Vendredi 4 Octobre 2019
Laurent Leloup

La blockchain se met au service de l’assurance

Par Cyril Armange, Directeur des partenariats du Pôle de compétitivité mondial Finance Innovation


Dans une industrie de l’assurance en pleine mutation, les acteurs font face à de nouveaux défis. Assureurs et mutuelles ont alors tout intérêt à se saisir des opportunités apportées par la blockchain en termes de réduction des coûts, d’efficacité opérationnelle, de sécurité et de transparence.

Avec 5 trillions de dollars de prime globale collectée en 2017, l’industrie de l’assurance possède un poids plus que considérable au sein de l’économie mondiale. Sans compter le rôle important qu’elle joue dans la protection des personnes et des entreprises. Néanmoins, malgré une hausse globale des primes, les résultats techniques pâtissent en raison de la dégradation sensible de la sinistralité, du poids de la réglementation et d’une baisse des primes dans les marchés les plus matures et les plus concurrentiels.

La technologie pour répondre aux nouveaux enjeux

Rien d’étonnant donc à ce que plusieurs études, dont le rapport McKinsey sur les évolutions de l’assurance à horizon 2030[1] et l’étude de Ryan sur les secteurs prêts pour la disruption[2], identifient l’assurance comme l’un des principaux secteurs prêts à faire l’objet de transformations profondes grâce aux nouvelles technologies. En particulier, la blockchain est perçue comme la technologie idéale pour transformer ce secteur en recherche de solutions.

Plusieurs cas d’usage ont été identifiés. Dans la gestion de sinistres où la blockchain est idéale pour apporter une preuve, la situer dans le temps et même la géolocaliser, des initiatives ont d’ores et déjà émergé, telles que Chainly, pour l’automobile, et Monuma, pour les objets de valeur. La blockchain a également été testée sur des « smart contracts » pour digitaliser un contrat d’assurance ou de réassurance.

Les points critiques améliorables avec la blockchain

La blockchain peut contribuer à optimiser fortement la souscription d’une police d’assurance, caractérisée par des échanges récurrents de données à la volumétrie conséquente. Une police d’assurance ou un traité de réassurance est en effet généralement conclu pour une durée d’un an et se renouvelle chaque année. À chaque souscription ou renouvellement, des volumes importants de données sont échangés pour pouvoir évaluer le risque et le tarifer. Les données sont souvent caduques ou nécessitent encore une mise à jour dès leur réception en bout de chaîne par les réassureurs et les rétrocessionnaires. Ces échanges volumineux nécessitent ainsi des traitements lourds et surtout longs pour aller du client aux preneurs de risque ultimes. Une situation que peut tout à fait résoudre la blockchain.

Cette technologie pourrait également améliorer la relation client, dans un environnement de plus en plus concurrentiel et face à une matière assurable limitée. Dans les marchés matures des États-Unis et de l’Europe occidentale, bien que les assureurs multiplient les initiatives pour réduire les prix, augmenter les couvertures et améliorer la relation et les services apportés aux clients, ceux-ci restent encore peu satisfaits.

Par ailleurs, la blockchain pourrait également jouer un rôle clé dans la gestion de sinistre, aujourd’hui coûteuse et exacerbée par la fraude. En 2015, la fraude à l’assurance a représenté un coût d’environ 2,5 M€ pour l’assurance dommages seule, soit environ 5 % des primes. Un chiffre qui ne cesse de progresser.

Enfin, dans un contexte où l’essor des réglementations – Solvabilité II, DDA, RGPD, pour ne citer qu’elles – pèsent lourdement sur les ressources des assureurs, la blockchain permettra d’alléger le coût de la conformité.

La solution : faire naître des plateformes de place

Pour favoriser l’implémentation de la technologie blockchain dans l’industrie, une des pistes de réflexion peut être la création de plateformes de place intégrant les différents acteurs de la chaîne de valeur (intermédiaires, assureurs, réassureurs) autour de grandes typologies de cas d’usage (IARD, assurance-vie…) via une approche consortium. Une plateforme qui disposerait alors d’une infrastructure ouverte pour permettre à d’autres acteurs de l’écosystème de s’intégrer (insurtechs pour améliorer les parcours client via des solutions de déclaration de sinistre, réparateurs pour estimer les coûts du sinistre, acteurs traditionnels pour la partie contractuelle et transactionnelle).

Une telle plateforme aurait plusieurs objectifs. D’abord, pouvoir avoir des échanges instantanés, transparents et fluides : la souscription de la police s’effectuera via un « smart contract » accessible par l’assureur et le distributeur de manière instantanée et, par la suite, par le réassureur qui aura une vision transparente des risques dans les portefeuilles transférés. En cas de sinistre, les données d’un constat de dommage seront également visibles de manière instantanée par toutes les parties prenantes. En cas d’aggravation du risque suite à un accident corporel par exemple, la mise à jour de l’information sera dynamique et transmise en quelques secondes plutôt qu’à la mise à jour de portefeuille qui peut prendre plusieurs mois. Cette actualisation permettra une meilleure évaluation des sinistres, une tarification juste, une évaluation des engagements en temps réel ainsi qu’une estimation plus précise des provisions et des besoins en réassurance.

