Marc Touati
Certes, la croissance mondiale est restée soutenue. Conformément à nos prévisions, elle a effectivement atteint 3,5 %, soit exactement sa moyenne de longue période (en l'occurrence de 1980 à 2014). Dans le même temps, aucun grand pays ni aucune grande zone n'a été touchée par une forte baisse de l'activité, si ce n'est temporaire. Le Japon est par exemple retombé en récession technique (c'est-à-dire en subissant deux trimestres consécutifs de baisse du PIB), mais entre deux périodes de croissance appréciable. Ainsi, sur l'ensemble de l'année 2014, (et même si les chiffres du quatrième trimestre ne sont pas encore connue) les variations du PIB devraient s'avérer positives un peu partout à travers la planète : + 2,3 % aux Etats-Unis, + 7,3 % en Chine, + 0,8 % dans la zone euro, + 0,9 % au Japon, + 1,4 % en Allemagne, + 0,3 % en France, + 2,9 % au Royaume-Uni, + 2,5 % au Canada, + 5,4 % en Inde, + 1,8 % en Europe de l'Est, + 0,5 % en Russie, et + 4 % en Afrique.
La grande nouveauté de l'année 2014 sur le front de la croissance est qu'après deux années consécutives de baisse de son PIB (- 0,6 % en 2012 et - 0,4 % en 2013), la zone euro a enfin retrouvé le chemin de la progression de l'activité. Malheureusement, si l'Espagne et la Grèce ont également vu leur PIB s'accroître, l'Italie est restée en récession, subissant une décroissance d'environ 0,3 % l'an passé (contre certes - 2,4 % en 2012 et - 1,9 % en 2013).
Mais il y a encore plus grave, car, en dépit de ces améliorations, la zone euro continue de pâtir d'un chômage beaucoup trop fort, en particulier dans les pays du Sud, et apparaît désormais menacée par la déflation.
C'est d'ailleurs, à cause de ce danger grandissant que la BCE et son Président Mario Draghi ont encore marqué l'Histoire, en abaissant par deux fois le taux refi, qui se situe depuis septembre dernier à un plancher de 0,05 %. Même les Américains n'ont pas osé aller aussi loin. Cette stratégie offensive de « super Mario » a notamment permis la forte dépréciation de l'euro, notamment face au dollar, ce qui constitue également l'un des grands évènements de l'année 2014.
Cependant, à la différence de l'action engagée par la Réserve fédérale depuis 2009, la BCE n'a toujours actionné la « planche à billets », maintenant la zone euro dans une « trappe à liquidités » néfaste, puisque la faiblesse des taux directeurs ne se traduit pas par un accroissement massif des crédits à l'économie mais par un effet d'éviction des financements privés par les financements publics.
Nous touchons ici à l'origine de la grande anomalie de l'année 2014, en l'occurrence la nouvelle baisse des taux d'intérêt des obligations des Etats eurolandais, et en particulier français. En effet, en dépit de déficits toujours très élevés et d'une dette publique galopante, les taux longs ont touché des planchers historiques. Si l'excès de liquidités octroyées par la BCE et le risque de déflation peuvent en partie justifier cette baisse, nous sommes néanmoins face à une bulle obligataire majeure, dont l'éclatement fera forcément pas mal de dégâts.
En attendant, les marchés boursiers ont continué de faire fi des dangers environnants (et notamment des risques géopolitiques), poursuivant leur flambée impressionnante et atteignant même, dans certains cas (principalement aux Etats-Unis et en Allemagne), de nouveaux sommets historiques. Ni l'arrêt de la « planche à billets » américaine, ni le défaut argentin, ni la récession japonaise, ni la crise russe, ni la réactivation de la crise grecque et encore moins la faiblesse de la croissance dans la zone euro et notamment en France n'ont altéré cet optimisme.
Pour Noël, le Dow Jones a ainsi dépassé la barre des 18 000 points. Sur l'ensemble de l'année 2014, sa progression atteint ainsi 8 %, soit tout de même la meilleure performance des grands indices boursiers : + 7,1 % pour le Nikkei, + 2,6 % pour le Dax, - 0,5 % pour le Cac 40 et - 2,7 % pour le Footsie. De quoi rappeler que les marchés boursiers n'ont pas été aussi fastes que certaines apparences pourraient le laisser penser.
Enfin, la dernière grande nouvelle de l'année réside dans la forte baisse des cours pétroliers, mais aussi de nombreuses matières premières. Si les compagnies pétrolières et certains pays, en particulier la Russie, en ont évidemment pâti, cette décrue reste une excellente nouvelle pour la grande majorité de l'économie mondiale, à commencer par les entreprises et les consommateurs. Les premières bénéficieront notamment d'une réduction de leurs coûts de production, suscitant une amélioration de leurs marges et potentiellement un accroissement de leurs investissements et de leurs embauches. Quant aux ménages, leur pouvoir d'achat s'en trouvera amélioré, soutenant par là même leurs dépenses de consommation.
