La fintech serait-elle en train de donner ses premiers signes de maturité ? Le secteur qui a traversé une année 2023 pour le moins bousculée avec un financement qui s'est contracté de 56 %, voilà que des levées reparties en hausse (+20 %) avec 1,3 milliards de fonds levés en 2024 (1,1 en 2023).
Toujours aussi sélectifs, les investisseurs ont limité les mouvements avec 92 levées de fonds (contre 140 en 2023). En tête des secteurs les plus soutenus ? Les métiers du BtoB comme la finance embarquée, la cybersécurité et l'assurtech BtoB. Côté emploi, les effectifs en France ont augmenté de 10 % sur la période.
Un retour des investisseurs internationaux qui se traduit en 2024 par 3 méga-deals avec Alan dans l'assurtech et 173M€, Akur8 dans l'assurtech et 108M€, et Pigment dans la finance embarquée et 134M€.
Encore loin des 7 méga-deals observés en 2022, les performances de cette année dépassent largement celles de 2023 qui n'avait vu qu' un seul méga-deal avec Ledger (100M€). Ainsi, les 10 plus importantes levées de fonds en 2024 atteignent 745M€, supérieures de 63% à 2023 (458M€). Pour mémoire, celles-ci totalisaient 13, milliard en 2022 et 19, milliard en 2021.
Le ticket moyen est en hausse cette année à 14,2 millions d'euros par opération (+84% par rapport à 2023), s'approchant ainsi des niveaux de 2022. lI est tiré par 3 opérations >100M€ +4 opérations> 50M€.
lI a été par ailleurs été beaucoup plus difficile cette année de lever en early stage, puisque la réduction importante du nombre des opérations, de 140 en 2023 à 92 en 2024, provient essentiellement des plus petits tickets : li y a eu 52 levées jusqu'à 5M€ (contre 100 en 2023), 23 levées entre 5 et 20M€ (contre 25 en 2023), 10 levées entre 20 et 50M€ (13 en 2023) et 7 levées >50M€ (contre 2en 2023). L'assurtech a fait son retour après 12 à 18 mois d'accalmie relative en captant cette année 440M€ avec les levées de Alan, Akur8 et Neat principalement.
Les métiers BB continuent d'attirer l'attention des investisseurs à travers finance embarquée, cybersécurité ou ESG et captent près de 700M€ : nous avons observé les levées de Pigment (134M€), Zama (68M€), Filigran (50M€), Greenly (50M€), Morpho Labs (46M€), Agicap (45M€), ou encore Pennylane (40M€).
Vient ensuite l'investissement, qui redevient attractif avec deux années de hausse des taux d'intérêts avec Flowdesk (46M€) ou Ramify (11M€). Un changement radical de tendance pour le paiement qui a été nettement moins prisé par les investisseurs cette année, avec moins de 25M€ de fonds levés seulement.
Un M&A au plus haut, avec 54 opérations recensées sur l'année, dans une fourchette similaire des 50 à 60 opérations annuelles recensées en 2022 et en 2023, contribuant ensemble aux 3/4 des 227 opérations intervenues depuis 2016 dans la Fintech en France. Les deals ont été majoritairement conclus en nombre à l'achat (40%) par des acteurs Fintech et Start-up pour accélérer leur expansion à l'étranger ou enrichir leur gamme de services, puis à 37% par des Corporates qui souhaitent diversifier leurs activités, et enfin à 23% par des fonds dans le cadre d'opérations majoritaires.
Trois opérations emblématiques de l'année concernent la finance embarquée pour permettre de prolonger la chaîne de valeur soit côté banque, soit côté comptatech: Regate a été acquise par Qonto, le groupe BPCE a acquis Ipaidthat et l'éditeur danois Ageras rachète actuellement Shine à la SG.
Les situations de difficulté (procédures de sauvegarde, mises en redressement judiciaire et cessations d'activité) ont continué à progresser en 2024 avec 19 nouveaux cas de défaillance. Ces sociétés avaient cumulativement levé 125M € dont la principale, October compte pour 54M€, suivie de Dreamquark pour 17M€. Au total, 100 sociétés ont fait l'objet d'une défaillance depuis 2016 et avaient levé en cumul 0,5 milliard d'euros. Cela ne représente à ce stade que 4% du total des fonds levés dans la Fintech, soit un montant très faible, et cela fait partie du risque de l'investissement dans l'innovation. Cette tendance s'est toutefois accélérée cette année qui a compté pour 20% en nombre et 30% en valeur.
Toujours aussi sélectifs, les investisseurs ont limité les mouvements avec 92 levées de fonds (contre 140 en 2023). En tête des secteurs les plus soutenus ? Les métiers du BtoB comme la finance embarquée, la cybersécurité et l'assurtech BtoB. Côté emploi, les effectifs en France ont augmenté de 10 % sur la période.
