Quel intérêt pour une plateforme de trading, comme Robinhood, de proposer des portefeuilles en cryptomonnaies ? D’autres acteurs pourraient-ils suivre ? Cela incitera-t-il les petits porteurs (bases des utilisateurs de Robinhood) à adopter plus largement les cryptomonnaies ?
Charlie Méraud : Pour Robinhood, proposer des portefeuilles en cryptomonnaies est dans un premier temps un moyen de s’ouvrir à des nouveaux utilisateurs possédant déjà des cryptomonnaies et souhaitant effectuer du trading sur Robinhood. Cela s’inscrit dans une stratégie d'acquisition. Dans un second temps, cela permet à la société d’attirer des clients qui souhaiteraient éviter les risques de contrepartie ainsi que les risques liés au potentiel hack de la plateforme puisque les cryptos peuvent être retirées. Il ne serait pas étonnant, dans un avenir proche, de voir Robinhood se lancer sur le marché du paiement en direct depuis un wallet Robinhood. Nous fournissons des sociétés similaires à Robinhood, nous sommes donc bien placés pour savoir que c’est un business model rentable et que d’autres acteurs seront amenés à le suivre.
Pourquoi la Chine se positionne-t-elle aussi fortement contre les crypto, alors que les chinois ont quasiment industrialisé leurs minages ? Cela va-t-il à contresens de l’histoire ?
C.M : Pour comprendre ce positionnement il faut d’abord savoir que la Chine teste depuis le début de l’année le e-yuan, une monnaie numérique reconnue par l’État et qui est donc en compétition avec les cryptomonnaies. Avec le e-yuan, la Chine vise également à contrôler les flux de capitaux numériques, ce qui est difficile voire impossible à réaliser. Ce n’est pas la première fois que la Chine agit de la sorte. Nous pouvons par exemple citer l’interdiction de Facebook suivi de la création de Weibo, l’équivalent chinois au réseau social américain. Ce fut également le cas de Google avec la création de Baidu, WhatsApp avec Wechat. Nous assistons donc à un phénomène similaire avec l’interdiction du Bitcoin et la création du e-yuan. Toutefois, Bitcoin est un protocole décentralisé dont il est difficile de contrôler l’accès. C’est pourquoi la Chine se concentre aujourd’hui sur les entreprises prenant part à cet écosystème. Il n’y a néanmoins rien de nouveau dans l'approche chinoise vis -à -vis des crypto-monnaies. C’est une position qui a déjà été rendue publique à plusieurs reprises ces dernières années.
Quels effets ces 2 annonces peuvent-elles avoir sur le cours des cryptomonnaies ?
C.M : L’annonce chinoise a eu un bref effet négatif sur le prix des cryptomonnaies qui ont depuis retrouvé leurs niveaux initiaux suite, notamment, à l’annonce de Robinhood. Le marché des crypto actifs est aujourd’hui encore un marché régi par le flux. Le flux aujourd’hui provient principalement de particuliers ayant des comportements de trading principalement fondés sur l’actualité.
Quelle est la maturité de la France vis à vis des cryptomonnaies ?
C.M : Il est primordial de distinguer les acteurs de l’État. La France est très mature de par ses acteurs. En effet, il existe des sociétés telles que la nôtre dans les infrastructures de marché qui traitent des milliards de dollars de transaction par an en fournissant l’intégralité du marché, des plateformes aux brokers. Nous pouvons également citer Ledger, licorne qui offre une sécurité informatique de classe mondiale. Il y a également Sorare et sa levée de fonds record. Tezos et son protocole blockchain qui, semaine après semaine, développe un protocole de renommée mondiale utilisé dans de nombreux domaines, et cela, en partenariat avec la recherche française et l’INRIA.
Pour ce qui est de l’État et des institutions réglementaires, politiques et bancaires, il est regrettable de constater que la crypto est encore perçue négativement. Elle est encore trop souvent associée au blanchiment, financement du terrorisme etc alors que de nombreuses études ont depuis balayé ces arguments. Il y a un retard clair. Le tweet d’Emmanuel Macron sur la levée record de Sorare qui ne mentionne à aucun le mot crypto ou blockchain est un exemple de cette perception négative. Autre exemple : l’impossibilité pour beaucoup de sociétés spécialisées dans le crypto d'ouvrir un compte permettant d’effectuer des virements en lien avec des crypto. C’est un véritable handicap au développement du tissu économique français. Cependant, cela peut devenir une force pour les entrepreneurs qui sont obligés de se passer de ces acteurs et deviennent ainsi moins dépendant des institutions françaises, ce qui leur permettrait à terme de délocaliser très rapidement si le paysage économique français venait à devenir non attractif. Bien évidemment une telle situation ne serait pas souhaitable pour l’État français qui aurait un intérêt certain à prendre des mesures pour faciliter la croissance des sociétés spécialisées dans la cryptomonnaie.
