Christophe Lejeune
La France et l’Allemagne viennent d’annoncer des initiatives pour le numérique lors du dernier sommet franco-allemand de ce mardi 13 décembre.
Selon le journal Le Monde, nos gouvernements ont acté que “leur coopération...est urgente et nécessaire afin que puisse émerger un véritable écosystème internet européen face à la concurrence américaine et asiatique”.
Les strates des ministères et de la haute fonction publique sont en décalage total avec le monde numérique actuel et son rythme d’évolution. Il est plus que temps qu’ils passent la main et cessent d’appliquer les méthodes des années 60. L’ampleur de la révolution à mener dans les esprits est comparable à la Pérestroïka et la chute de l’URSS, toute connotation politique mise à part.
De quoi décide-t-on mardi dernier ? D’un fonds d’investissement public et de l’élaboration de standards communs, les bonnes vieilles recettes qui ont magistralement échoué il y a quelques années avec le “cloud souverain” français. Vous vous rappelez des 250 millions d’euros déversés dans des Cloudwatt et Numergy ? que sont-ils devenus ?
De standards européens ? Mais les standards s’imposent sur le marché, pas dans les ministères, Google détient plus de 90% des parts de marché de la recherche internet, 100% des entreprises structurent leur site web et leur contenu sur internet pour être bien référencé par le géant de la Silicon Valley. OS, Moteur de recherche, réseaux sociaux, cloud public, base de données, logiciels bureautiques sont dominés à l’échelle mondiale par Microsoft, Oracle, Google, Amazon, Facebook. Le monopole de la Standard Oil, pourtant démantelée au début du XXème siècle, n’était rien à côté de l’oligopole planétaire de ces cinq géants.
Prétendre contrer cela avec des standards émis par deux gouvernements européens ferait presque sourire si ce n’était pathétique. Juste un exemple, dans les bonnes pratiques de l’ANSSI, Agence nationale pour la Sécurité des Système d’Information, figure une note mettant en garde contre les risques liés à la virtualisation de serveurs, une technologie qui s’est imposée à 99% du marché depuis plus de 10 ans ! Soyons réaliste, les normes auront toujours 5 ans de retard sur le marché et ne feront que faire peser un fardeau supplémentaire sur les seules entreprises européennes, car les géants anglo-saxons auront les moyens soit de s’en affranchir, soit d’en amortir les frais.
Alors n’y a-t-il rien à faire ? faut-il baisser les bras ? non bien sûr, il y a plein de chose à faire. Voici quelques propositions :
Renouveler le personnel
Il faut Intégrer dans les structures de l’état et des administrations des professionnels jeunes, nés avec la révolution numérique et non membres de l’administration afin d’opérer une mixité qui nous permette d’intégrer le fonctionnement et les réflexes de cette nouvelle économie. Introduire une vraie compréhension de l’économie numérique dans le secteur public, et accepter les remises en cause que cela peut entraîner, voilà qui favorisera le terrain de l’innovation. Il y a effectivement urgence. Qui le nouveau président américain à peine élu fait-il venir dans sa tour ? Les grands patrons de la Silicon Valley qui ont pourtant pris majoritairement position contre lui pendant la campagne.
Faire sauter le verrou des procédures de marché public
Le secteur public est un donneur d’ordre au poids considérable, il est par ailleurs un des consommateurs de cette révolution numérique. Vous n’êtes pas convaincus ? En quelques années toutes les démarches administratives sont passées en guichet numérique. En dépit des critiques, le portail Admission Post Bac (APB) est une révolution extraordinaire, la déclaration d’impôts en ligne s’est imposée rapidement alors qu’elle cumulait plusieurs défis majeurs, dont un volume en millions de contribuables et un pic d’activité phénoménal.
Et pourtant, de trop nombreux appels d’offre sont un véritable “tue l’innovation”. Cahier des charges complètement fermé en termes de solution, description du besoin incomplet et parfois inexact, procédure totalement écrite sans aucun dialogue compétitif, Bref tout ce qu’il faut pour éviter une vraie mise en concurrence et ouvrir la possibilité à des solutions innovantes d’être retenues et, au minimum, sérieusement évaluées.
