La fin de la guerre froide à l’aube des années 1990 a marqué le début d'une nouvelle ère de stabilité politique mondiale qui aura duré un quart de siècle. Alors que les États-Unis représentaient la seule superpuissance au monde, ses valeurs mondiales de démocratie libérale et de capitalisme de libre marché ont été largement acceptées. Néanmoins, l'ordre mondial reste fluide et l'exceptionnalisme américain est aujourd’hui mis à rude épreuve. Les conflits politiques mondiaux s'intensifient et sont souvent menés par des moyens non conventionnels et indirects. La géopolitique aura une influence beaucoup plus prononcée sur l’évolution des marchés actions mondiaux à l'avenir et ces facteurs ne devraient donc pas être sous-estimés.
Dans son essai de 1989 intitulé « La fin de l'histoire ? », le philosophe politique Francis Fukuyama soutenait qu’à l’heure de la fin de la guerre froide, le monde adoptait enfin une forme définitive de gouvernement humain avec la démocratie libérale où le capitalisme de libre marché faisait consensus.
Au cours des 25 ans passés, sa théorie s’est avérée en grande partie correcte. Cependant, l’ordre mondial n’est pas immuable et les ambitions politiques internationales de certains pays ne le sont pas non plus. Des pays autrefois pauvres comme la Chine se sont considérablement enrichis et exigent aujourd'hui une voix politique sur la scène internationale à la hauteur de leur statut économique. La Russie, au coeur de l'ex-Union soviétique, s'est remise de sa « décennie perdue » des années 1990 et poursuit une fois de plus ses ambitions impérialistes.
Une multitude d'autres pays, dont le Brésil, l'Afrique du Sud, la Turquie, l'Égypte, l'Arabie Saoudite, l'Iran et l'Indonésie, bénéficient d'une plus grande autonomie politique régionale par rapport au passé récent.
La croissance des ambitions politiques internationales de ces pays coïncide avec la redéfinition par les États-Unis de ce que devrait être leur rôle dans le monde sous l'administration Trump sur fond de montée du populisme à l’américaine. Avec les États-Unis prônant une politique plus isolationniste, motivés par la conclusion d'accords bilatéraux et donnant la priorité à l'Amérique (« America First »), plutôt que de soutenir un vaste système multilatéral de valeurs libérales : tout cela conduira inéluctablement à une plus grande instabilité politique sur la scène internationale. C’est donc la fin de la "Fin de l'Histoire" de Fukuyama.
Les marchés financiers se sont habitués à un ordre mondial dominé par les États-Unis et soutenu par ses valeurs de libre-échange et de démocratie libérale. Au fur et à mesure que la mondialisation s'épanouissait, les entreprises multinationales et les capacités à générer des profits prospéraient. En parallèle, les marchés actions ont intégré une faible prime de risque géopolitique au niveau du coût du capital. Aujourd'hui, alors que la domination des États-Unis s’effrite lentement mais sûrement et que d'autres nations étendent leur propre sphère d'influence régionale (voire mondiale), ces valeurs démocratiques libérales favorables au commerce multinational ne vont plus de soi.
Les événements géopolitiques contemporains font l'objet d'une importante couverture médiatique, notamment le développement d’un programme de missiles nucléaires mené par la Corée du Nord, l'annexion de la Crimée par la Russie, la guerre civile en Syrie et la multiplication des revendications territoriales de la Chine en mer de Chine méridionale. A l'exception d’épisodes mineurs à court terme, aucun de ces événements n'a entamé la confiance des marchés financiers ou conduit à des corrections boursières d’envergure. Certaines voix critiques ont donc remis en question l'importance de la géopolitique pour les marchés financiers : d’après notre analyse, il convient de garder à l’esprit les points suivants :
1. Effets secondaires
Les investisseurs vont se concentrer de plus en plus sur les effets secondaires des événements géopolitiques, plutôt que sur les événements eux-mêmes. Par exemple, les participants de marché s'attendent déjà à ce que la Corée du Nord développe des armes nucléaires, donc de nouveaux rebondissements dans ce dossier ne risquent pas de les surprendre. Parmi les effets secondaires envisageables sur ce front, nous pourrions imaginer que l'administration Trump punirait un jour la Chine pour avoir soutenu Pyongyang, menant à des représailles de la part de la Chine. La loi du talion qui en résulterait aurait des implications beaucoup plus profondes pour les marchés.
2. Des changements lents mais profonds
Les mouvements « tectoniques » qui se produisent sur le plan politique international sont lents mais extrêmement profonds. Les hypothèses politiques libérales, à la base d’un certain nombre de systèmes (le libre-échange, la liberté de circulation et l’État de droit), bénéficient aujourd’hui d’une décote sur les marchés financiers, mais comme nous le montre notre analyse de l’univers émergent, de telles idées reçues peuvent évoluer radicalement avec le temps. Il est probable qu’une prime de risque géopolitique plus élevée deviendra la nouvelle norme pour les marchés à l’avenir.
3. Distorsions des flux de capitaux
Les liquidités fournies par les banques centrales provoquent aujourd’hui des distorsions dans les valorisations des actifs, et nous ne croyons pas que les prix de marché actuels prennent en compte le risque géopolitique de façon optimale. Une autre explication à la récente complaisance à l'égard du risque géopolitique est la montée en puissance de la gestion passive et des ETF, qui a faussé les flux de capitaux vers les marchés actions. Toutefois, suite aux récents soubresauts politiques, nous avons vu davantage de recours à certains actifs, dont l’or, le franc suisse, le yen japonais et l'indice "Défense" (Dow Jones U.S. Select Aerospace & Defense Index). Avec le retour du risque géopolitique, la valeur ajoutée d’une gestion active pourra retrouver grâce aux yeux des investisseurs.
