Lundi 16 Février 2015
Finyear, quotidien Finance d'entreprise

Croissance : la France toujours à la traîne de la zone euro.

Une fois encore, la France a malheureusement brillé par son manque de dynamisme économique au sein de la zone euro. L'évolution comparée du PIB entre les différents pays de l'UEM au quatrième trimestre est sans appel : + 0,7 % en Allemagne et en Espagne, + 0,5 % aux Pays-Bas et au Portugal et + 0,3 % pour la zone euro dans son ensemble.


Marc Touati
Face à ces performances, la petite hausse de 0,1 % du PIB français sonne particulièrement faux. Piètre consolation, le PIB italien a fait du surplace et celui de la Grèce est reparti à la baisse (- 0,2 %). La France n'est donc pas dernière mais semble se complaire avec les derniers de la classe.

Cette triste position est également corroborée par les évolutions annuelles moyennes du PIB en 2014 : + 1,6 % outre-Rhin, + 1,4 % outre-Pyrénées, + 1,0 % en Belgique, + 0,9 % au Portugal, + 0,8 % aux Pays-Bas et en Grèce et - 0,4 % en Italie. Le PIB de l'ensemble de la zone euro progresse de 0,9 %, contre 0,4 % pour la France.

De quoi rappeler que, lorsque les réformes économiques sont menées avec courage et détermination, les résultats positifs arrivent forcément. L'Italie devrait d'ailleurs prochainement en bénéficier. A l'inverse, le refus de la modernisation économique produit inévitablement de la mollesse économique et du chômage.

Ainsi, le ralentissement de la croissance française au quatrième trimestre 2014 (à 0,1 % contre 0,3 % le trimestre précédent) est loin d'être une surprise. Conséquence logique de cette décélération, le glissement annuel du PIB a été divisé par deux, passant de 0,4 % à 0,2 % en un trimestre (contre par exemple 2,0 % en Espagne, 1,5 % en Allemagne et 0,9 % pour l'UEM).

Cette croissance molle s'explique à la fois par une faible hausse de la consommation des ménages (+ 0,2 %) et une contribution légèrement positive du commerce extérieur (0,1 point). En revanche, l'investissement a continué de reculer : - 0,2 % pour celui des entreprises et - 1,5 % pour l'investissement logement des ménages. Sur l'ensemble de l'année, ce dernier s'effondre même de 5,8 %, après avoir déjà reculé de 3,1 % en 2013, confirmant le marasme que subit le secteur de la construction immobilière dans l'Hexagone.

L'observation du PIB sur l'ensemble de l'année 2014 n'est d'ailleurs guère plus réjouissante. Certes, sa progression annuelle moyenne atteint 0,4 %, soit le même résultat qu'en 2013 et 2012. De quoi rappeler que la croissance française est bien structurellement molle.

De plus, le jeu des révisions statistiques de l'INSEE montre que la France est bien techniquement retombée en récession l'an passé, puisque son PIB a reculé pendant deux trimestres consécutifs : à savoir - 0,02 % au premier trimestre et - 0,12 % au deuxième. S'il n'y a certes pas péril en la demeure, ces évolutions rappellent que l'économie française reste des plus fragiles.

D'ailleurs, au sortir de l'année 2014, l'acquis de croissance du PIB national n'est que de 0,2 %. Dans ce cadre, malgré l'aide exogène de la baisse des prix des matières premières, de la dépréciation de l'euro et de la « planche à billets » de la BCE, la croissance annuelle hexagonale devrait osciller autour de 0,8 % en 2015.

En effet, de par une pression fiscale toujours trop forte, pour ne pas dire confiscatoire, mais aussi à cause d'un marché du travail toujours aussi rigide et d'un taux de chômage bien trop élevé, la France restera engoncée dans la mollesse économique. Le pire est que les dirigeants du pays présentent l'atteinte d'une croissance proche de 1 % cette année comme une performance formidable.

Ce manque d'ambition est particulièrement triste et montre combien la France a besoin d'une thérapie de choc (avec notamment une forte baisse des impôts pour tous, une modernisation massive du marché du travail et une réduction des dépenses publiques inefficaces) si elle veut sortir de l'atonie économique.

Ne l'oublions pas : pour créer des emplois en grand nombre, faire baisser durablement le chômage et réduire significativement ses déficits publics, la France a besoin d'une croissance supérieure à 2 %. La nouvelle baisse de l'emploi au quatrième trimestre 2014 rappelle d'ailleurs que le fléau du chômage n'est pas près de s'estomper.

Et ce n'est pas avec les réformettes de la loi Macron que la donne va changer. Encore une fois, nous touchons ici au manque d'ambition structurel des dirigeants du pays, comme cela s'observe malheureusement depuis plus de vingt ans. C'est d'ailleurs là que réside la principale raison pour laquelle la croissance structurelle de la France est passée de 2,5 % au début des années 1990 à 0,7 % aujourd'hui (dans le meilleur des cas). Si nous voulons que cela change, il n'y a pas trente-six solutions, mais une seule : la modernisation structurelle de l'économie hexagonale.

Espérons donc que les efforts déployés par les dirigeants français pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine ou consentir un nouveau cadeau à la Grèce seront également présents pour relancer durablement l'économie française sur la voie de la modernité et de la croissance forte et durable. L'espoir fait vivre…

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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