Marc Touati
Certes, la croissance mondiale devrait rester appréciable et avoisiner les 4 % tant en 2011 qu'en 2012. Néanmoins, si ce niveau semblait être un plancher il y a encore quelques mois, il apparaît désormais comme un plafond. En fait, selon nos estimations, la progression du PIB international serait d'au mieux 3,9 % cette année et de 3,8 % l'an prochain. De tels résultats continueraient donc de marquer un léger mieux par rapport à leur niveau annuel moyen enregistré entre 1980 et 2010, à savoir 3,3 %. En revanche, ils indiqueraient qu'après un fort rebond à 5 % en 2010, l'heure est dorénavant au ralentissement. Autre problème : à l'instar de ce qui s'observe depuis 2008, l'évolution du PIB mondial demeurera particulièrement disparate, avec des pays émergents toujours en tête et des pays développés définitivement à la traîne.
Même l'Oncle Sam, qui nous avait pourtant habitués à faire des étincelles en phase de reprise, ne dépassera pas les 3 % de croissance, ni cette année, ni l'an prochain. Certes, 2012 étant aussi une année électorale, les dépenses publiques devraient rester élevées. Cependant, comme cela s'observe depuis le début de la Présidence Obama, ce laxisme budgétaire ne générera pas de dynamisme économique significatif. La crise est passée par là, pesant négativement et durablement sur le moral des entreprises et des consommateurs américains. Dans ce cadre, la Réserve fédérale ne pourra pas se permettre de resserrer son étreinte monétaire, maintenant le dollar à des niveaux relativement bas, en dépit d'une légère appréciation. Cela empêchera notamment l'euro de se déprécier franchement, limitant par là même le peu de croissance dans les pays de l'UEM.
Une fois encore, la zone euro restera l'une des grandes perdantes de la marche des affaires internationale. Et ce, d'autant que les crises de la dette publique qui sévissent dans la grande majorité des pays de la zone se prolongeront en 2012. Pour ne rien arranger l'approche des échéances électorales dans de nombreux pays (la France en 2012, l'Italie et l'Allemagne en 2013) incitera ces derniers à camper sur leurs positions, suscitant une phase d'attentisme peu propice à l'investissement et aux embauches.
Parallèlement, les craintes tenaces sur les dettes publiques se traduiront par des taux d'intérêt élevés dans l'ensemble des pays de la zone, y compris en France. Le taux d'intérêt des obligations du Trésor français à dix ans pourrait ainsi avoisiner les 4,5 % d'ici un an. Une telle tension se traduira notamment par une baisse de 5 à 10 % des prix des logements anciens et par une stagnation de l'investissement des entreprises. Le taux de chômage se stabilisera aux alentours des 9 %, limitant les dépenses de consommation déjà bien affaiblies cette année. Dans ces conditions, après avoir flirté avec les 2 % en 2011, la croissance hexagonale se repliera vers les 1,6 % en 2012. Un tel résultat demeure cependant optimiste, dans la mesure où il suppose le maintien du AAA pour la dette publique nationale, ce qui est loin d'être garanti.
A l'échelle de la zone euro, des « performances » similaires seraient obtenues. Certes, l'Allemagne conserverait son leadership, mais elle ralentirait également, réalisant une croissance de 2 % l'an prochain, après 2,8 % en 2011 et 3,5 % en 2010. Quant aux autres pays de la zone, tout dépendra de leur sortie ou non de la crise de la dette publique. Pour autant, même en supposant une issue favorable à cette dernière et en faisant l'hypothèse d'un repli de l'euro sous les 1,30 dollar, la croissance resterait molle dans la plupart des pays du Sud de l'Europe.
Ainsi, après une baisse de 1,3 % en 2008 et de 5,2 % en 2009, puis un léger rebondi de 1,2 % en 2010, le PIB italien ne progresserait que de 1,4 % en 2011 et de 1,5 % en 2012. Des résultats analogues s'observeraient en Espagne, maintenant le taux de chômage espagnol autour des 20 %. Le voisin portugais ne serait pas en reste, puisqu'après avoir baissé de 2,5 % en 2009 et augmenté de 1,4 % en 2010, son PIB enregistrerait une variation proche de zéro cette année et d'au mieux 1,4 % en 2012. Quant à la Grèce, elle subira en 2011 sa troisième année consécutive de décroissance (environ - 3 %, après -2,3 % en 2009 et - 4,4 % en 2010), avant de redémarrer progressivement en 2012 (+ 1,8 %).
En d'autres termes, comme cela s'observe depuis deux ans, l'économie eurolandaise sera fortement hétérogène en 2011, pour finalement retrouver un peu plus de convergence en 2012, mais vers le bas. Dans ce cadre, à l'instar des évolutions internationales de la dernière décennie, l'UEM restera la lanterne rouge de la croissance mondiale tant en 2011 qu'en 2012.
Pendant ce temps, le monde dit « émergent » continuera de dominer la planète économique en affichant des performances certes ralenties, mais toujours très appréciables. Comme d'habitude, la Chine donnera le « la » et engagera une décélération volontaire, afin d'éviter la surchauffe. En effet, grâce à un yuan régulièrement apprécié (+ 10 % en 2011 et autant en 2012) et à une augmentation tendancielle des taux d'intérêt directeurs de la Banque Centrale, la croissance chinoise devrait se stabiliser autour des 9 % en 2011 et 2012. Ce « soft landing » permettra notamment de contenir l'inflation chinoise (par ailleurs freinée par l'appréciation du yuan) et de réduire la demande de matières premières, limitant par là même les cours de ces dernières. Ces deux évolutions se traduiront par un apaisement des tensions inflationnistes à travers le monde, pérennisant ainsi une progression du PIB international entre 3,5 % et 4 % sans dérapage inflationniste.
