Eric Galiègue
La dernière statistique sur l’inflation européenne confirme que l’inflation est bien le problème majeur de cette année 2022. La hausse des prix à la consommation a atteint 7,4% dans la zone €, et, surtout, le « core CPI », ou l’inflation dite « de base », hors composantes volatiles de l’indice, a progressé significativement : elle est passée à 3,9% en rythme annuel fin avril, après 3,2% en mars. L’accélération de l’inflation sous-jacente démontre bien que la hausse des prix touche désormais toute l’économie, et pas seulement les produits pétroliers.
Au terme d’une crise sanitaire et d’une guerre, voilà donc revenu ce phénomène oublié depuis les années 80 : l’inflation. L’économie américaine n’est pas en reste puisque l’inflation galope au-delà de 8%, pour un core CPI à 6% environ. Le distributeur américain Target a catalysé un nouvel épisode baissier à Wall Street cette semaine. En effet, le groupe de distribution a vu son cours chuter de près de 25% le jour de la publication de ses résultats du premier trimestre 2022 (clos fin avril) et du commentaire que la société en a fait. Son bénéfice par action trimestriel a chuté de 48%, et la société a incriminé notamment la hausse des couts de fret, les ruptures d’approvisionnement et la hausse des salaires. Ses charges (Selling, General and Administrative Expenses) ont augmenté de 5,6%, les « cost of sales » ont progressé de plus de 10% au premier trimestre, pour des ventes en hausse de 4%....
Costco, Lowe’s, Best Buy et même Wall Mart ont été aussi très affectés cette semaine : les investisseurs s'inquiètent des conséquences de l'inflation sur la demande et les profits des distributeurs et des entreprises en général. Cette prise de conscience américaine ne nous étonne pas, et nous rappelons en quoi l’inflation est effectivement un problème majeur pour l’économie, comme l’a rappelé Jérôme Powell cette semaine. C’est un problème majeur car l’inflation 1/ produit directement la récession et 2/ réduit les marges des entreprises.
Tout d’abord, ce qu’il faut bien comprendre dans ce phénomène, c’est que l’inflation produit « automatiquement » la récession. L’exemple des entreprises de distribution nous le rappelle, et il n’est pas nécessaire d’être docteur en économie pur comprendre qu’avec un budget initial fixe, la variation de prix se transforme mécaniquement en réduction des volumes. Quand un ménage dispose de 1 500€ et que les prix de ses dépenses augmentent de 7,4%, il est forcément obligé de moins remplir le caddie. C’est ce qui s’appelle la récession. Ce phénomène n’est pas instantané, tout comme l’impact de la hausse des prix du pétrole, qui est un catalyseur de ce phénomène. C’est ainsi que mois après mois, l’effet devint de plus en plus visible dans les statistiques. C’est bien ce qui se passe actuellement : la diffusion de la hausse initiale du prix des matières premières vers tous les autres produits, produit cette chute de pouvoir d’achat qui se traduit par la baisse des volumes. Le cas de Target est très clair : la hausse des ventes de cette société de distribution est limitée à 4%, alors que l’inflation est bien supérieure à ce taux : les clients ont donc réduit leurs volumes d’achat.
Ensuite, et la hausse des charges de Target le démontre, l’inflation a un impact défavorable sur les marges des entreprises. Car si au niveau de la « top line » du compte de résultat des entreprises, on assiste à une compensation de la variation haussière des prix par la variation baissière des volumes, c’est moins le cas au niveau des charges. Les entreprises doivent en effet honorer leurs engagements, et faire face à la hausse des prix de leurs charges, sans forcément pouvoir réduire leur volume autant qu’elles le voudraient. Et cela ne se traduit pas une baisse de la marge, qui est passée pour Target de 5,3% vs 9,8 au premier trimestre 2021…
A Wall Street, les investisseurs ont considéré cette publication comme un indicateur avancé de ce qui pourrait se produire pour toutes les entreprises. Le trimestre décalé (février avril) de Target permet d’avoir une meilleure vision de l’impact de l’inflation et de la crise ukrainienne sur les résultats des entreprises. Et il est clairement négatif.
Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 541 points.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont progressé à nouveau : retour sur 1,5% pour le 10 ans français et près de 3% aux USA. L’€ a rebondi de 1%.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a remonté au-delà de 110$, le cours du cuivre est lui aussi plus ferme.
Au terme d’une crise sanitaire et d’une guerre, voilà donc revenu ce phénomène oublié depuis les années 80 : l’inflation. L’économie américaine n’est pas en reste puisque l’inflation galope au-delà de 8%, pour un core CPI à 6% environ. Le distributeur américain Target a catalysé un nouvel épisode baissier à Wall Street cette semaine. En effet, le groupe de distribution a vu son cours chuter de près de 25% le jour de la publication de ses résultats du premier trimestre 2022 (clos fin avril) et du commentaire que la société en a fait. Son bénéfice par action trimestriel a chuté de 48%, et la société a incriminé notamment la hausse des couts de fret, les ruptures d’approvisionnement et la hausse des salaires. Ses charges (Selling, General and Administrative Expenses) ont augmenté de 5,6%, les « cost of sales » ont progressé de plus de 10% au premier trimestre, pour des ventes en hausse de 4%....
Costco, Lowe’s, Best Buy et même Wall Mart ont été aussi très affectés cette semaine : les investisseurs s'inquiètent des conséquences de l'inflation sur la demande et les profits des distributeurs et des entreprises en général. Cette prise de conscience américaine ne nous étonne pas, et nous rappelons en quoi l’inflation est effectivement un problème majeur pour l’économie, comme l’a rappelé Jérôme Powell cette semaine. C’est un problème majeur car l’inflation 1/ produit directement la récession et 2/ réduit les marges des entreprises.
Tout d’abord, ce qu’il faut bien comprendre dans ce phénomène, c’est que l’inflation produit « automatiquement » la récession. L’exemple des entreprises de distribution nous le rappelle, et il n’est pas nécessaire d’être docteur en économie pur comprendre qu’avec un budget initial fixe, la variation de prix se transforme mécaniquement en réduction des volumes. Quand un ménage dispose de 1 500€ et que les prix de ses dépenses augmentent de 7,4%, il est forcément obligé de moins remplir le caddie. C’est ce qui s’appelle la récession. Ce phénomène n’est pas instantané, tout comme l’impact de la hausse des prix du pétrole, qui est un catalyseur de ce phénomène. C’est ainsi que mois après mois, l’effet devint de plus en plus visible dans les statistiques. C’est bien ce qui se passe actuellement : la diffusion de la hausse initiale du prix des matières premières vers tous les autres produits, produit cette chute de pouvoir d’achat qui se traduit par la baisse des volumes. Le cas de Target est très clair : la hausse des ventes de cette société de distribution est limitée à 4%, alors que l’inflation est bien supérieure à ce taux : les clients ont donc réduit leurs volumes d’achat.
Ensuite, et la hausse des charges de Target le démontre, l’inflation a un impact défavorable sur les marges des entreprises. Car si au niveau de la « top line » du compte de résultat des entreprises, on assiste à une compensation de la variation haussière des prix par la variation baissière des volumes, c’est moins le cas au niveau des charges. Les entreprises doivent en effet honorer leurs engagements, et faire face à la hausse des prix de leurs charges, sans forcément pouvoir réduire leur volume autant qu’elles le voudraient. Et cela ne se traduit pas une baisse de la marge, qui est passée pour Target de 5,3% vs 9,8 au premier trimestre 2021…
A Wall Street, les investisseurs ont considéré cette publication comme un indicateur avancé de ce qui pourrait se produire pour toutes les entreprises. Le trimestre décalé (février avril) de Target permet d’avoir une meilleure vision de l’impact de l’inflation et de la crise ukrainienne sur les résultats des entreprises. Et il est clairement négatif.
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Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,
Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738
7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
01 42 93 23 68
06 82 84 78 61
eric.galiegue@valquant.fr
www.valquant.fr
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