Casser les positions établies
Dans de nombreux domaines, la puissance publique aurait la possibilité de créer des brèches dans les monopoles d’aujourd’hui. Prenez le cas des logiciels bureautiques dominé par un acteur bien connu. Ces logiciels sont datés, vieillots, pleins de bugs, lourds à mettre à jour, coûteux, et pourtant ils se maintiennent alors que 90% des utilisateurs n’utilisent pas 10% de leurs fonctionnalités. Il y a eu des tentatives pour desserrer le monopole et ouvrir un espace à la concurrence, mais cela n’a jamais suivi. Quand l’Etat a voulu pousser en faveur des logiciels libres, il n’a même pas su se l’appliquer à lui-même.
Il faut pourtant utiliser ce levier pour forcer ces géants à sentir le boulet de la concurrence qu’ils savent si bien étouffer. Pourquoi achètent-ils pour des sommes fabuleuses des start-up qui ne font pas encore de chiffre d’affaires ? Pour tuer toute concurrence. Et quand il est quasiment impossible de gagner des marchés à la loyale pour une jeune entreprise, il est plus simple de se vendre à un acteur dominant.
Faire respecter le droit fiscal et le droit de la concurrence
Tous les états européens sont en compétition pour offrir les conditions les plus favorables aux géants américains. Régime fiscal dérogatoire, prix de transfert ridicules, c’est tout un pan de l’activité économique qui ne joue pas selon les règles. Uber vend ses courses en dessous de son prix de revient et emploie du personnel par milliers en jouant avec le droit du travail. Un grand nombre de ces acteurs américains ont leur personnel français “basé” au Luxembourg ! Et personne ne dit rien ? Sans ajouter aucun protectionnisme, appliquons normalement le droit européen à ces géants, et alors, les entreprises européennes seront à égalité des chances.
Stimuler les grands européens de la technologie
Le secteur technologique est dynamique en Europe, mais dans le secteur numérique on ne développe que très peu de technologie : nous avons de grandes SSII mais peu de grands éditeurs ou fournisseurs de technologies. Combien de Dassault Systèmes, Criteo ou SAP pour combien de Cap Gemini, SopraSteria, T-Systems, ou Atos. Ces sociétés ne sont que des intégrateurs, ils ne font pas de recherche, ne développent pas de technologies, n’innovent pas. C’est plus simple et moins risqué. Mais il ne reste pour les ingénieurs européens que la portion congrue entre les plateformes off-shore parties dans les pays à bas coûts et les emplois fortement qualifiés et rémunérés qui sont de l’autre côté de l’Atlantique.
Dans le spatial, l’aéronautique, les transports terrestres, l’armement, le médical, nous avons de vrais leaders mondiaux qui font de la recherche-développement, pourquoi pas dans l’informatique ? Pourtant ce n’est pas la matière grise de qualité qui manque, et bien moins payée que les ingénieurs californiens. Pourquoi le secteur public qui est le premier client des grandes SSII n’est-il pas plus exigeant avec elles ? Pourquoi ne les met-il pas en concurrence avec des sociétés plus jeunes et plus petites mais véritablement innovantes ? Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais.
Favoriser le capital-risque et les stock-options
On ne favorise pas le développement d’une high Tech européenne avec des décrets et des normes mais par un circuit de financement. Et pas par un fonds public. Investir dans la technologie numérique est éminemment risqué et difficile, on ne peut espérer le faire avec un fond public. Il faut donc aider le développement d’un écosystème du capital-risque privé plus puissant, et accepter de jouer le jeu en menant les deux actions qui sont unanimement reconnues comme ayant un effet direct sur le financement de l’innovation :
1. Réorienter une partie de l’épargne vers les fonds d’investissement technologiques , c’est que ce demandent tous les professionnels du secteur high Tech, pas la peine de commander une étude hors de prix à un cabinet de conseil multinational.
2. Rétablir un régime favorable et simple pour que les salariés qui quittent leur poste pour une aventure risquée, bénéficient de la réussite du projet, et pas seulement les actionnaires financiers. Stock-options, actions gratuites, … peu importe la formule, du moment qu’il en existe une assez simple et pérenne dans le temps.
Les investisseurs et fondateurs qui ont réussi dans l’innovation sont les premiers à financer les paris les plus risqués. Regardez Elon Musk qui a réinvesti l’argent gagné dans PayPal avec Tesla, et encore plus fou, Hyperloop. Ou encore Xavier Niel avec son fonds Kima Venture et son école 42.
