Olivier Berthelier
Le contexte de mondialisation croissante du e-commerce, la multiplication exponentielle des moyens de paiement, le développement des marketplaces et des services de paiement intégrés (full service) remettent en cause le modèle économique dominant de l’industrie du paiement.
Comme souvent en informatique, lorsqu’une nouvelle tendance apparaît, nous nous demandons si nous ne l’aurions pas déjà vu quelque part. C’est exactement ce qui se produit avec la demande grandissante d’offres intégrées de gestion des paiements, couvrant à la fois les processus transactionnels et de gestion financière. De fait, un ersatz de service intégré, ou full-service, de ce type a déjà existé dans l’histoire de l’industrie du paiement. Et il est presque aussi ancien que cette industrie elle-même : il s’agit de Paypal.
A l’origine : la séparation des processus transactionnels et de gestion financière
A son lancement, ce service, facturé à la transaction, comblait un vide laissé sur le marché par la recherche d’optimisation des coûts. Pendant longtemps, et sous l’influence des plus importants marchands, l’industrie s’est organisée selon un principe strict de séparation des processus transactionnels et de gestion financière. Ce découplage avait pour objectif de permettre aux grands e-marchands d’obtenir les meilleurs tarifs pour chacune des deux activités. Mais c’était compter sans les contraintes spécifiques de l’internationalisation.
Les grands marchands ne peuvent plus compter seulement sur leurs interlocuteurs habituels, PSP et acquéreurs. Pour chaque nouveau pays, ils doivent négocier avec des prestataires techniques et financiers différents. Et ils ont aussi à réconcilier les paiements reçus de divers pays, ainsi que les reversements vers des vendeurs affiliés provenant eux aussi de différents pays. Silencieusement, l’industrie a opéré une véritable bascule. Hier technologique, elle est aujourd’hui technologico-financière.
Bienvenue dans le monde des Fintech !
Cette évolution affecte profondément le modèle économique de l’industrie du paiement, basé sur la séparation stricte des processus transactionnels et financiers. Les plus grands e-marchands font pression sur les PSP pour qu’ils prennent en charge cette nouvelle source de complexité. Pour ces derniers, la capacité à proposer une offre de service intégrée n’est plus seulement une option à valeur ajoutée, mais un élément indispensable de leur offre.
Pour mieux comprendre ce qui se passe, il suffit de prendre l’exemple d’un marchand enregistrant 10 k€ de paiements par carte bancaire par jour. Dans un mode transactionnel, il suffit au PSP d’adresser au marchand un état de réconciliation correspondant au montant total des paiements par cartes de crédit enregistré sur le compte bancaire du marchand. Le service comptable du marchand n’avait plus qu’à effectuer une réconciliation globale, en comparant le montant reçu et le total des ventes. Il ne s’intéressait aux détails que lorsque la différence dépassait un certain pourcentage. Mais cette méthode de réconciliation globale ne fonctionne que pour une seule source de paiement. Plus les méthodes de paiement sont nombreuses, plus il faut pouvoir prendre en compte des frais de transaction différents, et les réconcilier de manière individuelle. Dans le contexte d’une marketplace, ce processus de réconciliation est encore plus complexe. Le reversement du produit de la vente aux vendeurs affiliés passe par une réconciliation ligne à ligne des paiements, des commandes et des frais de transaction associés à la méthode de paiement utilisée.
Au bout du compte, cette obligation de réconciliation ligne à ligne se traduit par une charge de travail manuel supplémentaire que les marchands, toujours à la recherche d’économies d’échelles, entendent faire supporter aux PSP. Pour ces derniers, tout l’enjeu est en définitive d’intégrer un métier qui n’est pas le leur. Ils savent assurer la connectivité entre les systèmes et les serveurs et sécuriser de grands volumes de transactions. Mais ils ne disposent généralement pas de l’expertise professionnelle nécessaire et des compétences pour effectuer les tâches de réconciliation pour le compte de leurs clients e-marchands ou marketplaces.
Résoudre un vrai casse-tête
Sur le papier, il peut paraître simple de mettre en œuvre un système d’information de type bancaire. Mais dans la vraie vie, même si le PSP parvient à déployer et faire certifier par les autorités bancaires sa plateforme, il lui restera à déterminer et à paramétrer un ensemble complexe de règles de commissionnement pour prendre en compte la charge de travail supplémentaire de collecting à l’échelle internationale. Sans oublier que le système mis en œuvre doit pouvoir intégrer au fur et à mesure les nouveaux moyens de paiement apparaissant sur le marché, tout en assurant la compatibilité ascendante de tous les services de paiement déjà en place.
Plus la complexité augmente, plus il faut chercher des solutions innovantes pour simplifier la chaîne de valeur du paiement. Au premier abord, il s’agit d’une question de stratégie. Chaque PSP doit se demander s’il veut réellement devenir également fournisseur de services financiers ou s’il est préférable pour lui de s’appuyer sur un tiers, voire sur plusieurs pour éviter d’être dépendant d’un seul partenaire. Dans l’élaboration de sa stratégie, le PSP devra également s’assurer qu’il peut conquérir une part suffisante de part de marché pour justifier cette transformation, et qu’il peut réaliser celle-ci suffisamment rapidement pour conserver la fidélité de ses clients existants.
Et toujours en ligne de mire : le time-to-market !
