Eric Galiègue
Devinette : Jay et Joe sont dans une voiture. Jay appuie sur le frein, alors que Joe appuie sur l’accélérateur. Que fait la voiture ?
Rarement les politiques monétaire et budgétaire des USA auront été aussi opposées.
Cette semaine, Le président des USA Joe Biden a annoncé l’annulation d’une partie des prêts étudiants, ce qui représente une stimulation économique de l’ordre de 300 Mds$, alors que le Président de la banque de réserve des USA Jay Powell augmente furieusement les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation.
La contribution de la politique budgétaire à la croissance de l’économie américaine est très changeante.
Pendant la crise sanitaire, les mesures de soutien ont été très importantes et la contribution de l’Etat à la conjoncture a été décisive : le déficit public est passé de 4,7% du PIB en 2019, à 15% en 2020, soit un accroissement 10,3%. En revanche, le déficit public a baissé à 12,4% du PIB en 2021, ce qui induit une contribution négative à la croissance, de 2,5%. En 2022, selon les estimations du Congressional Budget Office (CBO), le déficit devrait atteindre 3,9% du PIB seulement, au plus bas depuis 2017 : c’est une baisse du déficit qui représente 8,5% du PIB…. Ces données en date de fin juillet n’intègrent pas la décision d’annuler 300 mds$ de prêt étudiants, soit 1,5% environ du PIB. Cette mesure hautement politique constitue une accélération économique, qui ne remettent néanmoins pas en cause les projections à long terme du CBO. Selon celles-ci, le déficit des USA va reprendre sa progression dans le futur, pour dépasser 5% en 2028, puis 10% en 2048, essentiellement en raison de la montée en puissance de la charge de la dette. A l’horizon 2048, celle-ci représentera plus de 6% du PIB, contre 1,6% en 2021. La charge de la dette va ainsi devenir un fardeau ; l’hypothèse retenue pour le taux d’intérêt à 10 ans est de 3,4% jusque 2033, puis 4% pour la décennie suivante et 4,5% pour la décennie 2040.
De son coté, la politique monétaire est devenue restrictive, alors qu’elle était encore récemment particulièrement expansionniste.
Le taux cible de la Fed est passé de 0,25% en février 2022, à 2,5% aujourd’hui, soit une hausse de 225 pb en 4 relèvements, dont deux de 0,75%. Cela constitue un coup de frein monétaire considérable, d’autant que le dollar s’apprécie fortement contre toutes monnaies, et notamment contre € (+15% en un an). Par ailleurs, la Fed a lancé son « reverse Quantitative Easing », certes à un rythme plus modéré que le Quantitative Easing. La motivation de Jay Powell est la lutte contre l’inflation, qui remet en cause la stabilité de tout le système. On sait que la hausse des prix est causée notamment par un problème d’offre, mais elle est néanmoins bien là…
Dans ces circonstances, que fait une voiture qui accélère tout en freinant ? Elle ne bouge plus et le moteur et les freins chauffent. Lorsque les politiques monétaires et budgétaires sont alignées, les choses sont claires. Lorsqu’elles s’opposent totalement, et que leur poids dans la conjoncture économique est très important, les choses sont beaucoup plus compliquées. La politique monétaire plus restrictive fait monter les taux …ce qui alourdit la charge de la dette pour l’Etat. Alors que la stimulation budgétaire renforce la demande et stimule finalement l’inflation…que combat la politique monétaire.
La conclusion opérationnelle est que le cadeau budgétaire de la semaine (l’annulation d’une partie de la dette étudiante) vient renforcer la demande et alimenter l’inflation, ce qui doit inciter la Fed à relever encore plus fortement les taux. Les taux n’ont pas fini de monter, ce qui est négatif pour les bénéfices des entreprises et le cours de leurs actions.
Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 4 923 points.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont encore progressé des deux côtés de l’Atlantique (plus de 3% aux USA, près de 1,9% en France). L’euro a baissé fortement, et est passé sous 1$.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a remonté sur des rumeurs de réduction de la production de l’OPEP. Stabilité des cours du cuivre.
