La pression - qui se fait toujours plus vite et plus fortement qu'on ne s'y attendait - sur le front du réchauffement climatique (voir étude de J. Moorhead, BSD) risque d'impacter les entreprises plus que les Etats. Ces derniers ont déplacé la négociation onusienne sur le terrain des contreparties financières (les fameux 100 milliards du fonds vert demandé) au point que la Conférence de Paris risque de porter moins sur les mesures de réduction des émissions que sur les transferts nord sud. Or, les sociétés civiles commencent à souffrir des pollutions et réclament des mesures, que les villes tenteront d'imposer ponctuellement (en Chine par exemple). Le maillon faible de la négociation s'appelle donc les entreprises, rangées en 3 catégories : celles qui sont indispensables (énergie, transport, construction) et qu'on pressera un peu mais pas trop, alors que ce sont des grands émetteurs ; celles qui sont moyennement émettrices et qui ont des marges de manœuvre, qu'on visera en priorité et enfin les petites, aux effets diffus importants et si utiles au tissu local qu'elles seront intouchables.
Bref, le grand soir climatique n'est pas arrivé, d'autant que la dépression des prix du brut ouvre une période d'euphorie énergétique bien dangereuse. Si le monde avait voulu affronter le problème du réchauffement, il fallait donner un prix plancher au baril et utiliser la différence pour financer les transitions. Mais la géopolitique (et la fiscalité) en veut autrement. Conscients de ce contexte, les investisseurs apprennent à regarder un peu plus à moyen terme, à en juger par le succès du rating CDP qui s'est hissé en peu d'années au premier rang des outils de notation utilisés. Ceci n'est pas dû qu'à son dynamisme propre mais reflète la nécessité pour les investisseurs de bénéficier d'un indicateur du risque climat, comparable et universel, une sorte d'EBITDA pour dire si l'entreprise augmente ou baisse sa production de CO2 au regard de sa croissance et si elle peut être pénalisée dans l'avenir, du fait de la maîtrise ou non de sa politique énergétique. La fonction développement durable pourrait gagner, du reste, s'occuper de cela au plan corporate !
Le rating carbone a été jusqu'ici une indication physique un peu approximative pour renvoyer sur le management la mesure de sa conscience citoyenne ; c'est de plus en plus un signal pour savoir ce qui peut survenir face aux hypothèses d'une régulation plus drastique qu'on ne peut tout à fait écarter , en 2025, 2030 quand les taux de « ppm » dans l'air des mégalopoles les rendront irrespirables (nous tutoyons le seuil critique des 450) ! Ce sera bientôt une partie du tableau de bord financier, pour les entreprises qui s'aventurent dans la monétisation de leur carbone évité pour parler euros et non plus tonnes, en attendant que cela leur confère des avantages (hors les marchés ETS), dans les indices boursiers pour commencer. Mais il ne faut pas s'y tromper : dans dix ans – le temps d'apprentissage nécessaire – il y aura les entreprises qui auront des stratégies pro-climat crédibles – de l'économie circulaire à la compensation volontaire en passant par l'appréciation systématique du contenu carbone de tout investissement – et les autres, qui auront un vrai désavantage de compétitivité qui se lira vite dans leurs comptes.
Le « bon business » de demain reposera inéluctablement sur « la connexion » mais aussi sur « la décarbonation » ; la première intéresse surtout les clients et la seconde surtout les investisseurs, à moins que les deux grilles de décision ne se rejoignent vite. Le reporting extra-financier va revisiter le reporting financier, au travers de l'enjeu carbone qui est conduit à rentrer dans les indicateurs clés de la performance économique comme un risque majeur, en voie de maîtrise ou non. Il faut donc oser l'afficher dès maintenant (cf. outils GHG Protocol) et le faire rentrer dans outils du Board. Parmi les enjeux que l'opinion demande aux entreprises de traiter, la question carbone va s'inscrire aux côtés des chiffres de résultats, plus vite que le enjeux de lutte contre la corruption, de protection des données personnelles, d'intégration locale, qui préoccupent l'opinion de plus en plus (cf.observatoie des enjeux rse des entreprises à paraître), mais qui leur paraissent moins vitaux dans l'avenir prochain. En 2015, année du rendez-vous climat où se jouera la crédibilité des Etats sur la question, les entreprises engagées devraient afficher leur reporting énergie-CO2 (variation des évolutions significatives sur un périmètre large, monétisées), en tête du rapport financier, à égalité avec les indicateurs de résultat. Ce serait le meilleur message qu'elles pourraient envoyer pour dire le sérieux qu'elles accordent à cet enjeu et qu'elles veulent vraiment bâtir demain un monde viable.
