Jean-Pierre Valensi, Associé KPMG en France, Head of Capital Markets Advisory
« Après une année 2023 marquée par des incertitudes économiques renforcées et la prudence des investisseurs pour la French Tech, le premier semestre 2024 se positionne bien à cet égard avec notamment deux IPO significatives de Tech françaises sur Euronext Paris, soulignant la dynamique du secteur. Celui-ci continue d’attirer des investissements significatifs, et - fait notable - face au recul du capital-risque qui représente 46 % des investissements, les institutions publiques et investisseurs institutionnels ont renforcé leur soutien. C’est un bon signal pour le rayonnement de l’écosystème Tech français en Europe. »
92 start-up françaises ont levé 2,9 milliards en S1 2024, pour un ticket moyen de 35 M€.
Le rythme des transactions n'a pas été aussi lent qu'annoncé... Puisque l'on passe de 118 opérations au S1 23 à 92 au S1 24. En revanche, le ticket moyen est lui en chute passant de 47 millions en 2023 à 35 millions.
La raison ? Une raréfaction de l'offre causée par la prudence des investisseurs qui lorgnent de plus en plus vers des entreprises "mâtures". L'âge moyen des sociétés ayant levé des fonds poursuit sa progression pour atteindre 6,5 ans au cours du premier semestre de l’année 2024. A titre de comparaison, cet âge moyen s’établissait à 6,0 ans en 2022, année record pour les levées de fonds dans la French Tech.
Le segment des Techs de 6 à 10 ans s’impose donc comme le plus dynamique. Celui-ci totalise le plus grand nombre d’opérations (38) et concentre près de 35% des montants levés sur la période. Cette orientation anticipable des investissements vers des sociétés relativement matures et donc potentiellement proches du stade de la profitabilité est cependant à nuancer par la chute surprenante des levées de fonds dans les segments des 11-15 ans et des 16-20 ans.
Les Techs de 3 ans et moins, qui s’étaient imposées comme le segment le plus attractif en 2023 notamment grâce à la levée de fonds record de Verkor, se classent cette fois deuxièmes en termes de montants levés (934M€). Le nombre d’opérations est toutefois bien moins élevé qu’au cours des derniers semestres et s’établit à 21 contre 81 sur la totalité de l’année 2023. Les espoirs suscités par certaines sociétés de ce segment sur les thématiques les plus porteuses ont cependant permis la réalisation d’opérations de grande envergure. Le ticket moyen de 46,7M€ est ainsi le plus élevé recensé au cours de la période.
La raison ? Une raréfaction de l'offre causée par la prudence des investisseurs qui lorgnent de plus en plus vers des entreprises "mâtures". L'âge moyen des sociétés ayant levé des fonds poursuit sa progression pour atteindre 6,5 ans au cours du premier semestre de l’année 2024. A titre de comparaison, cet âge moyen s’établissait à 6,0 ans en 2022, année record pour les levées de fonds dans la French Tech.
Le segment des Techs de 6 à 10 ans s’impose donc comme le plus dynamique. Celui-ci totalise le plus grand nombre d’opérations (38) et concentre près de 35% des montants levés sur la période. Cette orientation anticipable des investissements vers des sociétés relativement matures et donc potentiellement proches du stade de la profitabilité est cependant à nuancer par la chute surprenante des levées de fonds dans les segments des 11-15 ans et des 16-20 ans.
Les Techs de 3 ans et moins, qui s’étaient imposées comme le segment le plus attractif en 2023 notamment grâce à la levée de fonds record de Verkor, se classent cette fois deuxièmes en termes de montants levés (934M€). Le nombre d’opérations est toutefois bien moins élevé qu’au cours des derniers semestres et s’établit à 21 contre 81 sur la totalité de l’année 2023. Les espoirs suscités par certaines sociétés de ce segment sur les thématiques les plus porteuses ont cependant permis la réalisation d’opérations de grande envergure. Le ticket moyen de 46,7M€ est ainsi le plus élevé recensé au cours de la période.
Top 10 des levées de fonds : 1,7 milliards d’euros levés pour un ticket moyen de 170 M€.
Représentatif des dynamiques de la French Tech au premier semestre 2024, ce top 10 fait la part belle aux
secteurs des Applications et logiciels d’entreprise et de la Mobility Tech, qui totalisent 6 des 8 plus grosses
levées enregistrées au cours de la période. Le secteur des Sustainability Techs, habitué du top 10, ne compte
pour sa part qu’un seul représentant.
