Au cours des dernières années, les directions financières des assureurs français ont été très occupées par la mise en place de la nouvelle norme comptable IFRS17 relative à l’évaluation et la comptabilisation des passifs d’assurance. Cette nouvelle réglementation applicable au 1er janvier 2023 va-t-elle aussi la changer la vie des contrôleurs de gestion ?
IFRS17 a été au coeur de la transformation financière des groupes d’assurances au cours des cinq dernières années sur des activités comptable et actuarielle. La nouvelle norme apporte des changements importants, par exemple l’introduction d’une vision beaucoup plus « forward-looking » de la performance financière. Elle met en relief l’importance des projections de cash flows dans la mesure de la profitabilité des contrats au même titre que le référentiel prudentiel Solvabilité II. Elle implique la communication d’un nouveau KPI, la « Contractual Service Margin (CSM)» (ou marge de service contractuelle), qui représente les profits attendus futurs. Les prévisions de CSM, via les plans stratégiques ou les atterrissages à chaque arrêté comptable, mettent en évidence des besoins accrus de collaboration entre la fonction finance et l’actuariat pour la planification financière.
Dès lors, la question des impacts de la nouvelle réglementation sur les processus et outils de planification et de prévision financières devient très importante. Avec une entrée en vigueur en 2023 et une planification stratégique des assureurs sur un horizon de 3 à 5 ans, les plans financiers à venir vont devoir intégrer la nouvelle mesure de performance IFRS17.
Concrètement, quels sont les impacts d’IFRS17 sur les processus et les outils de planification financière dans un groupe d’assurance ?
IFRS17 apporte un niveau de complexité plus important en termes de processus de reporting, de source de données et de calculs associés à des nouveaux KPIs tel que la CSM. De nouvelles mesures de profitabilité doivent être prises en compte dans le processus de planification. Au sein d’un groupe d’assurances, la planification en IFRS17 a des implications sur les fonctionnalités requises au niveau des outils.
Tout d’abord, la capacité de gérer une granularité et une volumétrie de données fortement augmentées, notamment pour les scénarios « d’atterrissage » pour lesquels les données prévisionnelles doivent pouvoir être à la maille de celles des données réelles. Les équipes de contrôle de gestion vont devoir modéliser des scénarios d’analyse de sensibilité s’appuyant sur les données très granulaires des entités. Ces sensibilités seront d’autant plus importantes que les indicateurs IFRS17 dépendent fortement des conditions de marché et doivent donc pouvoir être mise à jour dans des délais très courts.
Par ailleurs, la multiplicité des sources de données contribuant à la planification en IFRS17 ainsi que les synergies de processus actuariel et financier induites par la norme créent des besoins plus forts de gouvernance (collaboration) et de validation (workflow) des données entre les différentes fonctions intéressées au nouveau processus de planification.
Enfin, la mise en œuvre d’allocations de coûts spécifiques à la norme IFRS17 nécessite de conjuguer moteur d’allocations de cout et outil de prévisions au sein d’une solution intégrée.
Les assureurs disposent-ils selon vous d’outils de planification adaptés aux nouveaux enjeux posés par l’entrée en vigueur de la norme IFRS17 ?
La mise à niveau des outils de planification financière sera un enjeu important pour les assureurs en 2022. Les outils de type « tableurs » sont encore très largement utilisés pour les processus budgétaires et de prévisions dans les groupes d’assurance. Certes c’est simple à prendre en main, c’est rapide et facile à utiliser, mais c’est entièrement manuel, la donnée n’est pas sécurisée, cela ne s’intègre pas avec les outils nécessaires en amont, ce n’est pas propice à une collaboration multi-utilisateurs et ce n’est pas multi-dimensionnel, il faut donc démultiplier les feuilles de calculs à l’infini pour satisfaire aux besoins de scenarios de simulations.
Pour s’assurer d’une planification financière performante en IFRS17, les assureurs devront veiller à ce que leurs outils de budget et prévisions disposent de fonctionnalités-clé : l’intégration avec les outils comptables, de sub-ledger et actuariels, la puissance et la rapidité des calculs, la flexibilité pour gérer des scenarios d’analyse à la demande, la collaboration sur les données et les processus entre les différentes équipes et enfin leur appropriation par les utilisateurs-métier ; les outils actuariels étant souvent peu lisibles pour les équipes de contrôle de gestion. Comme le note Baptiste Bréchot, Associé Actuariat de Deloitte, « Le rôle des actuaires est clé mais les contrôleurs de gestion ont un savoir-faire essentiel pour rendre intelligible les chiffres et piloter dans cet environnement complexe. Par ailleurs, les outils de projection actuariels ne sont pas toujours aussi agiles que les outils de planification ».
