Lundi 11 Décembre 2006
Marie Charles-Leloup

La majorité des paiements non conformes aux standards SEPA

Selon le World Payments Report 2006 publié en septembre par Capgemini en partenariat avec ABN AMRO et l’EFMA, le succès du SEPA (Single Euro Payments Area) dépend en grande partie de la qualité et de la rapidité de la mise en oeuvre des plans de migration nationaux.


L'étude conclut que l'utilisation de moyens de paiement proches desstandards SEPA (formes actuelles de virement, prélèvement ou paiementpar carte) varie largement d'un pays à l'autre et que les plansnationaux doivent être coordonnés pour l'ensemble de l'Europe afind'assurer une mise en oeuvre cohérente du SEPA d'ici 2008.

Bien que l'alignement des plans nationaux soit un élément décisif, lerapport estime que le standard SEPA pourrait être appliqué avec succèsà une "masse critique" de transactions d'ici la période de migrations'achevant normalement en 2010. Sur les six pays étudiés dans la zoneEuro, 85% du volume des transactions hors espèces doit être mis auxnormes SEPA (certaines formes de virement, prélèvement ou paiement parcarte).

13% d'entre elles sont déjà conformes au cadreréglementaire du SEPA; 45% des transactions se font avec des outils nonconformes au standard SEPA, mais assez proches des critères à atteindrepour que leur mise aux normes soit réalisable. Enfin, 42% des moyens detransaction sont très éloignés des standards SEPA. Le constat desdifférences existant entre les normes requises par le SEPA et lesstandards nationaux actuellement utilisés dans les différents payseuropéens indique que le chemin vers la conformité sera difficile.

Le rapport insiste sur le fait que les communautés bancaires auront àdéfinir des plans de migration et de mise en oeuvre claires, mais qu'àl'échelle européenne, l'EPC (European Payments Council) devra s'assurerque ces plans seront alignés et coordonnés afin d'éviter desincohérences dans la mise en oeuvre du SEPA. Ceci dans le contexte oùles banques perdront 38 à 62% des revenus qu'elle tirent des activitésde paiement (soit une perte de 18 à 29 milliards d'euros après 2010).

Elles devront compenser cette baisse en réduisant leurs coûts internes,en optimisant leurs stratégies de prix et en stimulant (en particulierauprès des consommateurs) l'utilisation de moyens de paiementélectroniques, plus économiques, pour maintenir leur rentabilité.

Selon Ann Cairns, Directeur Général, Transaction Banking chez ABN AMRO, "l'implémentationet la migration vers le SEPA ne seront pas faciles. Les banques devrontadapter leurs stratégies de prix, d'internalisation etd'externalisation et pour certaines, le positionnement stratégique deleurs activités de paiements. Malgré ces challenges, les élémentsnécessaires à la mise en oeuvre du SEPA sont désormais en place. Aufinal, le SEPA bénéficiera au marché des paiements."

L'étude estime que le développement et l'augmentation des transactionshors espèces en Europe reste encore faible par rapport à l'objectif duSEPA. En effet, l'adoption de modes de paiement scripturaux est trèsvariable selon les pays et il n'y a pas de signe d'une convergenceunique des paiements hors espèces vers un niveau élevé de ces paiementspour les différents pays européens. Ces implications amènent lesbanques à s'interroger sur les aspects techniques et opérationnels àmettre en oeuvre. Selon Ann Cairns "lesbanques doivent analyser d'urgence les conséquences à court terme deleur conformité avec l'agenda 2008 au niveau réglementaire, mais aussiau niveau marketing et opérationnel. Elles auront aussi à évaluer si lemaintien ou le développement de leurs activités de paiements seraencore rentable à long terme."

Selon Bertrand Lavayssière, Directeur Général de Financial Services de Capgemini "le SEPA impose aux banques de réexaminer le positionnement stratégique deleur activité de paiements. Compte tenu de l'importance desinvestissements nécessaires pour atteindre la conformité, de laconcurrence accrue des nouveaux acteurs et de la baisse prévisible desrevenus, les banques auront besoin de trouver des leviers pourpréserver la rentabilité de leur activité de paiements. L'analyse desopportunités d'internalisation et d'externalisation ainsi que lerepositionnement du métier de paiement au sein de la banque peutfournir ces opportunités en plus de mesures d'optimisation des coûts." LeWorld Payments Report 2006 inclut deux scénarios de prévision desrevenues bancaires liés aux paiements (scénarios de concurrence dure etsoft) et un nouveau scénario "actif", basé sur un benchmark despaiements hors espèces en Europe, et qui évalue les opportunitésd'augmentation des revenus grâce à l'augmentation des volumes.
Le World Payments Report 2006 est disponible sur www.wpr06.com

Source : http://www.agefi.lu

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