Au rythme d’adoption du collecting par les grands e-marchands et les marketplaces, l’enjeu de time-to-market est désormais un facteur déterminant. Les questions suivantes concernent l’informatique. La plateforme de paiement mise en œuvre doit être suffisamment flexible pour permettre l’adaptation aux nouveaux enjeux des processus transactionnels existants ; ceux utilisés par la base clients installés. Ce système doit aussi pouvoir intégrer dynamiquement les règles métiers et les systèmes d’information des grandes marketplaces et des sites de e-commerce. Simultanément, cette plateforme doit aussi pouvoir prendre en compte les processus métiers et les normes de reporting de l’industrie bancaire pour s’adapter sans charge additionnelle à toutes les institutions bancaires choisies par les clients. En tenant compte de toutes ces contraintes, les PSP ont en définitive un choix stratégique à faire. Soit ils veulent s’engager dans la voie du collecting par eux-mêmes. Soit ils préfèrent s’appuyer sur un partenaire technico-financier, capable de convertir rapidement le défi du collecting en une opportunité de croissance.
Comme souvent en informatique, lorsqu’une nouvelle tendance apparaît, nous nous demandons si nous ne l’aurions pas déjà vu quelque part. C’est exactement ce qui se produit avec la demande grandissante d’offres intégrées de gestion des paiements, couvrant à la fois les processus transactionnels et de gestion financière. De fait, un ersatz de service intégré, ou full-service, de ce type a déjà existé dans l’histoire de l’industrie du paiement. Et il est presque aussi ancien que cette industrie elle-même : il s’agit de Paypal.
A l’origine : la séparation des processus transactionnels et de gestion financière
A son lancement, ce service, facturé à la transaction, comblait un vide laissé sur le marché par la recherche d’optimisation des coûts. Pendant longtemps, et sous l’influence des plus importants marchands, l’industrie s’est organisée selon un principe strict de séparation des processus transactionnels et de gestion financière. Ce découplage avait pour objectif de permettre aux grands e-marchands d’obtenir les meilleurs tarifs pour chacune des deux activités. Mais c’était compter sans les contraintes spécifiques de l’internationalisation.
Les grands marchands ne peuvent plus compter seulement sur leurs interlocuteurs habituels, PSP et acquéreurs. Pour chaque nouveau pays, ils doivent négocier avec des prestataires techniques et financiers différents. Et ils ont aussi à réconcilier les paiements reçus de divers pays, ainsi que les reversements vers des vendeurs affiliés provenant eux aussi de différents pays. Silencieusement, l’industrie a opéré une véritable bascule. Hier technologique, elle est aujourd’hui technologico-financière.
Bienvenue dans le monde des Fintech !
Cette évolution affecte profondément le modèle économique de l’industrie du paiement, basé sur la séparation stricte des processus transactionnels et financiers. Les plus grands e-marchands font pression sur les PSP pour qu’ils prennent en charge cette nouvelle source de complexité. Pour ces derniers, la capacité à proposer une offre de service intégrée n’est plus seulement une option à valeur ajoutée, mais un élément indispensable de leur offre.
Pour mieux comprendre ce qui se passe, il suffit de prendre l’exemple d’un marchand enregistrant 10 k€ de paiements par carte bancaire par jour. Dans un mode transactionnel, il suffit au PSP d’adresser au marchand un état de réconciliation correspondant au montant total des paiements par cartes de crédit enregistré sur le compte bancaire du marchand. Le service comptable du marchand n’avait plus qu’à effectuer une réconciliation globale, en comparant le montant reçu et le total des ventes. Il ne s’intéressait aux détails que lorsque la différence dépassait un certain pourcentage. Mais cette méthode de réconciliation globale ne fonctionne que pour une seule source de paiement. Plus les méthodes de paiement sont nombreuses, plus il faut pouvoir prendre en compte des frais de transaction différents, et les réconcilier de manière individuelle. Dans le contexte d’une marketplace, ce processus de réconciliation est encore plus complexe. Le reversement du produit de la vente aux vendeurs affiliés passe par une réconciliation ligne à ligne des paiements, des commandes et des frais de transaction associés à la méthode de paiement utilisée.
Au bout du compte, cette obligation de réconciliation ligne à ligne se traduit par une charge de travail manuel supplémentaire que les marchands, toujours à la recherche d’économies d’échelles, entendent faire supporter aux PSP. Pour ces derniers, tout l’enjeu est en définitive d’intégrer un métier qui n’est pas le leur. Ils savent assurer la connectivité entre les systèmes et les serveurs et sécuriser de grands volumes de transactions. Mais ils ne disposent généralement pas de l’expertise professionnelle nécessaire et des compétences pour effectuer les tâches de réconciliation pour le compte de leurs clients e-marchands ou marketplaces.
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Sur le papier, il peut paraître simple de mettre en œuvre un système d’information de type bancaire. Mais dans la vraie vie, même si le PSP parvient à déployer et faire certifier par les autorités bancaires sa plateforme, il lui restera à déterminer et à paramétrer un ensemble complexe de règles de commissionnement pour prendre en compte la charge de travail supplémentaire de collecting à l’échelle internationale. Sans oublier que le système mis en œuvre doit pouvoir intégrer au fur et à mesure les nouveaux moyens de paiement apparaissant sur le marché, tout en assurant la compatibilité ascendante de tous les services de paiement déjà en place.
Plus la complexité augmente, plus il faut chercher des solutions innovantes pour simplifier la chaîne de valeur du paiement. Au premier abord, il s’agit d’une question de stratégie. Chaque PSP doit se demander s’il veut réellement devenir également fournisseur de services financiers ou s’il est préférable pour lui de s’appuyer sur un tiers, voire sur plusieurs pour éviter d’être dépendant d’un seul partenaire. Dans l’élaboration de sa stratégie, le PSP devra également s’assurer qu’il peut conquérir une part suffisante de part de marché pour justifier cette transformation, et qu’il peut réaliser celle-ci suffisamment rapidement pour conserver la fidélité de ses clients existants.
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