L’autonomie d’administration des outils de planification et de prévisions par les utilisateurs métier est d’autant plus importante que, dans le contexte de la crise sanitaire, les directions financières recherchent une accélération des fréquences et processus de prévisions afin de prendre des décisions plus rapidement.
Quels sont les avantages pour les assureurs à investir dans la modernisation de leurs processus et outils de planification financière ?
Comme évoqué précédemment, l’investissement des directions financières d’assurance dans la modernisation des processus et des outils est un enjeu important dans le cadre de leurs programmes de transformation IFRS17.
La philosophie de la nouvelle norme IFRS17 n’est pas seulement liée à l’adoption d’un nouveau cadre comptable et de reporting financier, mais c’est aussi l’idée de mieux servir la mesure de la performance avec des nouveaux indicateurs tel que la CSM, tant en interne qu’en externe, car le régulateur souhaite à travers cette nouvelle norme mondiale améliorer la comparabilité de l’information financière entre grands groupes d’assurances internationaux. Sébastien Cannizzo, Associé Deloitte en charge de la transformation finance du secteur assurance rappelle que « la fonction de contrôle de gestion occupera toujours un rôle clé dans la gestion de la performance financière. Un plan pluriannuel en IFRS17 va s’appuyer sur des données comptables et actuarielles mais aussi des processus d’allocation de couts, de planification des dépenses et de masse salariale. Si nos clients réfléchissent à utiliser l’outil de production de la CSM (le fameux subledger IFRS 17) pour projeter les données techniques et donc fournir une partie des données IFRS 17 complexes qui nécessitent des calculs actuariels, un plan pluriannuel a besoin de données non techniques, de données réelles complètes, mais aussi d’un outil offrant plus de flexibilité, de capacité de simulations et d’analyse. La capacité d’intégrer tous ces besoins dans une seule et même plateforme technologique constituera un avantage concurrentiel pour les assureurs. D’ailleurs, plusieurs acteurs ont commencé des projets de mise en œuvre d’un outil de planification connectée ».
La mise en œuvre d’IFRS17 est une opportunité de transformer la fonction financière et de moderniser l’architecture cible. Les outils de planification connectée et de gestion de performance, associés aux plateformes de gestion des données dans le cloud, permettent d’envisager une refonte des processus actuariels et financiers visant à davantage de collaboration, à une richesse et disponibilité en temps réel de la donnée, et de tendre vers une gestion plus prédictive du processus de planification financière dont découleront des prises de décision plus rapides et pertinentes.
IFRS17 a été au coeur de la transformation financière des groupes d’assurances au cours des cinq dernières années sur des activités comptable et actuarielle. La nouvelle norme apporte des changements importants, par exemple l’introduction d’une vision beaucoup plus « forward-looking » de la performance financière. Elle met en relief l’importance des projections de cash flows dans la mesure de la profitabilité des contrats au même titre que le référentiel prudentiel Solvabilité II. Elle implique la communication d’un nouveau KPI, la « Contractual Service Margin (CSM)» (ou marge de service contractuelle), qui représente les profits attendus futurs. Les prévisions de CSM, via les plans stratégiques ou les atterrissages à chaque arrêté comptable, mettent en évidence des besoins accrus de collaboration entre la fonction finance et l’actuariat pour la planification financière.
Dès lors, la question des impacts de la nouvelle réglementation sur les processus et outils de planification et de prévision financières devient très importante. Avec une entrée en vigueur en 2023 et une planification stratégique des assureurs sur un horizon de 3 à 5 ans, les plans financiers à venir vont devoir intégrer la nouvelle mesure de performance IFRS17.
Concrètement, quels sont les impacts d’IFRS17 sur les processus et les outils de planification financière dans un groupe d’assurance ?
IFRS17 apporte un niveau de complexité plus important en termes de processus de reporting, de source de données et de calculs associés à des nouveaux KPIs tel que la CSM. De nouvelles mesures de profitabilité doivent être prises en compte dans le processus de planification. Au sein d’un groupe d’assurances, la planification en IFRS17 a des implications sur les fonctionnalités requises au niveau des outils.
Tout d’abord, la capacité de gérer une granularité et une volumétrie de données fortement augmentées, notamment pour les scénarios « d’atterrissage » pour lesquels les données prévisionnelles doivent pouvoir être à la maille de celles des données réelles. Les équipes de contrôle de gestion vont devoir modéliser des scénarios d’analyse de sensibilité s’appuyant sur les données très granulaires des entités. Ces sensibilités seront d’autant plus importantes que les indicateurs IFRS17 dépendent fortement des conditions de marché et doivent donc pouvoir être mise à jour dans des délais très courts.
