Evénement | Finnov' - Quelles perspectives pour l’industrie financière en 2024 ?

Ce jeudi 7 décembre se tenait à Station F (Paris), l’événement annuel de Finance Innovation : Finnov'.
En coup d’envoi de cette journée riche en conférences et en rencontres, ne pouvait que se positionner l’exercice quasi obligatoire en cette fin d’année, du bilan assez rapidement suivi par celui, des perspectives.
Et, c’est un panel de qualité mené par Cyril Armange, Directeur Général Adjoint de Finance Innovation qui s’est adonné à l’exercice.
Avec :
- Frédéric Dufaux, Directeur Général Adjoint de Docaposte
- Joël-Alexis Bialkiewicz, Associé gérant de la banque Delubac & Cie
- Arbia Smiti, CEO & Fondatrice de Rosaly
- Bernard-Louis Roques, General partner de Truffle Capital
Anne-Laure Allain


Et si on s’adonnait à l’exercice de « vis ma vie en 2023 et partage mes craintes pour 2024 » ?
A cette proposition, le panel sur la scène de l’auditorium de Station F en cette journée organisée par Finance Innovation, a décidé de répondre « ok, mais sans misérabilisme ! ».
« Au sortir de la pandémie, c’était une fête folle pour les startups. La mienne, Rosaly, était toujours en développement. Et, au moment où nous étions prêts, le robinet de l’argent facile était fermé » relate Arbia Smiti, CEO & Fondatrice de Rosaly (fintech de l’année 2023), solution proposant le salaire à la demande.

Pas de chance ? Sûrement, mais aussi l’occasion de voir l’agilité des entrepreneurs. « Seule solution : accepter que notre business plan se fasse en 2/3 ans au lieu d’un et l’accomplir avec moitié moins de personne. »
La jeune femme qui propose via Rosaly un produit permettant aux salariés de percevoir leur salaire ou une partie de leur salaire en amont de l’échéance mensuelle fatidique et ce, pour éviter le surendettement, est aussi lucide quant à son business model. « Je m’adresse directement aux entreprises avec une solution utile en période d’inflation. Nous avons donc la chance d’être anti-cyclique ».
« Pour ma part, je trouve ce qui se passe actuellement assez sain pour l’économie, relate Bernard-Louis Roques, General Partner de Truffle Capital. Nous avons changé de paradigme car le business model que nous utilisions jusque-là n’était pas adapté. (…) 2021 a été une année absurde voire néfaste et les dégâts sur certaines entreprises qui ont levé sans compter ne sont pas encore arrivés ». Et le fondateur du fonds d’investissement spécialisé dans les fintechs de citer le cas d’Adyen qui au cours de l’année passée a perdu près d’un quart de sa valeur.
« Aujourd’hui les KPI pour les entreprises ne sont plus les mêmes et c’est tant mieux ! Les dirigeants et les investisseurs font désormais référence à l’EBTDA, aux marges… et c’est normal. N’oublions pas que les fintechs demeurent le premier segment investi par les VC et que ces mêmes fintechs devraient représenter près d’1/4 du secteur de la finance d’ici à 2030. »
Alors autant que le secteur recouvre des metrics des plus équilibrées ?

Du côté de la banque Delubac et Cie , l’année semble s’être plutôt bien passée. « Nous avons un département spécialisé dans le retournement d’entreprises, donc forcément, nous avons été utiles. » relate Joël-Alexis Bialkiewicz, Associé gérant de la banque Delubac & Cie, banque familial fondée en 1924.
« La hausse des taux a fait beaucoup de mal à une partie du secteur bancaire. Car les banques installées ont tendance à d’abord se couvrir. De notre côté, j’ai anticipé la situation et baissé la couverture ce qui a entraîné la baisse de nos marges. Et, nous avons collecté 20 % de dépôts supplémentaires. »
Pour la banque Delubac qui fêtera ses 100 ans l’an prochain, l’année ne fut « pas simple mais bonne ».
Delubac & Cie qui propose aussi l’offre Delupay, est par ailleurs enregistrée PSAN et, est l’établissement bancaire de près de la moitié des PSAN en France. Elle sera la première banque en 2024 à proposer des cryptos !
Quant à Frédéric Dufaux, Directeur Général Adjoint de Docaposte, il rappelle que sa structure existe depuis 30 ans. Ce n’est donc pas la première crise qu’elle traverse. « La situation s’est tendue et nous accompagnons nos clients dans ce sens. Pour ma part, 2023 fut aussi l’année de la question de la souveraineté numérique où nos clients ont été obligés de se poser la question de la banque du futur. (…) Nos clients doivent se confronter aux KYC, à l’intelligence artificielle, à l’arrivée de la blockchain, aux nouvelles réglementations... Par rapport à cela, nous nous devons de les accompagner dans la mise en conformité des opérations. »
Côté perspectives, les fintechs devront en particulier accepter que les règles du jeu ont changé pour recouvrer des « normes » plus proches de celles de 2019. Et pour celles qui ne seraient pas mises dans cet état d’esprit : « 2024 va être dure : un ajustement se fait rarement sans douleur » conclut Bernard-Louis Roques, General Partner de Truffle Capital.

Anne-Laure Allain

Jeudi 7 Décembre 2023


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