Dans son essai de 1989 intitulé « La fin de l'histoire ? », le philosophe politique Francis Fukuyama soutenait qu’à l’heure de la fin de la guerre froide, le monde adoptait enfin une forme définitive de gouvernement humain avec la démocratie libérale où le capitalisme de libre marché faisait consensus.
Au cours des 25 ans passés, sa théorie s’est avérée en grande partie correcte. Cependant, l’ordre mondial n’est pas immuable et les ambitions politiques internationales de certains pays ne le sont pas non plus. Des pays autrefois pauvres comme la Chine se sont considérablement enrichis et exigent aujourd'hui une voix politique sur la scène internationale à la hauteur de leur statut économique. La Russie, au coeur de l'ex-Union soviétique, s'est remise de sa « décennie perdue » des années 1990 et poursuit une fois de plus ses ambitions impérialistes.
Une multitude d'autres pays, dont le Brésil, l'Afrique du Sud, la Turquie, l'Égypte, l'Arabie Saoudite, l'Iran et l'Indonésie, bénéficient d'une plus grande autonomie politique régionale par rapport au passé récent.
La croissance des ambitions politiques internationales de ces pays coïncide avec la redéfinition par les États-Unis de ce que devrait être leur rôle dans le monde sous l'administration Trump sur fond de montée du populisme à l’américaine. Avec les États-Unis prônant une politique plus isolationniste, motivés par la conclusion d'accords bilatéraux et donnant la priorité à l'Amérique (« America First »), plutôt que de soutenir un vaste système multilatéral de valeurs libérales : tout cela conduira inéluctablement à une plus grande instabilité politique sur la scène internationale. C’est donc la fin de la "Fin de l'Histoire" de Fukuyama.
Les marchés financiers se sont habitués à un ordre mondial dominé par les États-Unis et soutenu par ses valeurs de libre-échange et de démocratie libérale. Au fur et à mesure que la mondialisation s'épanouissait, les entreprises multinationales et les capacités à générer des profits prospéraient. En parallèle, les marchés actions ont intégré une faible prime de risque géopolitique au niveau du coût du capital. Aujourd'hui, alors que la domination des États-Unis s’effrite lentement mais sûrement et que d'autres nations étendent leur propre sphère d'influence régionale (voire mondiale), ces valeurs démocratiques libérales favorables au commerce multinational ne vont plus de soi.
Les événements géopolitiques contemporains font l'objet d'une importante couverture médiatique, notamment le développement d’un programme de missiles nucléaires mené par la Corée du Nord, l'annexion de la Crimée par la Russie, la guerre civile en Syrie et la multiplication des revendications territoriales de la Chine en mer de Chine méridionale. A l'exception d’épisodes mineurs à court terme, aucun de ces événements n'a entamé la confiance des marchés financiers ou conduit à des corrections boursières d’envergure. Certaines voix critiques ont donc remis en question l'importance de la géopolitique pour les marchés financiers : d’après notre analyse, il convient de garder à l’esprit les points suivants :
1. Effets secondaires
Les investisseurs vont se concentrer de plus en plus sur les effets secondaires des événements géopolitiques, plutôt que sur les événements eux-mêmes. Par exemple, les participants de marché s'attendent déjà à ce que la Corée du Nord développe des armes nucléaires, donc de nouveaux rebondissements dans ce dossier ne risquent pas de les surprendre. Parmi les effets secondaires envisageables sur ce front, nous pourrions imaginer que l'administration Trump punirait un jour la Chine pour avoir soutenu Pyongyang, menant à des représailles de la part de la Chine. La loi du talion qui en résulterait aurait des implications beaucoup plus profondes pour les marchés.
2. Des changements lents mais profonds
Les mouvements « tectoniques » qui se produisent sur le plan politique international sont lents mais extrêmement profonds. Les hypothèses politiques libérales, à la base d’un certain nombre de systèmes (le libre-échange, la liberté de circulation et l’État de droit), bénéficient aujourd’hui d’une décote sur les marchés financiers, mais comme nous le montre notre analyse de l’univers émergent, de telles idées reçues peuvent évoluer radicalement avec le temps. Il est probable qu’une prime de risque géopolitique plus élevée deviendra la nouvelle norme pour les marchés à l’avenir.
3. Distorsions des flux de capitaux
Les liquidités fournies par les banques centrales provoquent aujourd’hui des distorsions dans les valorisations des actifs, et nous ne croyons pas que les prix de marché actuels prennent en compte le risque géopolitique de façon optimale. Une autre explication à la récente complaisance à l'égard du risque géopolitique est la montée en puissance de la gestion passive et des ETF, qui a faussé les flux de capitaux vers les marchés actions. Toutefois, suite aux récents soubresauts politiques, nous avons vu davantage de recours à certains actifs, dont l’or, le franc suisse, le yen japonais et l'indice "Défense" (Dow Jones U.S. Select Aerospace & Defense Index). Avec le retour du risque géopolitique, la valeur ajoutée d’une gestion active pourra retrouver grâce aux yeux des investisseurs.
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