Eric Galiègue
Les investisseurs sont face à un défi majeur : valider les anticipations de bénéfices que les analystes financiers ont maintenu et même relevé depuis le début de l’année. Le second rempart de la forteresse CAC 40 va-t-il tenir ?
Le premier rempart, le niveau des taux d’intérêt, s’est fissuré, puis s’est effondré face à la puissance de l’inflation. La dernière statistique publiée aux USA (+9,1%) confirme que l’inflation « transitoire », ce terme technocratique utilisé largement par les banques centrales pour justifier leur attentisme, appartient bel et bien au passé. Il faut désormais parler de retour d’une inflation durable, « raisonnable », souhaitée initialement par les banquiers centraux. Le passage d’un régime des prix à risque déflationniste, à un régime des prix à risque inflationniste constitue forcément une épreuve pour les acteurs de l’économie, et notamment pour les ménages. La mobilisation d’une partie de leur épargne de précaution et le recours du crédit à la consommation n’y suffit plus : la contraction de la dépense est maintenant inéluctable. Les ventes au détail entrent en territoire négatif, les différents indicateurs de confiance des ménages se dégradent partout. Progressivement l’idée d’une récession fait son chemin, et d’ailleurs les grands organismes internationaux révisent à nouveau leurs anticipations de bénéfices. Celles du FMI n’auront tenu qu’un mois : une révision en baisse est déjà annoncée, alors que la commission européenne a revu sa propre copie…2023 s’annonce décidément mal, mais comment va finir 2022 ?
Le second rempart du CAC40 va-t-il tenir ? Les anticipations de bénéfice très généreuses symbolisent l’efficacité opérationnelle et financière de nos entreprises, qui ont passé la crise sanitaire sans soucis, voir même renforcées. Qu’en sera-t-il de la crise actuelle, qui est une crise à la fois pétrolière, géopolitique et de normalisation des politiques monétaires ? Rien n’est moins sûr. Les publications récentes des entreprises ne vont pas dans le bon sens. JP Morgan a publié hier soir un BPA trimestriel en baisse de 28%, alors que son compatriote Morgan Stanley a vu le sien chuter de 30%. Le jeu des provisions pour risque explique une bonne partie de cette baisse : les banques désormais « mettent de l’argent de côté » au vu de la dégradation de la conjoncture économique générale, alors que très récemment les reprises de provision avaient dopé les bénéfices.
La chute de l’activité de « fusions et acquisitions » (-60%) explique aussi la déception des publications des 2 grandes banques américaines. La forte baisse de l’activité sur les marchés primaires des actions et des obligations, non compensée par les activités de trading pour compte propre, expliquent aussi la baisse du résultat net de Morgan Stanley et JP Morgan. Ceci est forcément de mauvais augure pour les publications à venir. Dans un autre secteur, la publication de GAP a elle aussi douché les investisseurs ; la déception est telle que la DG a dû démissionner. Enfin, le cas de Bonduelle est lui aussi caractéristique d’une entreprise confrontée à un contexte très difficile.
Dans tous ces cas de figure, les sanctions boursières ont été très dures. Si nous devons vivre une récession, comme l’anticipent un certain nombre d’économistes, les anticipations de bénéfices vont être révisées en forte baisse. Nous considérons qu’une baisse de 20% serait justifiée, au vu de toutes les raisons qui justifient une dégradation des bénéfices des entreprises. Le fort ralentissement de l’activité, voire sa contraction, demeure la raison majeure. Répartis sur des volumes plus étroits, les charges pèsent bien plus lourd. La hausse des charges elle-même constitue une autre raison majeure des révisions en baisse des profits 2022 et 2023. La litanie est longue : hausse du prix des matières premières, hausse du coût du fret, difficultés logistiques, et bien sûr hausse des salaires. Sans oublier la hausse de la fiscalité qui touche plus particulièrement les groupes pétroliers et bancaires en Espagne : l’annonce d’une taxation exceptionnelle des secteurs qui « profitent » de la crise devrait faire des émules …
Au total, avec la saison des bénéfices du second trimestre 2022, le marché commence un travail de mise à niveau des bénéfices des entreprises. Cela constitue l’ouverture d’un nouveau front particulièrement compliqué par les investisseurs… De ce point de vue là aussi, l’été est chaud…et l’hiver sera glacial.
Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 276 points.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont baissé cette semaine à nouveau, des deux côtés de l’Atlantique. L’€ a chuté de près de 2% et se rapproche de la parité.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole et des matières premières industrielles ont chuté cette semaine.