Rarement les politiques monétaire et budgétaire des USA auront été aussi opposées.
Cette semaine, Le président des USA Joe Biden a annoncé l’annulation d’une partie des prêts étudiants, ce qui représente une stimulation économique de l’ordre de 300 Mds$, alors que le Président de la banque de réserve des USA Jay Powell augmente furieusement les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation.
La contribution de la politique budgétaire à la croissance de l’économie américaine est très changeante.
Pendant la crise sanitaire, les mesures de soutien ont été très importantes et la contribution de l’Etat à la conjoncture a été décisive : le déficit public est passé de 4,7% du PIB en 2019, à 15% en 2020, soit un accroissement 10,3%. En revanche, le déficit public a baissé à 12,4% du PIB en 2021, ce qui induit une contribution négative à la croissance, de 2,5%. En 2022, selon les estimations du Congressional Budget Office (CBO), le déficit devrait atteindre 3,9% du PIB seulement, au plus bas depuis 2017 : c’est une baisse du déficit qui représente 8,5% du PIB…. Ces données en date de fin juillet n’intègrent pas la décision d’annuler 300 mds$ de prêt étudiants, soit 1,5% environ du PIB. Cette mesure hautement politique constitue une accélération économique, qui ne remettent néanmoins pas en cause les projections à long terme du CBO. Selon celles-ci, le déficit des USA va reprendre sa progression dans le futur, pour dépasser 5% en 2028, puis 10% en 2048, essentiellement en raison de la montée en puissance de la charge de la dette. A l’horizon 2048, celle-ci représentera plus de 6% du PIB, contre 1,6% en 2021. La charge de la dette va ainsi devenir un fardeau ; l’hypothèse retenue pour le taux d’intérêt à 10 ans est de 3,4% jusque 2033, puis 4% pour la décennie suivante et 4,5% pour la décennie 2040.
De son coté, la politique monétaire est devenue restrictive, alors qu’elle était encore récemment particulièrement expansionniste.
Le taux cible de la Fed est passé de 0,25% en février 2022, à 2,5% aujourd’hui, soit une hausse de 225 pb en 4 relèvements, dont deux de 0,75%. Cela constitue un coup de frein monétaire considérable, d’autant que le dollar s’apprécie fortement contre toutes monnaies, et notamment contre € (+15% en un an). Par ailleurs, la Fed a lancé son « reverse Quantitative Easing », certes à un rythme plus modéré que le Quantitative Easing. La motivation de Jay Powell est la lutte contre l’inflation, qui remet en cause la stabilité de tout le système. On sait que la hausse des prix est causée notamment par un problème d’offre, mais elle est néanmoins bien là…
Dans ces circonstances, que fait une voiture qui accélère tout en freinant ? Elle ne bouge plus et le moteur et les freins chauffent. Lorsque les politiques monétaires et budgétaires sont alignées, les choses sont claires. Lorsqu’elles s’opposent totalement, et que leur poids dans la conjoncture économique est très important, les choses sont beaucoup plus compliquées. La politique monétaire plus restrictive fait monter les taux …ce qui alourdit la charge de la dette pour l’Etat. Alors que la stimulation budgétaire renforce la demande et stimule finalement l’inflation…que combat la politique monétaire.
La conclusion opérationnelle est que le cadeau budgétaire de la semaine (l’annulation d’une partie de la dette étudiante) vient renforcer la demande et alimenter l’inflation, ce qui doit inciter la Fed à relever encore plus fortement les taux. Les taux n’ont pas fini de monter, ce qui est négatif pour les bénéfices des entreprises et le cours de leurs actions.
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Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont encore progressé des deux côtés de l’Atlantique (plus de 3% aux USA, près de 1,9% en France). L’euro a baissé fortement, et est passé sous 1$.
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Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,
Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738
7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
01 42 93 23 68
06 82 84 78 61
eric.galiegue@valquant.fr
www.valquant.fr
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