Marc Touati
Les conséquences à court terme vont être dramatiques. Nous allons tout d'abord assister à un krach boursier massif au Royaume-Uni et en Europe, mais aussi aux Etats-Unis et sur l'ensemble des places internationales. Si, dans un premier temps, ce krach suscitera un « flight to quality » vers les marchés obligataires, notamment allemands, l'incertitude suscitée par ce choc ne manquera pas d'engendrer des inquiétudes sur les comptes publics des Etats européens, suscitant progressivement une remontée des taux d'intérêt à long terme et in fine un krach obligataire dans de nombreux pays, y compris en France.
Parallèlement, après une appréciation technique (notamment dans le sillage de la forte baisse de la livre sterling), l'euro ne tardera pas à s'effondrer compte tenu de la défiance à l'égard de l'Union et de la zone euro.
Enfin, conséquence logique de ces évolutions, l'activité économique va chuter des deux côtés de la Manche. Cependant, comme nous l'expliquions la semaine dernière dans ces mêmes colonnes, le Royaume-Uni devrait mieux résister que la plupart de ses partenaires européens, grâce à une croissance structurelle plus forte. Cette dernière est effectivement de 2,5 % outre-Manche, contre 0,8 % dans l'UEM et en France.
De plus, il ne faut pas imaginer que des droits de douanes élevés vont s'appliquer aux produits britanniques dès demain. En effet, le Royaume-Uni va pouvoir renégocier ses relations commerciales avec l'Union européenne, ce qui permettra de limiter les dégâts et d'éviter une forte augmentation des droits de douanes des deux côtés de la Manche.
De même, imaginer que la City de Londres (c'est-à-dire sa place financière) pourrait émigrer à Paris et que de nombreuses entreprises britanniques installeraient leur siège social dans l'Hexagone tient de l'ineptie. Quel serait effectivement le chef d'entreprise assez fou pour installer son siège dans un enfer réglementaire et fiscal telle que la France alors qu'il dispose de nombreux « paradis fiscaux » juste à côté, tels que l'Irlande ou le Luxembourg ? Soyons donc sérieux. Quant à la City, elle a été renforcée par la non-participation à l'euro, elle devrait donc s'en sortir sans trop de difficultés avec le Brexit.
En fait, si les coûts directs du Brexit devraient rester limités, les coûts indirects risquent d'être conséquents. En effet, la boîte de Pandore de l'Exit a été ouverte et ne pourra plus être refermée. D'ores et déjà, un mouvement de contagion est en train de se mettre en place. En fait, le choix malheureux des Britanniques a définitivement cassé la construction européenne telle que nous la connaissons depuis l'après-guerre. Un mouvement de défiance internationale à l'égard de l'Union va donc s'engager.
La tempête financière qui vient de commencer va donc se poursuivre, voire s'intensifier. Une onde de choc plus dévastatrice que celle qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 pourrait même s'observer. En effet, en 2008, les autorités monétaires et budgétaires internationales ont agi massivement pour relancer la machine économique et financière.
Aujourd'hui, même si les banques centrales sont en train d'intervenir sur les marchés pour limiter la casse, les cartouches de politique économique restent très limitées pour ne pas dire inexistantes. Et pour cause : les taux d'intérêt monétaires sont déjà proches de 0 %, la « planche à billets » a déjà été utilisée et les déficits publics restent trop élevés pour permettre une relance budgétaire (excepté en Allemagne). Dans ce cadre, le tsunami du Brexit risque d'être plus tenace et dévastateur que celui de 2008.
De plus, après le Brexit, d'autres dangers menacent les marchés financiers internationaux et par là même la croissance mondiale. A commencer, dès dimanche 26 juin, par les élections législatives en Espagne. Si la victoire des eurosceptiques britanniques donne des ailes à leurs homologues espagnols, propulsant Podémos et ses alliés au pouvoir, ce sera une nouvelle crise grecque puissance cinq.
Sur cela viennent évidemment s'ajouter les blocages de l'économie française qui apparaît de plus en plus irréformable, les risques géopolitiques et les menaces d'attentats ou encore les tensions liées aux élections présidentielles américaines.
