Le risque d’entreprise mondial atteint un pic

Coface Evaluations risque pays : 7 pays reclassés et 17 déclassés.


- La prévision de croissance mondiale en 2016 revue à la baisse de 0,2 point, à 2,5%
- La moyenne du risque mondial correspond à B, « risque assez élevé »
De plus en plus de pays émergents figurent dans les catégories de risques « extrême » et « très élevé »
- Le trois plus grandes économies mondiales fragilisées
- La Chine pénalise l’activité de plusieurs pays asiatiques
- L’Europe est engagée dans une dynamique positive, mais le risque politique alimenté par le Brexit est à surveiller

L’économie mondiale dans le piège d’une croissance « à la japonaise »

Depuis le scénario de croissance mondiale annoncé par Coface en mars dernier, les perspectives se sont légèrement dégradées, et tout indique que pour la 6e année consécutive la croissance restera inférieure à 3% en 2016. Les entreprises sont pénalisées par cet environnement atone « à la japonaise » : un manque de débouchés, une inflation trop faible réduisant leur pouvoir de fixation des prix. La nette augmentation du risque d’entreprise dans le monde est confirmée par les évaluations pays[1] de Coface dont la moyenne des 160 pays atteint un pic jamais vu depuis le début des années 2000 et correspond à B, « risque assez élevé ».

Une onde de choc causée par la vulnérabilité des États-Unis et la Chine

Les trois plus grandes économies mondiales n’échappent pas à l’aggravation du risque de crédit : après le déclassement du Japon à A2 en mars dernier, c’est le tour des États-Unis et de la Chine, dégradés respectivement en A2 et B.

- Aux Etats-Unis, les entreprises sont confrontées à des problèmes cycliques : le point de retournement post-crise est atteint et se traduit par une montée des défaillances pour la première fois depuis 2010. Derrière la baisse continue du taux de chômage se cachent les entreprises dont la profitabilité s’érode et qui investissent moins.
- En Chine, malgré une stabilisation de la croissance, l’efficacité des mesures de relance s’avère limitée, à cause des surcapacités et d’un endettement excessif des entreprises.

Sans surprise, cette onde de choc se propage, d’un côté, sur le Canada, déclassé en A3, et de l’autre, sur plusieurs pays asiatiques. Cela explique la révision à la baisse à A3 des évaluations de la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan et à A4 de celle de la Malaisie.
Ces pays sont très exposés au ralentissement structurel chinois en ce qui concerne l’export, le tourisme et l’investissement. En outre, la volatilité des marchés des matières premières, y compris le pétrole, pénalise l’activité des entreprises.

L’investissement repart en Europe, mais le risque politique augmente

Les incertitudes politiques en Europe pèsent sur la confiance des entreprises et des ménages. Suite au vote pour le Brexit, Coface revoit sa prévision de croissance du PIB britannique de 0,6 point, à 1,2% en 2016. Les secteurs exportateurs qui profitent de la livre sterling en baisse ne sont pas les plus à risque. À long terme, un accord de libre échange « à la norvégienne » paraît peu probable après la démission de Cameron et, en cas de recours aux règles de l'OMC, le coût économique pourrait être élevé pour le Royaume-Uni et l’UE. Les secteurs exportateurs britanniques, liés à l'UE par le biais des chaînes d'approvisionnement, pourraient être pénalisés par les tarifs douaniers. Au sein de l'UE, les pays les plus exposés sont ceux avec un marché domestique limité et qui ont des liens commerciaux privilégiés avec le Royaume-Uni : l'Irlande et, dans une moindre mesure, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Suède.

Tout cela n’entrave pas à ce stade la bonne dynamique de la croissance dans la zone euro (prévision de 1,7% en 2016), alimentée à la fois par la consommation des ménages et l’investissement privé. Le relachement budgétaire, la baisse du prix du pétrole et la politique de taux bas de la BCE ont des effets positifs sur les marges des entreprises. La progression de l’offre de crédit bancaire bénéficie pour la première fois aux TPE.

- La France rejoint la catégorie A2, en réponse à plusieurs signaux encourageants : le plus haut niveau d’investissement des entreprises depuis 4 ans, le redémarrage de l’activité dans la construction (qui représente 5% du PIB), une baisse continue des défaillances estimée à -3,2% en 2016.
- L’Italie est reclassée en A3, sous l’effet du recul des défaillances et du taux de chômage et l’investissement attendu à la hausse.

L’Europe centrale est dans le sillage positif de l’Europe de l’Ouest, avec quatre pays reclassés: la Lituanie (A3), la Slovénie (A3), la Lettonie (A4) et la Roumanie (A4), profitant d’une croissance solide et d’une moindre dépendance de leurs exportations vis-à-vis de la Russie.

L’impact de la baisse du prix du pétrole reste considérable

La baisse des prix du pétrole continue à se faire ressentir au sein des pays exportateurs de pétrole. L’Arabie Saoudite (nouvelle évaluation B), Koweït (A3), Qatar (A3) et l’Algérie (C) voient leur déficit public se creuser davantage et l’activité hors hydrocarbure ralentit. C’est aussi le cas de l’Angola (D) et de la Zambie (D), suite à la dépréciation de leur monnaie locale liée au ralentissement chinois et à l’effondrement du prix de matières premières, et du Mozambique (D) confronté à une haute probabilité de défaut de paiement.

Dans ce contexte, Coface juge nécessaire d’introduire une 8e catégorie d’évaluation E, « risque extrême », afin d’ajouter de la granularité dans l’analyse risque pays : une partie des pays faisant partie de la catégorie D sont désormais inclus dans la nouvelle catégorie E, synonyme de risque de crédit extrêmement élevé. Ces pays sont : Afghanistan, Arménie, République Centrafricaine, Cuba, Erythrée, Iran, Irak, Libye, Soudan, Syrie, Timor-Leste, Venezuela, Yémen, Zimbabwe.



[1] Les évaluations risque pays de Coface mesurent le risque de crédit moyen des entreprises d’un pays, sur une échelle de 8 niveaux : A1, A2, A3, A4, B, C, D, E, dans l’ordre croissant du risque.

L'étude intégrale est téléchargeable ici

Laurent Leloup
Fondateur Finyear Group
Expert Blockchain auprès du Pôle de compétitivité mondial FINANCE INNOVATION
Président France Blocktech, association française des acteurs et de l'écosystème blockchain.

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Jeudi 30 Juin 2016


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