A CHAUD du 26 avril 2007 - France : le bonheur au coin de la rue ?

Et si la France retrouvait enfin le chemin d’une croissance durablement supérieure à 2 % ? Après la résistance exceptionnelle de la consommation, c’est effectivement au tour des industriels de nous redonner quelques espoirs.



Marc TOUATI
Certes, la remontée du climat des affaires dans l'industrie française est encore très loin de celle de son homologue allemande (telle qu'elle apparaît dans l'enquête IFO). Pour autant, doucement mais sûrement, l'indicateur synthétique de l'enquête INSEE dans l'industrie gagne du terrain. Avec un niveau de 111 en avril, il réalise ainsi une progression de deux points sur un mois et de quatre par rapport à janvier dernier. Mieux, il se situe désormais à un plus haut depuis mars 2001, c'est-à-dire juste avant que la France ne sombre dans la croissance molle et dans la récession industrielle.

Parallèlement, cette amélioration est le fruit d'une augmentation de la quasi-totalité des sous-indices de l'enquête INSEE. Ainsi, l'indicateur relatif à la production passée a fait un bond de sept points en un mois, atteignant un sommet depuis janvier 2001 et confirmant ainsi que l'industrie est bien en train de sortir de la récession du second semestre 2006. De même, les carnets de commandes tant étrangers que globaux ont gagné un point en avril. C'est certes peu, mais les niveaux désormais atteints représentent des plus hauts depuis juillet 2006 pour les carnets étrangers et depuis le début 2001 pour les carnets globaux.

Dans ce cadre, les industriels s'annoncent relativement sereins pour leurs perspectives personnelles de production qui, après avoir perdu deux points au cours des deux derniers mois, en regagnent un petit en avril et restent encore inférieures de quatre points à leur niveau de novembre dernier. Nous sommes donc encore loin de l'euphorie.

Néanmoins, il faut également noter que malgré le climat électoral, les perspectives générales de production des industriels français ont fait un saut de onze points sur le seul mois d'avril. Certes, en décembre dernier, elles avaient plongé de douze points en un mois, ce qui indiquait alors l'état d'inquiétude des chefs d'entreprise face à l'euro fort et au début de la campagne électorale. Aujourd'hui, ces mêmes patrons semblent relativiser ces inquiétudes, tout en sachant que l'enquête a été menée avant la nouvelle flambée de l'euro, mais aussi avant les résultats du premier tour qui ont notamment montré le regain de civisme des Français.

Alors, peut-on enfin redevenir optimiste pour la croissance française ? Malheureusement, ce n'est pas si simple. En effet, à côté des bonnes nouvelles que nous venons de décrire, il faut également noter que le climat des affaires reste encore très loin de ses niveaux de 1998-2000 qui correspondaient à une situation de croissance forte, en l'occurrence entre 115 et 122 contre 111 aujourd'hui. De même, les perspectives personnelles et générales de production sont aussi très en deçà de leurs niveaux de 1998-2000. En outre, il faut aussi se souvenir qu'en 2006, l'augmentation du climat des affaires et des indices de perspectives de production a été de pair avec une baisse quasi-continue de la production industrielle.

Enfin, si l'euro continue de s'apprécier et si le résultat des présidentielles ne plaît pas aux chefs d'entreprise, il est clair que l'actuel retour d'un relatif optimisme laissera vite la place aux craintes, à la croissance molle et aux faibles créations d'emplois.

Autrement dit, depuis 2001, la France n'a jamais été aussi proche de la croissance durablement soutenue, mais la victoire n'est pas encore acquise et un retournement de dernière minute reste à craindre.

Marc TOUATI
Président de ACDE

marc.touati@acde.biz

www.acde.biz






Jeudi 26 Avril 2007


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