Mardi 9 Septembre 2008

Gilbert Louard dir. Marketing NCR France


CFO-news : Gilbert Louard, bonjour, la biométrie a-t-elle de l’avenir avec les Guichets Automatiques Bancaires ?

Gilbert Louard
Gilbert Louard : Parmi les évolutions envisagées sur les automates bancaires, l’utilisation de la biométrie est surement celle qui suscite le plus d’espoir et de controverse. La possibilité offerte aux banques et aux utilisateurs d’avoir accès à de nouveaux services plus personnels, d’une manière plus sécurisée est une vision prometteuse. Les multiples réalisations dans le monde montrent que les utilisateurs peuvent surmonter les obstacles psychologiques supposés.
Dans nos sociétés, l’aspect inquisiteur que peut revêtir la biométrie, et en particulier sa version la plus connue, la reconnaissance des empreintes digitales, devra être surmonté. La généralisation des passeports utilisant cette technologie aidera à apaiser le débat sur ce sujet.
Quelle sont les Applications proposées associées aux Guichets automatiques bancaires (GAB) ?
La technologie biométrique peut être intégrée aux guichets automatiques pour les applications suivantes :
- Remplacer un numéro d’identification personnel ou une carte pour identifier les utilisateurs. Il s’agit d’une application commune pour les banques qui essaient d’attirer des clients qui n’ont jamais eu un compte en banque.
- Renforcer la sécurité contre la fraude.
- Combinée à une carte ou à un PIN, permettre d’effectuer des nouvelles transactions à haute valeur telles que l’autorisation de retraits quotidiens plus importants et/ou l’accès aux ATM pour le réapprovisionnement ou la maintenance.
- Accéder à des coffres-forts

Quels sont les exemples de développement dans les banques à ce jour ?

Au Chili, les utilisateurs entrent un chiffre qui équivaut au numéro de sécurité sociale et scannent leur empreinte pour s'identifier. Au Pakistan : la Emirates Global Islamic Bank et la Bank Islamic ont introduit la technologie biométrique dans leur réseau de guichets automatiques. Les consommateurs peuvent s’inscrire auprès de leur agence pour utiliser leurs empreintes digitales, en tant que méthode d’identification supplémentaire ou pour remplacer le PIN, dans le cadre d’un système d’enregistrement sécurisé. En Colombie : grâce aux empreintes digitales, les consommateurs peuvent décider de lier leurs comptes à leurs empreintes ou à leur PIN. Au Guatemala, nous avons déployé une application biométrique équipée d’un appareil vocal pour les consommateurs qui ne sont pas familiarisés avec la technologie des guichets automatiques. En Inde, les banques publiques et privées indiennes essaient actuellement les Guichets Automatiques Bancaires biométriques et ces essais s’avèrent concluants. De nombreuses banques désirent mettre à jour leur réseau de GAB. Une directive du gouvernement indien concernant l’inclusion financière (« la banque pour tous ») dégage des solutions bancaires pour les personnes dépourvues de compte bancaire. Près de 70 pour cent des villageois indiens ne possèdent pas un compte en banque. Un menu simplifié pour les guichets automatiques et des instructions audio dans la langue locale facilitent énormément l’utilisation des machines. Enfin en Grande Bretagne, le premier Guichet Automatique Bancaire biométirque en 1999, a été conçu par NCR et déployé en Grande-Bretagne par Nationwide avec une identification de l’iris. L’essai a été effectué par 1.500 clients et a duré 12 mois. En ce qui concerne l’avis des consommateurs, le succès a été tel qu’il a fallu octroyer un nouveau numéro d’identification personnel à tous les participants à la fin de l'essai. En effet, les consommateurs s’étaient tellement habitués au scanneur d'iris qu’ils en avaient oublié leur PIN. A l’époque, le coût des scanneurs d’iris a empêché le déploiement complet de cette solution. Cependant, les coûts liés à cette technologie ont fortement chuté depuis lors et la biométrie fait son apparition sur des appareils utilisés par les consommateurs, comme les ordinateurs portables.

Comment ça marche ?

Les empreintes représentent probablement la technologie biométrique la plus ancienne et la mieux connue. Le coût des scanneurs d’empreinte est considérablement moins élevé que celui des autres technologies biométriques sur le marché. Grâce à leur petite taille, les capteurs d’empreinte peuvent être intégrés à des guichets automatiques existants ou plus récents.

Les clients séduits par l'identification biométrique peuvent se rendre au terminal, au Guichet Automatique Bancaire ou à la banque la plus proche. Un ordinateur spécial scannera les données de leurs empreintes qui seront ensuite encryptées et stockées sur un serveur central.

Quand un client insère (ou glisse) sa carte dans un GAB équipé d’un système biométrique, celui-ci lui demande de mettre son doigt sur le scanneur d’empreinte. La transaction et les informations biométriques du client sont transmises au commutateur qui compare l'empreinte avec les informations stockées sur le serveur. Une fois la vérification effectuée, il demande à l'application bancaire d’accepter la transaction. En fonction du résultat, le commutateur ordonne au guichet automatique d'effectuer la transaction.