Un retour des investisseurs internationaux qui se traduit en 2024 par 3 méga-deals avec Alan dans l'assurtech et 173M€, Akur8 dans l'assurtech et 108M€, et Pigment dans la finance embarquée et 134M€.
Encore loin des 7 méga-deals observés en 2022, les performances de cette année dépassent largement celles de 2023 qui n'avait vu qu' un seul méga-deal avec Ledger (100M€). Ainsi, les 10 plus importantes levées de fonds en 2024 atteignent 745M€, supérieures de 63% à 2023 (458M€). Pour mémoire, celles-ci totalisaient 13, milliard en 2022 et 19, milliard en 2021.
Le ticket moyen est en hausse cette année à 14,2 millions d'euros par opération (+84% par rapport à 2023), s'approchant ainsi des niveaux de 2022. lI est tiré par 3 opérations >100M€ +4 opérations> 50M€.
lI a été par ailleurs été beaucoup plus difficile cette année de lever en early stage, puisque la réduction importante du nombre des opérations, de 140 en 2023 à 92 en 2024, provient essentiellement des plus petits tickets : li y a eu 52 levées jusqu'à 5M€ (contre 100 en 2023), 23 levées entre 5 et 20M€ (contre 25 en 2023), 10 levées entre 20 et 50M€ (13 en 2023) et 7 levées >50M€ (contre 2en 2023). L'assurtech a fait son retour après 12 à 18 mois d'accalmie relative en captant cette année 440M€ avec les levées de Alan, Akur8 et Neat principalement.
Les métiers BB continuent d'attirer l'attention des investisseurs à travers finance embarquée, cybersécurité ou ESG et captent près de 700M€ : nous avons observé les levées de Pigment (134M€), Zama (68M€), Filigran (50M€), Greenly (50M€), Morpho Labs (46M€), Agicap (45M€), ou encore Pennylane (40M€).
Vient ensuite l'investissement, qui redevient attractif avec deux années de hausse des taux d'intérêts avec Flowdesk (46M€) ou Ramify (11M€). Un changement radical de tendance pour le paiement qui a été nettement moins prisé par les investisseurs cette année, avec moins de 25M€ de fonds levés seulement.
Un M&A au plus haut, avec 54 opérations recensées sur l'année, dans une fourchette similaire des 50 à 60 opérations annuelles recensées en 2022 et en 2023, contribuant ensemble aux 3/4 des 227 opérations intervenues depuis 2016 dans la Fintech en France. Les deals ont été majoritairement conclus en nombre à l'achat (40%) par des acteurs Fintech et Start-up pour accélérer leur expansion à l'étranger ou enrichir leur gamme de services, puis à 37% par des Corporates qui souhaitent diversifier leurs activités, et enfin à 23% par des fonds dans le cadre d'opérations majoritaires.
Trois opérations emblématiques de l'année concernent la finance embarquée pour permettre de prolonger la chaîne de valeur soit côté banque, soit côté comptatech: Regate a été acquise par Qonto, le groupe BPCE a acquis Ipaidthat et l'éditeur danois Ageras rachète actuellement Shine à la SG.
Les situations de difficulté (procédures de sauvegarde, mises en redressement judiciaire et cessations d'activité) ont continué à progresser en 2024 avec 19 nouveaux cas de défaillance. Ces sociétés avaient cumulativement levé 125M € dont la principale, October compte pour 54M€, suivie de Dreamquark pour 17M€. Au total, 100 sociétés ont fait l'objet d'une défaillance depuis 2016 et avaient levé en cumul 0,5 milliard d'euros. Cela ne représente à ce stade que 4% du total des fonds levés dans la Fintech, soit un montant très faible, et cela fait partie du risque de l'investissement dans l'innovation. Cette tendance s'est toutefois accélérée cette année qui a compté pour 20% en nombre et 30% en valeur.
Fintech sur le plan réglementaire des grands changements en perspective par François Faure
Le panorama réglementaire des fintechs est en croissance sur l'année. Le nombre de Fintechs régulées ayant levé des fonds a légèrement augmenté au cours de cette année. On compte 191 fintechs régulées ayant levé des fonds cette année contre 186 à la fin de l'année dernière. Le total des fonds levés se monte aujourd'hui à 5 512 M€.
Parmi les points réglementaires à surveiller ou à venir
• L'adoption du paquet LCBFT et le choix de l'emplacement de l'AMLA L'Union Européenne a adopté un nouveau paquet de mesures comprenant une sixième directive anti-blanchiment (AMLD6), un règlement anti-blanchiment (AMLR) et al création une autorité de surveillance européenne en matière LCB-FT (AMLA). Le Conseil de l'Union Européenne a adopté al version finale de ces textes le 30 mai 2024 et les a publiés au Journal Officiel de l'Union le 19 juin . L'ensemble de ces règles et normes techniques devraient être en place pour une application mi 2027.
