiques : des prêts décentralisés, du stockage de masse de données, etc. La finance décentralisée (DeFi) offre de nouvelles possibilités, notamment de financement, moins coûteuses, plus rapides et disponibles pour tous, partout et tout le temps.
Outre la question monétaire, ces applications décentralisées viennent concurrencer le secteur financier traditionnel qui, plutôt que de les voir comme une opportunité, cherche à dénoncer et entraver le développement de ces nouveaux projets ; combat de la rente contre l’innovation.
Malgré les différents chocs qui accompagnent le développement de cet écosystème, consubstantiels à l’essor de toute nouvelle technologie de rupture, les crypto-actifs ne cessent de prendre de l’ampleur et de se diversifier partout dans le monde, notamment dans les économies faiblement bancarisées. Les dirigeants et régulateurs doivent prendre conscience de la révolution qu’ils entraînent.
Ce rapport présente une triple finalité. Il vise à faire un état des lieux des évolutions de l’écosystème depuis le précédent rapport ; les objets et les usages ayant radicalement évolué depuis trois ans. Ensuite, il vise à décrire et à démocratiser la diversité de cet écosystème afin de permettre à toute personne, non spécialiste du sujet, de mieux comprendre les enjeux. Enfin, il formule une série de propositions qui permettrait à la France et à l’Europe de saisir les opportunités offertes par cette nouvelle technologie afin de ne pas reproduire les erreurs commises lors du développement d’Internet.
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