Le top 10 des opérations est pour l’instant très nettement dominé par Mistral AI et sa levée de 600M€ intervenue au mois de juin, soit près du double du montant levé par Electra, spécialiste de la recharge de véhicules électriques.
secteurs des Applications et logiciels d’entreprise et de la Mobility Tech, qui totalisent 6 des 8 plus grosses
levées enregistrées au cours de la période. Le secteur des Sustainability Techs, habitué du top 10, ne compte
pour sa part qu’un seul représentant.
Le top 10 des opérations est pour l’instant très nettement dominé par Mistral AI et sa levée de 600M€ intervenue au mois de juin, soit près du double du montant levé par Electra, spécialiste de la recharge de véhicules électriques.
Les investisseurs de nos Techs
Contrairement à la dynamique aperçue en 2023, le bilan semestriel est cette fois défavorable au Capital Risque
(46%, -6 points vs 2023). Ce recul des sociétés de gestion est notamment compensé par une montée en puissance des acteurs Institutionnels (8%, +2 points).
Comme en 2023, les Institutions Publiques (14%) jouent leur rôle de soutien à l’écosystème des start-up, permettant donc d’amortir le choc provoqué par la raréfaction de l’offre de financement.
La France se classe une nouvelle fois en deuxième position européenne dans le classement des levées de fonds dans la Tech, certes à bonne distance du Royaume-Uni. Après une année 2023 morose, l’écosystème britannique de la Tech retrouve le sourire et concentre 4 des 5 plus grosses opérations survenues en Europe au cours de la période (5 dans le top 10).
La dynamique en Allemagne et en Scandinavie est en revanche moins encourageante. La baisse des levées de fonds de respectivement 25% et 30% en comparaison avec le premier semestre 2023 chez ces principaux rivaux de la France permet à cette dernière de consolider sa place de dauphin.
Deux sociétés françaises sont parvenues à se faufiler dans le top 10 des plus grosses opérations européennes. Mistral AI monte ainsi sur le podium, simplement devancé par la fintech britannique SumUp et sa compatriote Wayve Technologies, éditeur de logiciel pour la conduite autonome.
Electra se classe pour sa part en 7e position.
(46%, -6 points vs 2023). Ce recul des sociétés de gestion est notamment compensé par une montée en puissance des acteurs Institutionnels (8%, +2 points).
Comme en 2023, les Institutions Publiques (14%) jouent leur rôle de soutien à l’écosystème des start-up, permettant donc d’amortir le choc provoqué par la raréfaction de l’offre de financement.
La France se classe une nouvelle fois en deuxième position européenne dans le classement des levées de fonds dans la Tech, certes à bonne distance du Royaume-Uni. Après une année 2023 morose, l’écosystème britannique de la Tech retrouve le sourire et concentre 4 des 5 plus grosses opérations survenues en Europe au cours de la période (5 dans le top 10).
La dynamique en Allemagne et en Scandinavie est en revanche moins encourageante. La baisse des levées de fonds de respectivement 25% et 30% en comparaison avec le premier semestre 2023 chez ces principaux rivaux de la France permet à cette dernière de consolider sa place de dauphin.
Deux sociétés françaises sont parvenues à se faufiler dans le top 10 des plus grosses opérations européennes. Mistral AI monte ainsi sur le podium, simplement devancé par la fintech britannique SumUp et sa compatriote Wayve Technologies, éditeur de logiciel pour la conduite autonome.
Electra se classe pour sa part en 7e position.
Focus sur les introductions en bourse tech à Paris :
La cotation en bourse est un levier de développement essentiel, et l‘IPO peut constituer une étape naturelle pour une entreprise technologique en pleine croissance. Planisware et Exosens sont deux exemples d‘opérations réussies sur le marché réglementé d‘Euronext Paris.