Faciliter encore davantage un marché européen unique
Une entreprise américaine cumule des avantages considérables sur son homologue européenne. Du garage où elle démarre, elle a accès à un marché gigantesque qui parle une langue unique, avec une monnaie unique, un régime fiscal et juridique quasi semblable.
En face, une entreprise européenne adresse au mieux un marché national un peu plus grand que la seule Californie, ensuite elle attaque un autre pays, une autre langue, une autre législation...Puis rapidement elle doit parvenir à percer sur le marché américain car réussir sur le marché européen n’est pas suffisant.
Faire en sorte que pour une entreprise européenne, il soit aussi simple de vendre en Allemagne qu’en France, voilà un vrai enjeu. Que l’Etat français soit capable de choisir une start-up allemande ou italienne pour remplacer un logiciel établi, voilà un vrai atout pour l’innovation européenne.
Ce marché européen est capital parce que, à l’heure actuelle, la sortie d’un investisseur d’une startup technologique européenne se fait le plus souvent par la vente à un grand groupe, au lieu de continuer à investir pour la développer à l’international, ce qui est risqué et coûteux.
Se réformer, pas règlementer
Oui, il faut résister aux vieux réflexes, il faut que l’état abandonne l’idée de réglementer pour développer le secteur de la technologie. L’innovation peut être canalisée par des règlements pour protéger les citoyens contre les abus, mais elle ne se décrète pas en imposant des normes. Ensuite, il y a un risque majeur que les entreprises européennes soient les premières désavantagées par ces nouvelles règles, ne serait-ce que parce que ces dernières s’appliqueront sur leur marché naturel.
Les Etats européens devraient se concentrer sur les conditions de marché et sur leurs propres pratiques d’achat pour créer les conditions favorables d’émergence de nouvelles entreprises réellement innovantes.
Parmi les 7 candidats à la primaire de la droite, seule une femme a consacré une part significative de son discours à la transformation numérique. Ce sera probablement la même chose pour la primaire de la gauche. Cela montre bien à quel point le personnel public doit se renouveler et renouveler son approche pour faire face à ces défis.
Et pour le reste, laissons la profession montrer de quoi elle est capable en Europe.
Par Christophe Lejeune, Directeur Général d’Alfa-Safety
Après un parcours professionnel entièrement orienté IT (Mangoosta, Archos, Sigma Informatique...), Christophe Le Jeune reprend Alfa Safety en 2015 afin d'accélérer son développement.
Implantée à Nantes et Paris, Alfa Safety propose des solutions informatiques et de téléphonie pour ses clients.
Christophe Lejeune est expert du marché des infrastructures informatiques, de l'infogérance, les datacenter et le cloud computing.
Selon le journal Le Monde, nos gouvernements ont acté que “leur coopération...est urgente et nécessaire afin que puisse émerger un véritable écosystème internet européen face à la concurrence américaine et asiatique”.
Les strates des ministères et de la haute fonction publique sont en décalage total avec le monde numérique actuel et son rythme d’évolution. Il est plus que temps qu’ils passent la main et cessent d’appliquer les méthodes des années 60. L’ampleur de la révolution à mener dans les esprits est comparable à la Pérestroïka et la chute de l’URSS, toute connotation politique mise à part.
De quoi décide-t-on mardi dernier ? D’un fonds d’investissement public et de l’élaboration de standards communs, les bonnes vieilles recettes qui ont magistralement échoué il y a quelques années avec le “cloud souverain” français. Vous vous rappelez des 250 millions d’euros déversés dans des Cloudwatt et Numergy ? que sont-ils devenus ?
De standards européens ? Mais les standards s’imposent sur le marché, pas dans les ministères, Google détient plus de 90% des parts de marché de la recherche internet, 100% des entreprises structurent leur site web et leur contenu sur internet pour être bien référencé par le géant de la Silicon Valley. OS, Moteur de recherche, réseaux sociaux, cloud public, base de données, logiciels bureautiques sont dominés à l’échelle mondiale par Microsoft, Oracle, Google, Amazon, Facebook. Le monopole de la Standard Oil, pourtant démantelée au début du XXème siècle, n’était rien à côté de l’oligopole planétaire de ces cinq géants.