Cependant, si la baisse des cours pétroliers et celle de l'euro ont potentiellement la faculté d'apporter environ 1 point de croissance au cours des prochains mois pour les pays de l'UEM, il ne faut pas oublier que ces gains pourraient être rapidement contrebalancés par la persistance d'un chômage trop élevé et d'une pression fiscale de plus en plus forte, en particulier dans l'Hexagone.
Il s'agit donc d'avantages en demi-teinte, qui sont finalement à l'image de l'année 2014. Car si le bilan économique et financier de l'an passé est globalement positif, il n'en est pas moins dénué de scories et doit par là même appeler à la vigilance, notamment en matière de réformes structurelles qui ne sont toujours pas d'actualité dans notre douce France.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
La grande nouveauté de l'année 2014 sur le front de la croissance est qu'après deux années consécutives de baisse de son PIB (- 0,6 % en 2012 et - 0,4 % en 2013), la zone euro a enfin retrouvé le chemin de la progression de l'activité. Malheureusement, si l'Espagne et la Grèce ont également vu leur PIB s'accroître, l'Italie est restée en récession, subissant une décroissance d'environ 0,3 % l'an passé (contre certes - 2,4 % en 2012 et - 1,9 % en 2013).
Mais il y a encore plus grave, car, en dépit de ces améliorations, la zone euro continue de pâtir d'un chômage beaucoup trop fort, en particulier dans les pays du Sud, et apparaît désormais menacée par la déflation.
C'est d'ailleurs, à cause de ce danger grandissant que la BCE et son Président Mario Draghi ont encore marqué l'Histoire, en abaissant par deux fois le taux refi, qui se situe depuis septembre dernier à un plancher de 0,05 %. Même les Américains n'ont pas osé aller aussi loin. Cette stratégie offensive de « super Mario » a notamment permis la forte dépréciation de l'euro, notamment face au dollar, ce qui constitue également l'un des grands évènements de l'année 2014.
Cependant, à la différence de l'action engagée par la Réserve fédérale depuis 2009, la BCE n'a toujours actionné la « planche à billets », maintenant la zone euro dans une « trappe à liquidités » néfaste, puisque la faiblesse des taux directeurs ne se traduit pas par un accroissement massif des crédits à l'économie mais par un effet d'éviction des financements privés par les financements publics.
Nous touchons ici à l'origine de la grande anomalie de l'année 2014, en l'occurrence la nouvelle baisse des taux d'intérêt des obligations des Etats eurolandais, et en particulier français. En effet, en dépit de déficits toujours très élevés et d'une dette publique galopante, les taux longs ont touché des planchers historiques. Si l'excès de liquidités octroyées par la BCE et le risque de déflation peuvent en partie justifier cette baisse, nous sommes néanmoins face à une bulle obligataire majeure, dont l'éclatement fera forcément pas mal de dégâts.
En attendant, les marchés boursiers ont continué de faire fi des dangers environnants (et notamment des risques géopolitiques), poursuivant leur flambée impressionnante et atteignant même, dans certains cas (principalement aux Etats-Unis et en Allemagne), de nouveaux sommets historiques. Ni l'arrêt de la « planche à billets » américaine, ni le défaut argentin, ni la récession japonaise, ni la crise russe, ni la réactivation de la crise grecque et encore moins la faiblesse de la croissance dans la zone euro et notamment en France n'ont altéré cet optimisme.
Pour Noël, le Dow Jones a ainsi dépassé la barre des 18 000 points. Sur l'ensemble de l'année 2014, sa progression atteint ainsi 8 %, soit tout de même la meilleure performance des grands indices boursiers : + 7,1 % pour le Nikkei, + 2,6 % pour le Dax, - 0,5 % pour le Cac 40 et - 2,7 % pour le Footsie. De quoi rappeler que les marchés boursiers n'ont pas été aussi fastes que certaines apparences pourraient le laisser penser.
Enfin, la dernière grande nouvelle de l'année réside dans la forte baisse des cours pétroliers, mais aussi de nombreuses matières premières. Si les compagnies pétrolières et certains pays, en particulier la Russie, en ont évidemment pâti, cette décrue reste une excellente nouvelle pour la grande majorité de l'économie mondiale, à commencer par les entreprises et les consommateurs. Les premières bénéficieront notamment d'une réduction de leurs coûts de production, suscitant une amélioration de leurs marges et potentiellement un accroissement de leurs investissements et de leurs embauches. Quant aux ménages, leur pouvoir d'achat s'en trouvera amélioré, soutenant par là même leurs dépenses de consommation.
Cependant, si la baisse des cours pétroliers et celle de l'euro ont potentiellement la faculté d'apporter environ 1 point de croissance au cours des prochains mois pour les pays de l'UEM, il ne faut pas oublier que ces gains pourraient être rapidement contrebalancés par la persistance d'un chômage trop élevé et d'une pression fiscale de plus en plus forte, en particulier dans l'Hexagone.
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