A CHAUD du 27 avril 2007 : Les ménages essaient de croire à la baisse du chômage, mais…

La situation des Français reste fragile :



Marc TOUATI
Chaque fin de mois, lors de la publication des chiffres du chômage, la polémique ressurgit : la baisse du nombre de chômeurs est-elle réelle ou factice. En fait, comme souvent en économie, la réponse se situe entre les deux. En effet, s'il est clair que, depuis deux ans, le nombre de sans-emploi et à la recherche d'un emploi recule en France, il est tout aussi clair que les créations d'emplois restent faibles : seulement 137 000 en moyenne sur 2006, soit une hausse annuelle moyenne de 0,9 %. Nous sommes donc très loin des performances de la période 1998-2000 pendant laquelle l'emploi augmentait de 3 à 4 % l'an.

Ainsi, aujourd'hui, seul 40 % de la baisse du chômage s'explique par de véritables créations d'emplois. Les 60 % restants sont le fruit du papy boom (les départs à la retraite des enfants du baby-boom alors que ce sont les classes « creuses » des années 80 qui arrivent aujourd'hui sur le marché du travail) et du traitement social du chômage (les emplois subventionnés, les formations, les stages en tous genres, les chômeurs-créateurs d'entreprise, les vacations de service publics…). En outre, il existe également un traitement statistique du chômage mais là c'est à l'INSEE à faire le ménage chez elle…

Corroborant ce décalage entre les chiffres de baisse du chômage et la faiblesse des créations d'emplois, le moral des ménages est resté particulièrement bas au cours des quatre dernières années. Un léger mieux a néanmoins été enregistré depuis le début 2006 et en particulier en avril, puisque la confiance des ménages mesurée par l'INSEE a gagné deux petits points, soit 6 points de mieux par rapport à décembre dernier et dix points de mieux qu'en mai 2006. Cette amélioration est notamment le produit d'une tripe amélioration : + 1 point pour les perspectives de situation financière personnelle, + 3 pour les perspectives de niveau de vie en
France et + 2 pour l'indicateur de l'opportunité de faire des achats importants. Les consommateurs n'ont donc pas encore utilisé toutes leurs cartouches pour dépenser plus. Parallèlement, après avoir augmenté de 17 points en mars, l'indicateur relatif aux craintes de hausse future du chômage en a reperdu 13 en avril.

Autrement dit, les ménages restent encore sceptiques quant à la réalité de la baisse du chômage mais veulent bien essayer d'y croire. Est-ce suffisant pour relancer durablement l'économie française sur le chemin de la croissance forte ? Pas encore ! En effet, comme pour les chefs d'entreprises hier, la confiance des ménages a certes retrouvé le chemin de la hausse depuis quatre mois mais demeure encore très éloignée du véritable optimisme. Avec un niveau actuel de -20, l'indice INSEE de leur moral est effectivement plus de 20 points en deçà de ses sommets de 1999-2001. Idem pour les craintes de chômage qui restent encore particulièrement fortes comparativement aux années de créations d'emplois soutenues.

En outre, presque passée inaperçue, l'enquête INSEE dans la construction immobilière publiée hier a fait état d'un nouveau plongeon de la demande de logements neufs, qui atteint désormais un plus bas depuis 1997, c'est-à-dire lors de la fin du précédent krach immobilier, lorsque les prix étaient au plus bas !

Dans ces conditions, il faut garder à l'esprit que, malgré la baisse du chômage, la situation des ménages demeure des plus fragiles : un taux d'endettement de 70 %, des créations d'emplois faiblardes, une hausse des taux d'intérêt trop importante et une bulle immobilière qui touche à sa fin. A l'évidence, l'été sera chaud…

Marc TOUATI
Président de ACDE

marc.touati@acde.biz

www.acde.biz






Lundi 30 Avril 2007


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