Cette réglementation renforce la lutte anti-blanchiment, égalise les règles parmi les fintechs (les EME, les PSAN, les PSFP et IFP seront désormais soumis aux mêmes règles) et permettra des règles de concurrence plus harmonisées au sein de l'Union et donc plus de facilités pour étendre leurs activités dans d'autres pays.
La mise en place progressive de l'AMLA assurera une convergence des contrôles et une culture commune au sein de l'Union. Cela va aussi se traduire par de nouvelles règles d'application (RTS) et donc un renforcement des exigences. Son activité démarrera mi 2025 avec une montée en puissance jusqu'en 2027- 2028.
•La refonte de la directive AlFM/FAI et UCITS/OPCVM
Les instances Européennes ont publié au journal officiel le 26 mars 2024 un texte entérinant la refonte de la directive AIFM2, et la
modernisation du cadre réglementaire des OPCVM (UCITS V). Les états membres ont 24 mois pour le transposer au niveau national.
Cette directive impacte les fintechs ayant le statut de SGP (Société de gestion de Patrimoine) et les fonds qu'elles gèrent. La directive renforce le cadre de gestion des liquidités, la gestion des conflits d'intérêts, l'encadrement du risque de crédit ou la diversification des risques. Cela renforce les obligations de substances minimales pour les Sociétés de Gestion comme al nécessité d'assurer la conduite de l'activité par 2 personnes.
•L'entrée en vigueur de la travel rule Le règlement européen, 2023/113 qui étend son champ aux transferts de crypto actifs est entré en application en décembre. lI oblige les PSAN à inclure et contrôler les informations complètes sur l'expéditeur et le bénéficiaire dans tous les transferts de crypto-actifs, tout comme les prestataires de services de paiement le font actuellement pour les virements électroniques.
•L'entrée en vigueur du règlement MCIA (Markets in Crypto-Assets Regulation, MiCA)
En décembre, le règlement européen MICA entre en application. lI remplace le régime instauré par la France le 22 mai 2019 par la loi dite Pacte (Plan d'Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises).
Les Prestataires de Services sur Actifs Numériques (PSAN) enregistrés ou agréés sous le régime national devront d'ici le 30/06/2026 recevoir un agrément sous MCiA (CASP) auprès de l'AMF avant cette date.
Le règlement va considérablement renforcer les obligations de lutte anti-blanchiment, les exigences prudentielles, al protection des consommateurs et la transparence en matière de frais et de risques.
Cela représente un saut qualitatif important pour les futurs CASP qui devront investir significativement pour obtenir cet agrément.
En revanche, le règlement et agrément étant européens, cela resubira les distorsions de concurrence entre les établissements des divers états membres.
• L'entrée en vigueur du règlement DORA
Enfin, janvier 2025 verra l'entrée en application du règlement DORA (Digital Operational and Resilience Act) qui encadre la gestion des risques informatiques, al gestion et al classification des incidents, oblige la mise en place des tests de résilience opérationnelle et encadre al gestion des prestations externalisées.
Son périmètre est très large et va impacter une grande partie des fintechs soit directement (les banques, les entreprises d'investissement, les compagnies d'assurance, les prestataires de services de crypto-actifs, les plateformes de financement participatif etc.), soit indirectement pour celles qui prestataires de services informatiques.
Parmi les points réglementaires à surveiller ou à venir
• L'adoption du paquet LCBFT et le choix de l'emplacement de l'AMLA L'Union Européenne a adopté un nouveau paquet de mesures comprenant une sixième directive anti-blanchiment (AMLD6), un règlement anti-blanchiment (AMLR) et al création une autorité de surveillance européenne en matière LCB-FT (AMLA). Le Conseil de l'Union Européenne a adopté al version finale de ces textes le 30 mai 2024 et les a publiés au Journal Officiel de l'Union le 19 juin . L'ensemble de ces règles et normes techniques devraient être en place pour une application mi 2027.
Cette réglementation renforce la lutte anti-blanchiment, égalise les règles parmi les fintechs (les EME, les PSAN, les PSFP et IFP seront désormais soumis aux mêmes règles) et permettra des règles de concurrence plus harmonisées au sein de l'Union et donc plus de facilités pour étendre leurs activités dans d'autres pays.
La mise en place progressive de l'AMLA assurera une convergence des contrôles et une culture commune au sein de l'Union. Cela va aussi se traduire par de nouvelles règles d'application (RTS) et donc un renforcement des exigences. Son activité démarrera mi 2025 avec une montée en puissance jusqu'en 2027- 2028.