Le premier rempart, le niveau des taux d’intérêt, s’est fissuré, puis s’est effondré face à la puissance de l’inflation. La dernière statistique publiée aux USA (+9,1%) confirme que l’inflation « transitoire », ce terme technocratique utilisé largement par les banques centrales pour justifier leur attentisme, appartient bel et bien au passé. Il faut désormais parler de retour d’une inflation durable, « raisonnable », souhaitée initialement par les banquiers centraux. Le passage d’un régime des prix à risque déflationniste, à un régime des prix à risque inflationniste constitue forcément une épreuve pour les acteurs de l’économie, et notamment pour les ménages. La mobilisation d’une partie de leur épargne de précaution et le recours du crédit à la consommation n’y suffit plus : la contraction de la dépense est maintenant inéluctable. Les ventes au détail entrent en territoire négatif, les différents indicateurs de confiance des ménages se dégradent partout. Progressivement l’idée d’une récession fait son chemin, et d’ailleurs les grands organismes internationaux révisent à nouveau leurs anticipations de bénéfices. Celles du FMI n’auront tenu qu’un mois : une révision en baisse est déjà annoncée, alors que la commission européenne a revu sa propre copie…2023 s’annonce décidément mal, mais comment va finir 2022 ?
Le second rempart du CAC40 va-t-il tenir ? Les anticipations de bénéfice très généreuses symbolisent l’efficacité opérationnelle et financière de nos entreprises, qui ont passé la crise sanitaire sans soucis, voir même renforcées. Qu’en sera-t-il de la crise actuelle, qui est une crise à la fois pétrolière, géopolitique et de normalisation des politiques monétaires ? Rien n’est moins sûr. Les publications récentes des entreprises ne vont pas dans le bon sens. JP Morgan a publié hier soir un BPA trimestriel en baisse de 28%, alors que son compatriote Morgan Stanley a vu le sien chuter de 30%. Le jeu des provisions pour risque explique une bonne partie de cette baisse : les banques désormais « mettent de l’argent de côté » au vu de la dégradation de la conjoncture économique générale, alors que très récemment les reprises de provision avaient dopé les bénéfices.
La chute de l’activité de « fusions et acquisitions » (-60%) explique aussi la déception des publications des 2 grandes banques américaines. La forte baisse de l’activité sur les marchés primaires des actions et des obligations, non compensée par les activités de trading pour compte propre, expliquent aussi la baisse du résultat net de Morgan Stanley et JP Morgan. Ceci est forcément de mauvais augure pour les publications à venir. Dans un autre secteur, la publication de GAP a elle aussi douché les investisseurs ; la déception est telle que la DG a dû démissionner. Enfin, le cas de Bonduelle est lui aussi caractéristique d’une entreprise confrontée à un contexte très difficile.
Dans tous ces cas de figure, les sanctions boursières ont été très dures. Si nous devons vivre une récession, comme l’anticipent un certain nombre d’économistes, les anticipations de bénéfices vont être révisées en forte baisse. Nous considérons qu’une baisse de 20% serait justifiée, au vu de toutes les raisons qui justifient une dégradation des bénéfices des entreprises. Le fort ralentissement de l’activité, voire sa contraction, demeure la raison majeure. Répartis sur des volumes plus étroits, les charges pèsent bien plus lourd. La hausse des charges elle-même constitue une autre raison majeure des révisions en baisse des profits 2022 et 2023. La litanie est longue : hausse du prix des matières premières, hausse du coût du fret, difficultés logistiques, et bien sûr hausse des salaires. Sans oublier la hausse de la fiscalité qui touche plus particulièrement les groupes pétroliers et bancaires en Espagne : l’annonce d’une taxation exceptionnelle des secteurs qui « profitent » de la crise devrait faire des émules …
Au total, avec la saison des bénéfices du second trimestre 2022, le marché commence un travail de mise à niveau des bénéfices des entreprises. Cela constitue l’ouverture d’un nouveau front particulièrement compliqué par les investisseurs… De ce point de vue là aussi, l’été est chaud…et l’hiver sera glacial.
Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 276 points.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont baissé cette semaine à nouveau, des deux côtés de l’Atlantique. L’€ a chuté de près de 2% et se rapproche de la parité.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole et des matières premières industrielles ont chuté cette semaine.
Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,
Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738
7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
01 42 93 23 68
06 82 84 78 61
eric.galiegue@valquant.fr
www.valquant.fr
Analyste financier indépendant,
Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738
7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
01 42 93 23 68
06 82 84 78 61
eric.galiegue@valquant.fr
www.valquant.fr