C'est d'ailleurs là que réside le vrai drame du Brexit : il plonge le monde dans l'inconnu. En vingt ans, il s'agit d'ailleurs du troisième saut dans l'inconnu de cette ampleur, après le 11 septembre 2001 et la faillite de Lehman Brothers. Certes, comme nous l'évoquions il y a quelques semaines, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Mais encore faut-il rester vivants…
C'est en cela que le drame du Brexit doit être utilisé par les dirigeants européens pour relancer un vrai projet européen et faire de l'Union une terre de croissance forte. Sinon, les populismes et l'euroscepticisme continueront de se développer.
En conclusion, en route vers le krach boursier, puis le krach obligataire et surtout la récession et la montée du chômage. Une vraie horreur économique. Bon courage à tous !
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Parallèlement, après une appréciation technique (notamment dans le sillage de la forte baisse de la livre sterling), l'euro ne tardera pas à s'effondrer compte tenu de la défiance à l'égard de l'Union et de la zone euro.
Enfin, conséquence logique de ces évolutions, l'activité économique va chuter des deux côtés de la Manche. Cependant, comme nous l'expliquions la semaine dernière dans ces mêmes colonnes, le Royaume-Uni devrait mieux résister que la plupart de ses partenaires européens, grâce à une croissance structurelle plus forte. Cette dernière est effectivement de 2,5 % outre-Manche, contre 0,8 % dans l'UEM et en France.
De plus, il ne faut pas imaginer que des droits de douanes élevés vont s'appliquer aux produits britanniques dès demain. En effet, le Royaume-Uni va pouvoir renégocier ses relations commerciales avec l'Union européenne, ce qui permettra de limiter les dégâts et d'éviter une forte augmentation des droits de douanes des deux côtés de la Manche.
De même, imaginer que la City de Londres (c'est-à-dire sa place financière) pourrait émigrer à Paris et que de nombreuses entreprises britanniques installeraient leur siège social dans l'Hexagone tient de l'ineptie. Quel serait effectivement le chef d'entreprise assez fou pour installer son siège dans un enfer réglementaire et fiscal telle que la France alors qu'il dispose de nombreux « paradis fiscaux » juste à côté, tels que l'Irlande ou le Luxembourg ? Soyons donc sérieux. Quant à la City, elle a été renforcée par la non-participation à l'euro, elle devrait donc s'en sortir sans trop de difficultés avec le Brexit.
En fait, si les coûts directs du Brexit devraient rester limités, les coûts indirects risquent d'être conséquents. En effet, la boîte de Pandore de l'Exit a été ouverte et ne pourra plus être refermée. D'ores et déjà, un mouvement de contagion est en train de se mettre en place. En fait, le choix malheureux des Britanniques a définitivement cassé la construction européenne telle que nous la connaissons depuis l'après-guerre. Un mouvement de défiance internationale à l'égard de l'Union va donc s'engager.
La tempête financière qui vient de commencer va donc se poursuivre, voire s'intensifier. Une onde de choc plus dévastatrice que celle qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 pourrait même s'observer. En effet, en 2008, les autorités monétaires et budgétaires internationales ont agi massivement pour relancer la machine économique et financière.
Aujourd'hui, même si les banques centrales sont en train d'intervenir sur les marchés pour limiter la casse, les cartouches de politique économique restent très limitées pour ne pas dire inexistantes. Et pour cause : les taux d'intérêt monétaires sont déjà proches de 0 %, la « planche à billets » a déjà été utilisée et les déficits publics restent trop élevés pour permettre une relance budgétaire (excepté en Allemagne). Dans ce cadre, le tsunami du Brexit risque d'être plus tenace et dévastateur que celui de 2008.
De plus, après le Brexit, d'autres dangers menacent les marchés financiers internationaux et par là même la croissance mondiale. A commencer, dès dimanche 26 juin, par les élections législatives en Espagne. Si la victoire des eurosceptiques britanniques donne des ailes à leurs homologues espagnols, propulsant Podémos et ses alliés au pouvoir, ce sera une nouvelle crise grecque puissance cinq.
Sur cela viennent évidemment s'ajouter les blocages de l'économie française qui apparaît de plus en plus irréformable, les risques géopolitiques et les menaces d'attentats ou encore les tensions liées aux élections présidentielles américaines.
C'est d'ailleurs là que réside le vrai drame du Brexit : il plonge le monde dans l'inconnu. En vingt ans, il s'agit d'ailleurs du troisième saut dans l'inconnu de cette ampleur, après le 11 septembre 2001 et la faillite de Lehman Brothers. Certes, comme nous l'évoquions il y a quelques semaines, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Mais encore faut-il rester vivants…
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