•La refonte de la directive AlFM/FAI et UCITS/OPCVM
Les instances Européennes ont publié au journal officiel le 26 mars 2024 un texte entérinant la refonte de la directive AIFM2, et la
modernisation du cadre réglementaire des OPCVM (UCITS V). Les états membres ont 24 mois pour le transposer au niveau national.
Cette directive impacte les fintechs ayant le statut de SGP (Société de gestion de Patrimoine) et les fonds qu'elles gèrent. La directive renforce le cadre de gestion des liquidités, la gestion des conflits d'intérêts, l'encadrement du risque de crédit ou la diversification des risques. Cela renforce les obligations de substances minimales pour les Sociétés de Gestion comme al nécessité d'assurer la conduite de l'activité par 2 personnes.
•L'entrée en vigueur de la travel rule Le règlement européen, 2023/113 qui étend son champ aux transferts de crypto actifs est entré en application en décembre. lI oblige les PSAN à inclure et contrôler les informations complètes sur l'expéditeur et le bénéficiaire dans tous les transferts de crypto-actifs, tout comme les prestataires de services de paiement le font actuellement pour les virements électroniques.
•L'entrée en vigueur du règlement MCIA (Markets in Crypto-Assets Regulation, MiCA)
En décembre, le règlement européen MICA entre en application. lI remplace le régime instauré par la France le 22 mai 2019 par la loi dite Pacte (Plan d'Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises).
Les Prestataires de Services sur Actifs Numériques (PSAN) enregistrés ou agréés sous le régime national devront d'ici le 30/06/2026 recevoir un agrément sous MCiA (CASP) auprès de l'AMF avant cette date.
Le règlement va considérablement renforcer les obligations de lutte anti-blanchiment, les exigences prudentielles, al protection des consommateurs et la transparence en matière de frais et de risques.
Cela représente un saut qualitatif important pour les futurs CASP qui devront investir significativement pour obtenir cet agrément.
En revanche, le règlement et agrément étant européens, cela resubira les distorsions de concurrence entre les établissements des divers états membres.
• L'entrée en vigueur du règlement DORA
Enfin, janvier 2025 verra l'entrée en application du règlement DORA (Digital Operational and Resilience Act) qui encadre la gestion des risques informatiques, al gestion et al classification des incidents, oblige la mise en place des tests de résilience opérationnelle et encadre al gestion des prestations externalisées.
Son périmètre est très large et va impacter une grande partie des fintechs soit directement (les banques, les entreprises d'investissement, les compagnies d'assurance, les prestataires de services de crypto-actifs, les plateformes de financement participatif etc.), soit indirectement pour celles qui prestataires de services informatiques.
A propos de l’Observatoire de la Fintech
L'Observatoire de la Fintech est une Association loi 1901 qui a pour objectif de diffuser la connaissance du secteur de la Fintech en France. L'Observatoire coopère avec d'autres organismes équivalents à l'International. Il est piloté par un bureau de 10 personnes, opérant dans la Fintech, dans la Banque, dans l'Assurance et dans le Conseil (www.fintech-metrix.com).
L'activité de l'Observatoire consiste à fournir une veille stratégique à l'ensemble des acteurs de l'écosystème : fintech, fonds d'investissement, banques assurances, sociétés de gestion d'actif, incubateurs...) à travers la Publication "L'Année de la Fintech" et "Le Semestre de la Fintech" (2 éditions par an) qui servent de référence dans le secteur. La diffusion de la connaissance s'effectue également par le biais d’intervention de professionnels de l’Observatoire dans le cadre de formations en entreprise ou de conférences publiques.
L'Observatoire intervient également dans l'enseignement, en intervenant un Semestre par an au MSc Entrepreneurs des Ecoles Polytechnique et HEC, et au sein du Master Banque-Finance-Technologies 224 de l'Université Paris-Dauphine, notamment.
L'Observatoire de la Fintech
L'activité de l'Observatoire consiste à fournir une veille stratégique à l'ensemble des acteurs de l'écosystème : fintech, fonds d'investissement, banques assurances, sociétés de gestion d'actif, incubateurs...) à travers la Publication "L'Année de la Fintech" et "Le Semestre de la Fintech" (2 éditions par an) qui servent de référence dans le secteur. La diffusion de la connaissance s'effectue également par le biais d’intervention de professionnels de l’Observatoire dans le cadre de formations en entreprise ou de conférences publiques.
L'Observatoire intervient également dans l'enseignement, en intervenant un Semestre par an au MSc Entrepreneurs des Ecoles Polytechnique et HEC, et au sein du Master Banque-Finance-Technologies 224 de l'Université Paris-Dauphine, notamment.
L'Observatoire de la Fintech