Patrick d’Humières
www.institutrse.com
Bref, le grand soir climatique n'est pas arrivé, d'autant que la dépression des prix du brut ouvre une période d'euphorie énergétique bien dangereuse. Si le monde avait voulu affronter le problème du réchauffement, il fallait donner un prix plancher au baril et utiliser la différence pour financer les transitions. Mais la géopolitique (et la fiscalité) en veut autrement. Conscients de ce contexte, les investisseurs apprennent à regarder un peu plus à moyen terme, à en juger par le succès du rating CDP qui s'est hissé en peu d'années au premier rang des outils de notation utilisés. Ceci n'est pas dû qu'à son dynamisme propre mais reflète la nécessité pour les investisseurs de bénéficier d'un indicateur du risque climat, comparable et universel, une sorte d'EBITDA pour dire si l'entreprise augmente ou baisse sa production de CO2 au regard de sa croissance et si elle peut être pénalisée dans l'avenir, du fait de la maîtrise ou non de sa politique énergétique. La fonction développement durable pourrait gagner, du reste, s'occuper de cela au plan corporate !
Le rating carbone a été jusqu'ici une indication physique un peu approximative pour renvoyer sur le management la mesure de sa conscience citoyenne ; c'est de plus en plus un signal pour savoir ce qui peut survenir face aux hypothèses d'une régulation plus drastique qu'on ne peut tout à fait écarter , en 2025, 2030 quand les taux de « ppm » dans l'air des mégalopoles les rendront irrespirables (nous tutoyons le seuil critique des 450) ! Ce sera bientôt une partie du tableau de bord financier, pour les entreprises qui s'aventurent dans la monétisation de leur carbone évité pour parler euros et non plus tonnes, en attendant que cela leur confère des avantages (hors les marchés ETS), dans les indices boursiers pour commencer. Mais il ne faut pas s'y tromper : dans dix ans – le temps d'apprentissage nécessaire – il y aura les entreprises qui auront des stratégies pro-climat crédibles – de l'économie circulaire à la compensation volontaire en passant par l'appréciation systématique du contenu carbone de tout investissement – et les autres, qui auront un vrai désavantage de compétitivité qui se lira vite dans leurs comptes.
Le « bon business » de demain reposera inéluctablement sur « la connexion » mais aussi sur « la décarbonation » ; la première intéresse surtout les clients et la seconde surtout les investisseurs, à moins que les deux grilles de décision ne se rejoignent vite. Le reporting extra-financier va revisiter le reporting financier, au travers de l'enjeu carbone qui est conduit à rentrer dans les indicateurs clés de la performance économique comme un risque majeur, en voie de maîtrise ou non. Il faut donc oser l'afficher dès maintenant (cf. outils GHG Protocol) et le faire rentrer dans outils du Board. Parmi les enjeux que l'opinion demande aux entreprises de traiter, la question carbone va s'inscrire aux côtés des chiffres de résultats, plus vite que le enjeux de lutte contre la corruption, de protection des données personnelles, d'intégration locale, qui préoccupent l'opinion de plus en plus (cf.observatoie des enjeux rse des entreprises à paraître), mais qui leur paraissent moins vitaux dans l'avenir prochain. En 2015, année du rendez-vous climat où se jouera la crédibilité des Etats sur la question, les entreprises engagées devraient afficher leur reporting énergie-CO2 (variation des évolutions significatives sur un périmètre large, monétisées), en tête du rapport financier, à égalité avec les indicateurs de résultat. Ce serait le meilleur message qu'elles pourraient envoyer pour dire le sérieux qu'elles accordent à cet enjeu et qu'elles veulent vraiment bâtir demain un monde viable.
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