Prétendre contrer cela avec des standards émis par deux gouvernements européens ferait presque sourire si ce n’était pathétique. Juste un exemple, dans les bonnes pratiques de l’ANSSI, Agence nationale pour la Sécurité des Système d’Information, figure une note mettant en garde contre les risques liés à la virtualisation de serveurs, une technologie qui s’est imposée à 99% du marché depuis plus de 10 ans ! Soyons réaliste, les normes auront toujours 5 ans de retard sur le marché et ne feront que faire peser un fardeau supplémentaire sur les seules entreprises européennes, car les géants anglo-saxons auront les moyens soit de s’en affranchir, soit d’en amortir les frais.
Alors n’y a-t-il rien à faire ? faut-il baisser les bras ? non bien sûr, il y a plein de chose à faire. Voici quelques propositions :
Renouveler le personnel
Il faut Intégrer dans les structures de l’état et des administrations des professionnels jeunes, nés avec la révolution numérique et non membres de l’administration afin d’opérer une mixité qui nous permette d’intégrer le fonctionnement et les réflexes de cette nouvelle économie. Introduire une vraie compréhension de l’économie numérique dans le secteur public, et accepter les remises en cause que cela peut entraîner, voilà qui favorisera le terrain de l’innovation. Il y a effectivement urgence. Qui le nouveau président américain à peine élu fait-il venir dans sa tour ? Les grands patrons de la Silicon Valley qui ont pourtant pris majoritairement position contre lui pendant la campagne.
Faire sauter le verrou des procédures de marché public
Le secteur public est un donneur d’ordre au poids considérable, il est par ailleurs un des consommateurs de cette révolution numérique. Vous n’êtes pas convaincus ? En quelques années toutes les démarches administratives sont passées en guichet numérique. En dépit des critiques, le portail Admission Post Bac (APB) est une révolution extraordinaire, la déclaration d’impôts en ligne s’est imposée rapidement alors qu’elle cumulait plusieurs défis majeurs, dont un volume en millions de contribuables et un pic d’activité phénoménal.
Et pourtant, de trop nombreux appels d’offre sont un véritable “tue l’innovation”. Cahier des charges complètement fermé en termes de solution, description du besoin incomplet et parfois inexact, procédure totalement écrite sans aucun dialogue compétitif, Bref tout ce qu’il faut pour éviter une vraie mise en concurrence et ouvrir la possibilité à des solutions innovantes d’être retenues et, au minimum, sérieusement évaluées.
Casser les positions établies
Dans de nombreux domaines, la puissance publique aurait la possibilité de créer des brèches dans les monopoles d’aujourd’hui. Prenez le cas des logiciels bureautiques dominé par un acteur bien connu. Ces logiciels sont datés, vieillots, pleins de bugs, lourds à mettre à jour, coûteux, et pourtant ils se maintiennent alors que 90% des utilisateurs n’utilisent pas 10% de leurs fonctionnalités. Il y a eu des tentatives pour desserrer le monopole et ouvrir un espace à la concurrence, mais cela n’a jamais suivi. Quand l’Etat a voulu pousser en faveur des logiciels libres, il n’a même pas su se l’appliquer à lui-même.
Il faut pourtant utiliser ce levier pour forcer ces géants à sentir le boulet de la concurrence qu’ils savent si bien étouffer. Pourquoi achètent-ils pour des sommes fabuleuses des start-up qui ne font pas encore de chiffre d’affaires ? Pour tuer toute concurrence. Et quand il est quasiment impossible de gagner des marchés à la loyale pour une jeune entreprise, il est plus simple de se vendre à un acteur dominant.
Faire respecter le droit fiscal et le droit de la concurrence
Tous les états européens sont en compétition pour offrir les conditions les plus favorables aux géants américains. Régime fiscal dérogatoire, prix de transfert ridicules, c’est tout un pan de l’activité économique qui ne joue pas selon les règles. Uber vend ses courses en dessous de son prix de revient et emploie du personnel par milliers en jouant avec le droit du travail. Un grand nombre de ces acteurs américains ont leur personnel français “basé” au Luxembourg ! Et personne ne dit rien ? Sans ajouter aucun protectionnisme, appliquons normalement le droit européen à ces géants, et alors, les entreprises européennes seront à égalité des chances.