Charlie Méraud : Pour Robinhood, proposer des portefeuilles en cryptomonnaies est dans un premier temps un moyen de s’ouvrir à des nouveaux utilisateurs possédant déjà des cryptomonnaies et souhaitant effectuer du trading sur Robinhood. Cela s’inscrit dans une stratégie d'acquisition. Dans un second temps, cela permet à la société d’attirer des clients qui souhaiteraient éviter les risques de contrepartie ainsi que les risques liés au potentiel hack de la plateforme puisque les cryptos peuvent être retirées. Il ne serait pas étonnant, dans un avenir proche, de voir Robinhood se lancer sur le marché du paiement en direct depuis un wallet Robinhood. Nous fournissons des sociétés similaires à Robinhood, nous sommes donc bien placés pour savoir que c’est un business model rentable et que d’autres acteurs seront amenés à le suivre.
Pourquoi la Chine se positionne-t-elle aussi fortement contre les crypto, alors que les chinois ont quasiment industrialisé leurs minages ? Cela va-t-il à contresens de l’histoire ?
C.M : Pour comprendre ce positionnement il faut d’abord savoir que la Chine teste depuis le début de l’année le e-yuan, une monnaie numérique reconnue par l’État et qui est donc en compétition avec les cryptomonnaies. Avec le e-yuan, la Chine vise également à contrôler les flux de capitaux numériques, ce qui est difficile voire impossible à réaliser. Ce n’est pas la première fois que la Chine agit de la sorte. Nous pouvons par exemple citer l’interdiction de Facebook suivi de la création de Weibo, l’équivalent chinois au réseau social américain. Ce fut également le cas de Google avec la création de Baidu, WhatsApp avec Wechat. Nous assistons donc à un phénomène similaire avec l’interdiction du Bitcoin et la création du e-yuan. Toutefois, Bitcoin est un protocole décentralisé dont il est difficile de contrôler l’accès. C’est pourquoi la Chine se concentre aujourd’hui sur les entreprises prenant part à cet écosystème. Il n’y a néanmoins rien de nouveau dans l'approche chinoise vis -à -vis des crypto-monnaies. C’est une position qui a déjà été rendue publique à plusieurs reprises ces dernières années.
Quels effets ces 2 annonces peuvent-elles avoir sur le cours des cryptomonnaies ?
C.M : L’annonce chinoise a eu un bref effet négatif sur le prix des cryptomonnaies qui ont depuis retrouvé leurs niveaux initiaux suite, notamment, à l’annonce de Robinhood. Le marché des crypto actifs est aujourd’hui encore un marché régi par le flux. Le flux aujourd’hui provient principalement de particuliers ayant des comportements de trading principalement fondés sur l’actualité.
Quelle est la maturité de la France vis à vis des cryptomonnaies ?
C.M : Il est primordial de distinguer les acteurs de l’État. La France est très mature de par ses acteurs. En effet, il existe des sociétés telles que la nôtre dans les infrastructures de marché qui traitent des milliards de dollars de transaction par an en fournissant l’intégralité du marché, des plateformes aux brokers. Nous pouvons également citer Ledger, licorne qui offre une sécurité informatique de classe mondiale. Il y a également Sorare et sa levée de fonds record. Tezos et son protocole blockchain qui, semaine après semaine, développe un protocole de renommée mondiale utilisé dans de nombreux domaines, et cela, en partenariat avec la recherche française et l’INRIA.
Pour ce qui est de l’État et des institutions réglementaires, politiques et bancaires, il est regrettable de constater que la crypto est encore perçue négativement. Elle est encore trop souvent associée au blanchiment, financement du terrorisme etc alors que de nombreuses études ont depuis balayé ces arguments. Il y a un retard clair. Le tweet d’Emmanuel Macron sur la levée record de Sorare qui ne mentionne à aucun le mot crypto ou blockchain est un exemple de cette perception négative. Autre exemple : l’impossibilité pour beaucoup de sociétés spécialisées dans le crypto d'ouvrir un compte permettant d’effectuer des virements en lien avec des crypto. C’est un véritable handicap au développement du tissu économique français. Cependant, cela peut devenir une force pour les entrepreneurs qui sont obligés de se passer de ces acteurs et deviennent ainsi moins dépendant des institutions françaises, ce qui leur permettrait à terme de délocaliser très rapidement si le paysage économique français venait à devenir non attractif. Bien évidemment une telle situation ne serait pas souhaitable pour l’État français qui aurait un intérêt certain à prendre des mesures pour faciliter la croissance des sociétés spécialisées dans la cryptomonnaie.