Si le propriétaire de la carte demande de l’argent liquide, le processeur hôte signale un transfert de fonds électroniques (EFT) du compte du client vers le compte du processeur hôte. Une fois l’argent transféré, le guichet automatique reçoit un code d’approbation qui l’autorise à distribuer de l’argent liquide. Ces communications, vérifications et autorisations peuvent avoir lieu de plusieurs manières. Selon les coûts et la fiabilité de l’infrastructure, la connexion à un système hôte pourra s’effectuer grâce à une ligne louée, une ligne commutée ou une liaison de données sans fil.

Le système hôte peut appartenir à l’institution financière du client ou faire partie d’un réseau EFT, lequel supporte l'identification par empreintes digitales. Les services disponibles dans les points de vente peuvent également s’effectuer à l’aide de solutions biométriques.

Vous avez d’autres exemples d’applications biométriques ?

L’Opportunity International Bank du Malawi a délivré des cartes à puce qui contiennent un profil d’empreinte digitale. Lorsque les clients se rendent à la banque, ou utilisent un guichet automatique, ils glissent leur carte dans le lecteur et passent leur empreinte au scanneur pour s'identifier. L’objectif de ce système est de servir les clients plus rapidement et d’augmenter le niveau de sécurité.

En 2006, ABN AMBRO a annoncé un projet de vérification vocale pour les clients qui effectuent des transactions par téléphone aux Pays-Bas. La banque estime que 95 % de l’ensemble des transactions s’effectue par Internet et par téléphone. Grâce à cette application, quatre millions de clients auront accès aux services bancaires automatisés par téléphone en énonçant simplement leur numéro de compte et leur mot de passe.
Dans les autres secteurs, la biométrie est de plus en plus répandue. Aux Etats-Unis, les touches permettant d’accéder aux coffres sont remplacées par des systèmes biométriques. Ce système est utilisé dans les parcs d’attraction, les aéroports et les stations de ski. Il existe des capteurs d’empreinte pour sécuriser les ordinateurs portables et les PC..

Quels sont les principaux obstacles à son développement ?

Interopérabilité entre les banques :
De nombreuses opérations bancaires dépendent de l’interaction entre les banques. C’est particulièrement le cas pour les applications visibles par le consommateur. Les banques devront se concerter pour trouver une application biométrique qui peut être utilisée d’une banque à l’autre.
Inscription :
Au niveau logistique, les banques devront consacrer beaucoup de temps et d’argent à l’inscription des nouveaux clients et des clients existants. Cependant, les banques anglaises ont beaucoup appris grâce aux puces et aux PIN.
Problèmes de sécurité :
Quand le concept est né, les consommateurs ont fait part de leurs inquiétudes par rapport aux abus potentiels liés aux données biométriques personnelles qui étaient considérées comme une violation de la vie privée et des libertés civiles. Ces inquiétudes s’estompent au fil du temps, car les gens comprennent mieux le fonctionnement de cette technologie et les mesures qui seront prises au niveau de la sécurité et de la vie privée.
Dans le secteur des services financiers, le choix entre le stockage central des modèles biométriques et le stockage du modèle sur une carte à puce avec une vérification locale fait toujours rage. Avec l’introduction du système Chip & PIN en Grande-Bretagne, les nouvelles cartes à puces peuvent stocker des modèles biométriques permettant aux consommateurs de contrôler leurs informations.
La presse a évoqué la possibilité de reproduire des données biométriques. Grâce à la technologie utilisée pour les guichets automatiques bancaires, ce genre de fraude est quasi impossible. Nous avons dépassé l’approche du scanneur optique pour utiliser la technologie RF.
Le capteur génère une image de la forme du derme qui se trouve sous la surface du doigt. Cette couche de peau sous-cutanée est parcourue de sillons qui forment l’empreinte digitale. Le derme, qui renferme l'empreinte digitale, est rarement endommagé ou détérioré. De plus, le doigt doit être « vivant ».

La biométrie a donc de l’avenir ?

Comme c’est le cas pour toutes les technologies, le coût par unité baisse selon l'importance du déploiement. A l’heure actuelle, des lecteurs d’empreinte digitale apparaissent sur des appareils utilisés par les consommateurs, comme les ordinateurs portables et les téléphones mobiles. Lorsqu’ils seront largement répandus, le coût par unité baissera et, plus important encore, la confiance du consommateur augmentera. Etant donné que le secteur IT envisage de déployer cette technologie dans de nouvelles applications, dont les cartes d’identité, les distributeurs devront collaborer au mieux pour créer des systèmes et de normes interopérables pour des outils biométriques multiples.
NCR est leader sur le marché mondial des GAB biométriques, comme l’ont démontré le succès initial du scanneur d’iris de Nationwide et les déploiements qui en ont découlé en Amérique latine, au Moyen-Orient et au Pakistan. Nous sommes prêts à nous lancer dans l’aventure avec toutes les banques de Grande-Bretagne qui veulent prendre la balle au bond.

www.ncr.com

Gilbert Louard, je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de CFO-news.


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