Stimuler les grands européens de la technologie
Le secteur technologique est dynamique en Europe, mais dans le secteur numérique on ne développe que très peu de technologie : nous avons de grandes SSII mais peu de grands éditeurs ou fournisseurs de technologies. Combien de Dassault Systèmes, Criteo ou SAP pour combien de Cap Gemini, SopraSteria, T-Systems, ou Atos. Ces sociétés ne sont que des intégrateurs, ils ne font pas de recherche, ne développent pas de technologies, n’innovent pas. C’est plus simple et moins risqué. Mais il ne reste pour les ingénieurs européens que la portion congrue entre les plateformes off-shore parties dans les pays à bas coûts et les emplois fortement qualifiés et rémunérés qui sont de l’autre côté de l’Atlantique.
Dans le spatial, l’aéronautique, les transports terrestres, l’armement, le médical, nous avons de vrais leaders mondiaux qui font de la recherche-développement, pourquoi pas dans l’informatique ? Pourtant ce n’est pas la matière grise de qualité qui manque, et bien moins payée que les ingénieurs californiens. Pourquoi le secteur public qui est le premier client des grandes SSII n’est-il pas plus exigeant avec elles ? Pourquoi ne les met-il pas en concurrence avec des sociétés plus jeunes et plus petites mais véritablement innovantes ? Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais.
Favoriser le capital-risque et les stock-options
On ne favorise pas le développement d’une high Tech européenne avec des décrets et des normes mais par un circuit de financement. Et pas par un fonds public. Investir dans la technologie numérique est éminemment risqué et difficile, on ne peut espérer le faire avec un fond public. Il faut donc aider le développement d’un écosystème du capital-risque privé plus puissant, et accepter de jouer le jeu en menant les deux actions qui sont unanimement reconnues comme ayant un effet direct sur le financement de l’innovation :
1. Réorienter une partie de l’épargne vers les fonds d’investissement technologiques , c’est que ce demandent tous les professionnels du secteur high Tech, pas la peine de commander une étude hors de prix à un cabinet de conseil multinational.
2. Rétablir un régime favorable et simple pour que les salariés qui quittent leur poste pour une aventure risquée, bénéficient de la réussite du projet, et pas seulement les actionnaires financiers. Stock-options, actions gratuites, … peu importe la formule, du moment qu’il en existe une assez simple et pérenne dans le temps.
Les investisseurs et fondateurs qui ont réussi dans l’innovation sont les premiers à financer les paris les plus risqués. Regardez Elon Musk qui a réinvesti l’argent gagné dans PayPal avec Tesla, et encore plus fou, Hyperloop. Ou encore Xavier Niel avec son fonds Kima Venture et son école 42.
Faciliter encore davantage un marché européen unique
Une entreprise américaine cumule des avantages considérables sur son homologue européenne. Du garage où elle démarre, elle a accès à un marché gigantesque qui parle une langue unique, avec une monnaie unique, un régime fiscal et juridique quasi semblable.
En face, une entreprise européenne adresse au mieux un marché national un peu plus grand que la seule Californie, ensuite elle attaque un autre pays, une autre langue, une autre législation...Puis rapidement elle doit parvenir à percer sur le marché américain car réussir sur le marché européen n’est pas suffisant.
Faire en sorte que pour une entreprise européenne, il soit aussi simple de vendre en Allemagne qu’en France, voilà un vrai enjeu. Que l’Etat français soit capable de choisir une start-up allemande ou italienne pour remplacer un logiciel établi, voilà un vrai atout pour l’innovation européenne.
Ce marché européen est capital parce que, à l’heure actuelle, la sortie d’un investisseur d’une startup technologique européenne se fait le plus souvent par la vente à un grand groupe, au lieu de continuer à investir pour la développer à l’international, ce qui est risqué et coûteux.
Se réformer, pas règlementer
Oui, il faut résister aux vieux réflexes, il faut que l’état abandonne l’idée de réglementer pour développer le secteur de la technologie. L’innovation peut être canalisée par des règlements pour protéger les citoyens contre les abus, mais elle ne se décrète pas en imposant des normes. Ensuite, il y a un risque majeur que les entreprises européennes soient les premières désavantagées par ces nouvelles règles, ne serait-ce que parce que ces dernières s’appliqueront sur leur marché naturel.
Les Etats européens devraient se concentrer sur les conditions de marché et sur leurs propres pratiques d’achat pour créer les conditions favorables d’émergence de nouvelles entreprises réellement innovantes.
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