Mardi 18 Novembre 2008

Florian Roger Stratégiste Global Crédit Agricole AM


Un ralentissement économique mondial marqué se dessine. Quelles variables financières semblent encore particulièrement exposées à la volatilité ?

Florian Roger
Le monde développé subit une récession généralisée tandis qu’une croissance sous potentiel se profile dans les pays émergents, avec un retour cinglant du risque pays. La théorie du decoupling qui véhiculait l’idée d’une croissance autonome des pays émergents a rapidement atteint ses limites. L’une des variables financières qui risque d’être mise sous pression dans l’ajustement des économies émergentes est le taux change, comme l’illustre la volatilité de nombreuses devises depuis plusieurs semaines. Le Fonds Monétaire International montre ainsi, en étudiant les 124 crises bancaires recensées dans le monde depuis 1970, que 55 % d’entre elles se soldent par une crise de change. Même sans aller jusqu’à ce stade ultime, des variations marquées des taux de change pourraient s’avérer extrêmement déstabilisantes pour les acteurs financiers et les Banques centrales.


Les risques relatifs à l’ajustement des devises portent-ils uniquement sur les économies émergentes ?

Les mouvements qui s’opèrent aujourd’hui au sein du triptyque dollar-euro-yen sont également loin d’être sans conséquences. La crise financière draine de nombreuses forces déflationnistes : débouclage du levier d’endettement des banques, dégradation des marchés du travail, baisse des cours des actifs financiers, correction de nombreux marchés immobiliers…. Or, une vive appréciation de la monnaie domestique dans les pays développés produirait un “stress” supplémentaire. Pour prévenir le risque déflationniste, la Fed n’exclut d’ailleurs pas de procéder à de nouveaux assouplissements monétaires, malgré des taux directeurs déjà à 1 %. De même, la Banque centrale du Japon, par crainte que le pays replonge plus profondément en déflation, a abaissé son taux de référence de 0,5 % à 0,3 %.

Comment prévenir ces risques sur les devises ?

L’Europe s’est évertuée à réunir un G20 dès le 15 novembre. S’il ne faut pas escompter aussi rapidement une refonte du système financier mondial, cette rencontre peut être utile pour reconsidérer les systèmes de change afin qu’ils n’amènent pas de nouvelles pressions sur les économies. C’est donc bien un “nouveau Bretton Woods” qu’il faut espérer de ce sommet pour qu’un cycle de renégociation des systèmes de change s’ouvre avec les États-Unis, avec les pays du Golfe et surtout avec l’Asie.

Monsieur Florian Roger, je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de CFO-news.

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