Planisware :
6 mois après report en octobre 2023 dernier, (dans un contexte de marché défavorable) le fournisseur de logiciels de gestion de projet SaaS entre finalement en bourse. Avec une capitalisation à la cotation d‘environ 1,1 milliard d’euros et l‘exercice intégrale de la greenshoe portant le montant final levé à 278 millions d’euros, l‘opération est une réussite. Une valorisation raisonnable (revue en bas de fourchette), une taille critique (compartiment A) et ses caractéristiques financières (croissance à deux chiffres du CA, +30% marge d‘EBITDA, 1/2 de ses revenus en réalisés en Europe, etc.) ont contribué à susciter l‘appétit d‘investisseurs intentionnels de renom. L‘Offre étant purement secondaire (actions cédées par Ardian et Olhada), l‘opération a pour but d‘accroître la notoriété du groupe et de conserver son indépendance. Le cours a augmenté de 65% depuis son prix d‘introduction de 16 euros (clôture du 1er juillet 2024).
Exosens (ex-Photonis) :
Le fournisseur d‘équipements électro-optiques (notamment pour le secteur de la défense) entame sa cotation en bourse en juin 2024 avec une capitalisation boursière d‘environ 1,2 milliard d’euros avec un volume total du placement à environ 402,5 millions d’euros après exercice intégral de son
option de surallocation. L‘opération inclut la cession de 120 millions d’euros d‘actions par ses investisseurs historiques ainsi qu‘une levée de fonds de 180 millions d’euros. Cette levée permettra de renforcer son bilan et de financer sa stratégie de croissance, en particulier ses opérations de croissance externe. Le titre demeure toujours au-dessus de son prix d‘introduction, ce qui témoigne d‘une valorisation jugée cohérente par les investisseurs (+5% à la clôture du 1er juillet 2024).
La cotation est attractive pour ces sociétés de la tech en apportant de la visibilité, de la liquidité pour les actionnaires et un outil de financement et ce pour la suite de sa vie boursière. Par ailleurs, ces opérations ont bénéficié d’un processus plus rapide en ne recourant pas à une tranche retail (pour les particuliers) grâce à la nouvelle réglementation de l‘AMF.
De nombreuses scale-ups de la tech française pourraient avoir recours aux marchés financiers dans les trois prochaines années pour offrir de la liquidité à leurs actionnaires historiques et financer leur futur développement.
Planisware :
6 mois après report en octobre 2023 dernier, (dans un contexte de marché défavorable) le fournisseur de logiciels de gestion de projet SaaS entre finalement en bourse. Avec une capitalisation à la cotation d‘environ 1,1 milliard d’euros et l‘exercice intégrale de la greenshoe portant le montant final levé à 278 millions d’euros, l‘opération est une réussite. Une valorisation raisonnable (revue en bas de fourchette), une taille critique (compartiment A) et ses caractéristiques financières (croissance à deux chiffres du CA, +30% marge d‘EBITDA, 1/2 de ses revenus en réalisés en Europe, etc.) ont contribué à susciter l‘appétit d‘investisseurs intentionnels de renom. L‘Offre étant purement secondaire (actions cédées par Ardian et Olhada), l‘opération a pour but d‘accroître la notoriété du groupe et de conserver son indépendance. Le cours a augmenté de 65% depuis son prix d‘introduction de 16 euros (clôture du 1er juillet 2024).
Exosens (ex-Photonis) :
Le fournisseur d‘équipements électro-optiques (notamment pour le secteur de la défense) entame sa cotation en bourse en juin 2024 avec une capitalisation boursière d‘environ 1,2 milliard d’euros avec un volume total du placement à environ 402,5 millions d’euros après exercice intégral de son
option de surallocation. L‘opération inclut la cession de 120 millions d’euros d‘actions par ses investisseurs historiques ainsi qu‘une levée de fonds de 180 millions d’euros. Cette levée permettra de renforcer son bilan et de financer sa stratégie de croissance, en particulier ses opérations de croissance externe. Le titre demeure toujours au-dessus de son prix d‘introduction, ce qui témoigne d‘une valorisation jugée cohérente par les investisseurs (+5% à la clôture du 1er juillet 2024).
La cotation est attractive pour ces sociétés de la tech en apportant de la visibilité, de la liquidité pour les actionnaires et un outil de financement et ce pour la suite de sa vie boursière. Par ailleurs, ces opérations ont bénéficié d’un processus plus rapide en ne recourant pas à une tranche retail (pour les particuliers) grâce à la nouvelle réglementation de l‘AMF.
De nombreuses scale-ups de la tech française pourraient avoir recours aux marchés financiers dans les trois prochaines années pour offrir de la liquidité à leurs actionnaires historiques et financer leur futur développement.