Marc Touati
Certes, pour le moment, ces conflits n'ont quasiment pas eu d'impact sur les prix pétroliers. Le baril de brent se maintient autour des 100 dollars et le WTI vers les 94 dollars (contre respectivement 115 et 107 dollars mi-juin). Avec de tels niveaux, la croissance mondiale n'est donc absolument pas en danger et devrait même se stabiliser durablement autour des 4 %.
De même, malgré l'ampleur des risques géopolitiques, les marchés boursiers sont presque restés impassibles. Après quelques jours difficiles (entre le 23 juillet et le 6 août précisément), le Dow Jones a ainsi retrouvé la barre des 17 000 points et se dirige tranquillement vers l'objectif des 18 000 pour le début 2015. Pareillement, le Cac 40 a retrouvé de belles couleurs, tout en restant néanmoins loin de la barre des 4 600 points qui a été frôlée le 10 juin dernier.
Enfin, que dire des marchés obligataires européens, qui ne cessent de flamber, consacrant des taux longs historiquement bas. Il faut dire que pour consacrer une telle embellie sur les marchés financiers, les banques centrales ont été, sont et resteront particulièrement accommodantes. Encore mieux, la BCE semble désormais prête à aller encore plus loin dans ses instruments non-conventionnels pour éviter le retour de la déflation.
Dans ce cadre, il pourrait donc paraître évident de défendre un scénario favorable pour les mois à venir, voire un nouveau rallye boursier.
Pour autant, il nous paraît plus opportun de maintenir la prudence. En effet, la multiplication des dangers géopolitiques commence à jouer sur le climat des affaires. Et ce, en particulier en Europe, qui souffre d'ores et déjà de l'embargo russe sur certains produits. Il s'agit d'ailleurs là de l'une des principales raisons de la baisse du PIB allemand au deuxième trimestre et du repli inquiétant du climat des affaires outre-Rhin au cours des derniers mois. Or, si déjà avec une économie allemande vigoureuse, la zone euro et notamment la France sont en souffrance, que vont-elles devenir si l'Allemagne plonge à son tour ?
De plus, la situation économique, sociale et politique de la France commence à devenir vraiment inquiétante. Certes, le limogeage de M. Montebourg, après son nouvel « excès de langage », indique que M. Valls tient solidement les rênes du gouvernement. Il faut dire que, comme nous l'évoquions depuis la nomination de M. « Montebourde » à Bercy, il y avait une erreur de casting flagrante : comment la France pouvait-elle retrouver un peu de crédibilité avec un ministre de l'économie altermondialiste ?
La nomination de M. Macron pourrait donc apparaître comme une bonne nouvelle capable d'améliorer l'image du gouvernement français. De même, la « déclaration d'amour » de M. Valls aux patrons français et la « standing ovation » que lui ont réservée ces derniers lors de l'université d'été du Medef pourraient avoir de quoi rassurer.
Seulement voilà, chassez le naturel, il revient au galop. Ainsi, le recadrage illico de M. Macron par M. Valls sur le débat autour des 35 heures rappelle que, comme ses prédécesseurs depuis une bonne dizaine d'années, le gouvernement français reste champion du marketing mais bien incapable d'engager la France sur le chemin des réformes structurelles.
Cependant, à force de ne penser qu'aux effets d'annonce et à la méthode Coué, les dirigeants nationaux oublient l'essentiel : les actes concrets, et notamment la restauration de la croissance, la baisse du chômage et la réduction des déficits publics, tant promises et jamais réalisées, ni même amorcées.
Pour le moment, ces échecs cuisants et récurrents n'ont eu que peu d'effets négatifs sur les marchés obligataires. Bien au contraire, puisque la France demeure sauvée par la faiblesse durable et historique des taux d'intérêt des obligations d'Etat. Et ce, pour deux raisons principales : la bienveillance de la BCE et les efforts marketing du gouvernement. Ainsi, pour éviter une forte dégradation de la note de la dette publique française en janvier dernier, M. Hollande a habilement lancé l'idée du « pacte de responsabilité », qui n'a d'ailleurs toujours pas vu le jour.
Aujourd'hui, en virant M. Montebourg et en le remplaçant M. Macron, le gouvernement essaie de rééditer l'opération. Mais en vain. En effet, toutes les agences de notation (en particulier Moody's) ont commencé à préparer le terrain pour une prochaine dégradation, y compris l'agence européenne Fitch, qui jusqu'à présent a toujours été longanime avec la France.
Aussi, le 19 septembre prochain, Moody's devrait fortement dégrader la note de la France (sûrement de deux crans) pour manquement à tous ses objectifs : déficits publics, dette, croissance, chômage. La question est alors de savoir quelle sera la réaction des marchés et des investisseurs : l'indifférence, notamment grâce à l'action de la BCE, ou alors le réveil brutal qui se traduira par une forte sanction sur les marchés obligataires et boursiers ?