Les soldes auront donc bien lieu sur le front de la croissance mondiale, mais pas de manière uniforme. C'est bien là le problème : bien souvent les soldes portent sur des produits de faible et moyenne qualité, tandis que les biens haut de gamme et/ou fortement appréciés sont généralement peu concernés…
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Même l'Oncle Sam, qui nous avait pourtant habitués à faire des étincelles en phase de reprise, ne dépassera pas les 3 % de croissance, ni cette année, ni l'an prochain. Certes, 2012 étant aussi une année électorale, les dépenses publiques devraient rester élevées. Cependant, comme cela s'observe depuis le début de la Présidence Obama, ce laxisme budgétaire ne générera pas de dynamisme économique significatif. La crise est passée par là, pesant négativement et durablement sur le moral des entreprises et des consommateurs américains. Dans ce cadre, la Réserve fédérale ne pourra pas se permettre de resserrer son étreinte monétaire, maintenant le dollar à des niveaux relativement bas, en dépit d'une légère appréciation. Cela empêchera notamment l'euro de se déprécier franchement, limitant par là même le peu de croissance dans les pays de l'UEM.
Une fois encore, la zone euro restera l'une des grandes perdantes de la marche des affaires internationale. Et ce, d'autant que les crises de la dette publique qui sévissent dans la grande majorité des pays de la zone se prolongeront en 2012. Pour ne rien arranger l'approche des échéances électorales dans de nombreux pays (la France en 2012, l'Italie et l'Allemagne en 2013) incitera ces derniers à camper sur leurs positions, suscitant une phase d'attentisme peu propice à l'investissement et aux embauches.
Parallèlement, les craintes tenaces sur les dettes publiques se traduiront par des taux d'intérêt élevés dans l'ensemble des pays de la zone, y compris en France. Le taux d'intérêt des obligations du Trésor français à dix ans pourrait ainsi avoisiner les 4,5 % d'ici un an. Une telle tension se traduira notamment par une baisse de 5 à 10 % des prix des logements anciens et par une stagnation de l'investissement des entreprises. Le taux de chômage se stabilisera aux alentours des 9 %, limitant les dépenses de consommation déjà bien affaiblies cette année. Dans ces conditions, après avoir flirté avec les 2 % en 2011, la croissance hexagonale se repliera vers les 1,6 % en 2012. Un tel résultat demeure cependant optimiste, dans la mesure où il suppose le maintien du AAA pour la dette publique nationale, ce qui est loin d'être garanti.
A l'échelle de la zone euro, des « performances » similaires seraient obtenues. Certes, l'Allemagne conserverait son leadership, mais elle ralentirait également, réalisant une croissance de 2 % l'an prochain, après 2,8 % en 2011 et 3,5 % en 2010. Quant aux autres pays de la zone, tout dépendra de leur sortie ou non de la crise de la dette publique. Pour autant, même en supposant une issue favorable à cette dernière et en faisant l'hypothèse d'un repli de l'euro sous les 1,30 dollar, la croissance resterait molle dans la plupart des pays du Sud de l'Europe.
Ainsi, après une baisse de 1,3 % en 2008 et de 5,2 % en 2009, puis un léger rebondi de 1,2 % en 2010, le PIB italien ne progresserait que de 1,4 % en 2011 et de 1,5 % en 2012. Des résultats analogues s'observeraient en Espagne, maintenant le taux de chômage espagnol autour des 20 %. Le voisin portugais ne serait pas en reste, puisqu'après avoir baissé de 2,5 % en 2009 et augmenté de 1,4 % en 2010, son PIB enregistrerait une variation proche de zéro cette année et d'au mieux 1,4 % en 2012. Quant à la Grèce, elle subira en 2011 sa troisième année consécutive de décroissance (environ - 3 %, après -2,3 % en 2009 et - 4,4 % en 2010), avant de redémarrer progressivement en 2012 (+ 1,8 %).
En d'autres termes, comme cela s'observe depuis deux ans, l'économie eurolandaise sera fortement hétérogène en 2011, pour finalement retrouver un peu plus de convergence en 2012, mais vers le bas. Dans ce cadre, à l'instar des évolutions internationales de la dernière décennie, l'UEM restera la lanterne rouge de la croissance mondiale tant en 2011 qu'en 2012.
Pendant ce temps, le monde dit « émergent » continuera de dominer la planète économique en affichant des performances certes ralenties, mais toujours très appréciables. Comme d'habitude, la Chine donnera le « la » et engagera une décélération volontaire, afin d'éviter la surchauffe. En effet, grâce à un yuan régulièrement apprécié (+ 10 % en 2011 et autant en 2012) et à une augmentation tendancielle des taux d'intérêt directeurs de la Banque Centrale, la croissance chinoise devrait se stabiliser autour des 9 % en 2011 et 2012. Ce « soft landing » permettra notamment de contenir l'inflation chinoise (par ailleurs freinée par l'appréciation du yuan) et de réduire la demande de matières premières, limitant par là même les cours de ces dernières. Ces deux évolutions se traduiront par un apaisement des tensions inflationnistes à travers le monde, pérennisant ainsi une progression du PIB international entre 3,5 % et 4 % sans dérapage inflationniste.
Les soldes auront donc bien lieu sur le front de la croissance mondiale, mais pas de manière uniforme. C'est bien là le problème : bien souvent les soldes portent sur des produits de faible et moyenne qualité, tandis que les biens haut de gamme et/ou fortement appréciés sont généralement peu concernés…
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com