Par ailleurs, la multiplicité des sources de données contribuant à la planification en IFRS17 ainsi que les synergies de processus actuariel et financier induites par la norme créent des besoins plus forts de gouvernance (collaboration) et de validation (workflow) des données entre les différentes fonctions intéressées au nouveau processus de planification.
Enfin, la mise en œuvre d’allocations de coûts spécifiques à la norme IFRS17 nécessite de conjuguer moteur d’allocations de cout et outil de prévisions au sein d’une solution intégrée.
Les assureurs disposent-ils selon vous d’outils de planification adaptés aux nouveaux enjeux posés par l’entrée en vigueur de la norme IFRS17 ?
La mise à niveau des outils de planification financière sera un enjeu important pour les assureurs en 2022. Les outils de type « tableurs » sont encore très largement utilisés pour les processus budgétaires et de prévisions dans les groupes d’assurance. Certes c’est simple à prendre en main, c’est rapide et facile à utiliser, mais c’est entièrement manuel, la donnée n’est pas sécurisée, cela ne s’intègre pas avec les outils nécessaires en amont, ce n’est pas propice à une collaboration multi-utilisateurs et ce n’est pas multi-dimensionnel, il faut donc démultiplier les feuilles de calculs à l’infini pour satisfaire aux besoins de scenarios de simulations.
Pour s’assurer d’une planification financière performante en IFRS17, les assureurs devront veiller à ce que leurs outils de budget et prévisions disposent de fonctionnalités-clé : l’intégration avec les outils comptables, de sub-ledger et actuariels, la puissance et la rapidité des calculs, la flexibilité pour gérer des scenarios d’analyse à la demande, la collaboration sur les données et les processus entre les différentes équipes et enfin leur appropriation par les utilisateurs-métier ; les outils actuariels étant souvent peu lisibles pour les équipes de contrôle de gestion. Comme le note Baptiste Bréchot, Associé Actuariat de Deloitte, « Le rôle des actuaires est clé mais les contrôleurs de gestion ont un savoir-faire essentiel pour rendre intelligible les chiffres et piloter dans cet environnement complexe. Par ailleurs, les outils de projection actuariels ne sont pas toujours aussi agiles que les outils de planification ».
L’autonomie d’administration des outils de planification et de prévisions par les utilisateurs métier est d’autant plus importante que, dans le contexte de la crise sanitaire, les directions financières recherchent une accélération des fréquences et processus de prévisions afin de prendre des décisions plus rapidement.
Quels sont les avantages pour les assureurs à investir dans la modernisation de leurs processus et outils de planification financière ?
Comme évoqué précédemment, l’investissement des directions financières d’assurance dans la modernisation des processus et des outils est un enjeu important dans le cadre de leurs programmes de transformation IFRS17.
La philosophie de la nouvelle norme IFRS17 n’est pas seulement liée à l’adoption d’un nouveau cadre comptable et de reporting financier, mais c’est aussi l’idée de mieux servir la mesure de la performance avec des nouveaux indicateurs tel que la CSM, tant en interne qu’en externe, car le régulateur souhaite à travers cette nouvelle norme mondiale améliorer la comparabilité de l’information financière entre grands groupes d’assurances internationaux. Sébastien Cannizzo, Associé Deloitte en charge de la transformation finance du secteur assurance rappelle que « la fonction de contrôle de gestion occupera toujours un rôle clé dans la gestion de la performance financière. Un plan pluriannuel en IFRS17 va s’appuyer sur des données comptables et actuarielles mais aussi des processus d’allocation de couts, de planification des dépenses et de masse salariale. Si nos clients réfléchissent à utiliser l’outil de production de la CSM (le fameux subledger IFRS 17) pour projeter les données techniques et donc fournir une partie des données IFRS 17 complexes qui nécessitent des calculs actuariels, un plan pluriannuel a besoin de données non techniques, de données réelles complètes, mais aussi d’un outil offrant plus de flexibilité, de capacité de simulations et d’analyse. La capacité d’intégrer tous ces besoins dans une seule et même plateforme technologique constituera un avantage concurrentiel pour les assureurs. D’ailleurs, plusieurs acteurs ont commencé des projets de mise en œuvre d’un outil de planification connectée ».
La mise en œuvre d’IFRS17 est une opportunité de transformer la fonction financière et de moderniser l’architecture cible. Les outils de planification connectée et de gestion de performance, associés aux plateformes de gestion des données dans le cloud, permettent d’envisager une refonte des processus actuariels et financiers visant à davantage de collaboration, à une richesse et disponibilité en temps réel de la donnée, et de tendre vers une gestion plus prédictive du processus de planification financière dont découleront des prises de décision plus rapides et pertinentes.