La réponse n'est pas tranchée, mais entre des menaces géopolitiques de plus en plus pesantes et un risque politico-financier majeur en France, il est clair que la rentrée de septembre apparaît particulièrement dangereuse. Bon courage !
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
De même, malgré l'ampleur des risques géopolitiques, les marchés boursiers sont presque restés impassibles. Après quelques jours difficiles (entre le 23 juillet et le 6 août précisément), le Dow Jones a ainsi retrouvé la barre des 17 000 points et se dirige tranquillement vers l'objectif des 18 000 pour le début 2015. Pareillement, le Cac 40 a retrouvé de belles couleurs, tout en restant néanmoins loin de la barre des 4 600 points qui a été frôlée le 10 juin dernier.
Enfin, que dire des marchés obligataires européens, qui ne cessent de flamber, consacrant des taux longs historiquement bas. Il faut dire que pour consacrer une telle embellie sur les marchés financiers, les banques centrales ont été, sont et resteront particulièrement accommodantes. Encore mieux, la BCE semble désormais prête à aller encore plus loin dans ses instruments non-conventionnels pour éviter le retour de la déflation.
Dans ce cadre, il pourrait donc paraître évident de défendre un scénario favorable pour les mois à venir, voire un nouveau rallye boursier.
Pour autant, il nous paraît plus opportun de maintenir la prudence. En effet, la multiplication des dangers géopolitiques commence à jouer sur le climat des affaires. Et ce, en particulier en Europe, qui souffre d'ores et déjà de l'embargo russe sur certains produits. Il s'agit d'ailleurs là de l'une des principales raisons de la baisse du PIB allemand au deuxième trimestre et du repli inquiétant du climat des affaires outre-Rhin au cours des derniers mois. Or, si déjà avec une économie allemande vigoureuse, la zone euro et notamment la France sont en souffrance, que vont-elles devenir si l'Allemagne plonge à son tour ?
De plus, la situation économique, sociale et politique de la France commence à devenir vraiment inquiétante. Certes, le limogeage de M. Montebourg, après son nouvel « excès de langage », indique que M. Valls tient solidement les rênes du gouvernement. Il faut dire que, comme nous l'évoquions depuis la nomination de M. « Montebourde » à Bercy, il y avait une erreur de casting flagrante : comment la France pouvait-elle retrouver un peu de crédibilité avec un ministre de l'économie altermondialiste ?
La nomination de M. Macron pourrait donc apparaître comme une bonne nouvelle capable d'améliorer l'image du gouvernement français. De même, la « déclaration d'amour » de M. Valls aux patrons français et la « standing ovation » que lui ont réservée ces derniers lors de l'université d'été du Medef pourraient avoir de quoi rassurer.
Seulement voilà, chassez le naturel, il revient au galop. Ainsi, le recadrage illico de M. Macron par M. Valls sur le débat autour des 35 heures rappelle que, comme ses prédécesseurs depuis une bonne dizaine d'années, le gouvernement français reste champion du marketing mais bien incapable d'engager la France sur le chemin des réformes structurelles.
Cependant, à force de ne penser qu'aux effets d'annonce et à la méthode Coué, les dirigeants nationaux oublient l'essentiel : les actes concrets, et notamment la restauration de la croissance, la baisse du chômage et la réduction des déficits publics, tant promises et jamais réalisées, ni même amorcées.
Pour le moment, ces échecs cuisants et récurrents n'ont eu que peu d'effets négatifs sur les marchés obligataires. Bien au contraire, puisque la France demeure sauvée par la faiblesse durable et historique des taux d'intérêt des obligations d'Etat. Et ce, pour deux raisons principales : la bienveillance de la BCE et les efforts marketing du gouvernement. Ainsi, pour éviter une forte dégradation de la note de la dette publique française en janvier dernier, M. Hollande a habilement lancé l'idée du « pacte de responsabilité », qui n'a d'ailleurs toujours pas vu le jour.
Aujourd'hui, en virant M. Montebourg et en le remplaçant M. Macron, le gouvernement essaie de rééditer l'opération. Mais en vain. En effet, toutes les agences de notation (en particulier Moody's) ont commencé à préparer le terrain pour une prochaine dégradation, y compris l'agence européenne Fitch, qui jusqu'à présent a toujours été longanime avec la France.
Aussi, le 19 septembre prochain, Moody's devrait fortement dégrader la note de la France (sûrement de deux crans) pour manquement à tous ses objectifs : déficits publics, dette, croissance, chômage. La question est alors de savoir quelle sera la réaction des marchés et des investisseurs : l'indifférence, notamment grâce à l'action de la BCE, ou alors le réveil brutal qui se traduira par une forte sanction sur les marchés obligataires et boursiers ?
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