Au-delà de cet aspect, cette plateforme permettrait d’impliquer les principaux acteurs du marché par le choix dans un premier temps de cas d’usage « non compétitifs » où chacun trouvera des avantages, mais aussi d’étendre la couverture à d’autres pays. Un véritable enjeu au vu du caractère international de l’assurance !

[1] « Insurance 2030 : the impact of AI on the future of insurance », McKinsey (2017) - www.mckinsey.com/industries/financial-services/our-insights/insurance-2030-the-impact-of-ai-on-the-future-of-insurance.
[2] « Industries ready for disruption 2018 », Ryan (2018) - www.inc.com/kevin-j-ryan/industries-ready-for-disruption-2018.html.

A propos de Finance Innovation
Finance Innovation, créé par l’Etat et sous l’impulsion en 2007 de Paris EUROPLACE, la Place financière de Paris, est un Pôle de compétitivité mondial, d’intérêt général, tiers de confiance pour ses membres et son écosystème. Il est dédié à l’accompagnement et à la croissance des projets innovants pour la compétitivité de l’industrie financière française et la création d’emplois, en France et à l’international.
Fort d’un réseau de plus de 600 membres (Pouvoirs publics, Collectivités territoriales, Grandes entreprises, TPE/PME, Startups, Fintechs, Académiques, etc.), Finance Innovation fédère un écosystème large à travers 6 filières stratégiques : Banque, Assurance, Gestion d’Actifs, Métiers du Chiffre et du Conseil, Immobilier/Smart City, Finance durable/Economie sociale et solidaire;
Finance Innovation labellise des projets innovants en vue de les accompagner dans la structuration de partenariats commerciaux et capitalistiques. Plus de 600 projets ont été labellisés à ce jour et ont bénéficié de financements publics et privés de plus de 400 millions d’euros au total.
https://finance-innovation.org/

Finyear & Chaineum

Lisez gratuitement le quotidien Finyear & sa newsletter quotidienne.
Recevez chaque matin par mail la newsletter Finyear, une sélection quotidienne des meilleures infos et expertises en finance digitale, corporate finance & crypto finance.

Read for free The daily newspaper Finyear & its daily newsletter.
Receive the Finyear's newsletter every morning by email, a daily snapshot of the best news and expertise in digital finance, corporate finance & crypto finance.

------------------------

Chaineum :
Fondée en 2015, Chaineum est un cabinet de conseil en opérations de haut de bilan offrant une expertise de premier plan en matière d’ICO et STO, avec une vision stratégique orientée tant vers le métier de ses clients que sur la technologie blockchain. A ce titre, Chaineum a participé à la mise en œuvre de bonnes pratiques dans le secteur (ICO Charter, Security Token Network).
La division services blockchain de Chaineum, développe la technologie Chaineum Segment, une blockchain privée orientée objets.

About Chaineum:
Founded in 2015, Chaineum is a leading corporate finance advisory firm with a strong expertise in ICO and STO, and a strategic focus on both its clients' business and blockchain technology. As such, Chaineum paved the way in the implementation of certain best practices in this sector (ICO Charter, Security Token Network).
Chaineum's blockchain services division, is developing Chaineum Segment technology, an object-oriented private blockchain.

-------------------------

No Offer, Solicitation, Investment Advice, or Recommendations

This website is for informational purposes only and does not constitute an offer to sell, a solicitation to buy, or a recommendation for any security, nor does it constitute an offer to provide investment advisory or other services by FINYEAR.
No reference to any specific security constitutes a recommendation to buy, sell or hold that security or any other security.
Nothing on this website shall be considered a solicitation or offer to buy or sell any security, future, option or other financial instrument or to offer or provide any investment advice or service to any person in any jurisdiction.
Nothing contained on the website constitutes investment advice or offers any opinion with respect to the suitability of any security, and the views expressed on this website should not be taken as advice to buy, sell or hold any security. In preparing the information contained in this website, we have not taken into account the investment needs, objectives and financial circumstances of any particular investor.
This information has no regard to the specific investment objectives, financial situation and particular needs of any specific recipient of this information and investments discussed may not be suitable for all investors.
Any views expressed on this website by us were prepared based upon the information available to us at the time such views were written. Changed or additional information could cause such views to change.
All information is subject to possible correction. Information may quickly become unreliable for various reasons, including changes in market conditions or economic circumstances.


Articles similaires